La guerre fait toujours rage entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza où la situation humanitaire est catastrophique. Les incursions de l'armée israélienne se multiplient en Cisjordanie. Au cœur de ce chaos, les chrétiens palestiniens, minoritaires en Terre sainte, tentent de vivre la Semaine sainte. Entre ferveur spirituelle et souffrance quotidienne, comment gardent ils espoir dans une terre déchirée par la violence ?
Les chrétiens vivant en Palestine et en Israël sont environ 175 000. Ils forment 8 % des Palestiniens de Cisjordanie et 0,7 % de ceux installés dans la bande de Gaza. Alors que le jour du dimanche des Rameaux, la Russie frappait la ville de Soumy en Ukraine, au même moment, l’armée israélienne bombardait l’hôpital anglican Al-Ahli Arab de Gaza.
Via l’Action chrétienne en Orient, l’Église protestante unie de France avaient lancé un appel d’urgence en mars dernier pour cet établissement. "Cet hôpital, financièrement, nous l'avons porté. Nous avons fait l'an dernier un appel financier assez important. Et tout ça a été détruit", déplore la Pasteure Emmanuelle Seyboldt, présidente du conseil de l’Église protestante unie de France.
L’hôpital se révèle désormais inopérationnel alors qu’il était un des seuls encore en fonction. L'aide humanitaire à Gaza est "menacée d'un effondrement total", ont alerté jeudi 17 avril 12 ONG, dont Médecins du monde, dans un communiqué commun. Israël impose un blocus sur l'entrée de cette aide depuis le 2 mars. Les ONG exhortent le gouvernement israélien de la laisser entrer dans le territoire.
"Depuis le 7-Octobre, la situation est aussi grave et inquiétante en Cisjordanie, souligne Emmanuel Seyboldt. Les Palestiniens sont déplacés, chassés de leur maison, aussi en Cisjordanie. Les chrétiens de Jérusalem et de Cisjordanie nous interpellent pour qu'on relaie leur désespoir et leurs appels à la paix."
Lorsque les pays vont mal, ce sont généralement les minorités qui souffrent le plus
Omar Hamary est le directeur du centre œcuménique Sabeel installé à Nazareth et Jérusalem, il confirme une nette dégradation sur place. "Depuis le 7-Octobre, la situation s'est considérablement aggravée, également pour les chrétiens palestiniens. Les chrétiens palestiniens sont une minorité, et lorsque les pays vont mal, ce sont généralement les minorités qui souffrent le plus. Certains ont immigré en quête d'un endroit meilleur et plus sûr pour leurs enfants. D'autres, obstinés, cherchent encore comment rester sur la Terre de Jésus".
Depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël, près de 900 Palestiniens de Cisjordanie sont décédés lors d'attaques ou d’intervention de l’armée israélienne. Durant ce Vendredi saint, jour de la Passion du Christ, comment les Chrétiens de Terre sainte vivent ce moment ?
Au même titre que les Ukrainiens, les Palestiniens vivent cette Semaine sainte avec un mimétisme troublant. "Nous nous souvenons de la Passion de Jésus, nous marchons sur ses traces. Nous essayons aussi de puiser de la force, de l'énergie, car nous traversons aussi nos propres épreuves en les reliant à celles de Jésus. Il faut nous rappeler qu'à la fin, Dieu est vainqueur et que le tombeau est vide", explique Omar Hamary.
Nous sonnons toujours nos cloches à Pâques. Nous chantons toujours Alléluia. Nous allumons toujours nos bougies
Pour lui, les chrétiens de Palestine ont plus que jamais un besoin de foi : "Nous avons de l'espoir et l'Église est toujours là. Nous sonnons toujours nos cloches à Pâques. Nous chantons toujours Alléluia. Nous allumons toujours nos bougies. Si vous voulez venir visiter Jérusalem pendant la Semaine sainte, vous entendrez les cloches sonner".
Mais pour le moment, les négociations entre le Hamas et Israël sont au point mort et les opérations militaires se poursuivent dans la Bande de Gaza, comme en Cisjordanie.
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