« Cette génération devra rendre compte du sang de tous les prophètes depuis le sang d’Abel jusqu’au sang de Zacharie » (Lc 11, 47-54)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, Jésus disait :
   « Quel malheur pour vous,
parce que vous bâtissez les tombeaux des prophètes,
alors que vos pères les ont tués.
   Ainsi vous témoignez
que vous approuvez les actes de vos pères,
puisque eux-mêmes ont tué les prophètes,
et vous, vous bâtissez leurs tombeaux.
   C’est pourquoi la Sagesse de Dieu elle-même a dit :
Je leur enverrai des prophètes et des apôtres ;
parmi eux, ils en tueront et en persécuteront.
   Ainsi cette génération devra rendre compte
du sang de tous les prophètes
qui a été versé depuis la fondation du monde,
   depuis le sang d’Abel jusqu’au sang de Zacharie,
qui a péri entre l’autel et le sanctuaire.
Oui, je vous le déclare :
on en demandera compte à cette génération.
   Quel malheur pour vous, docteurs de la Loi,
parce que vous avez enlevé la clé de la connaissance ;
vous-mêmes n’êtes pas entrés,
et ceux qui voulaient entrer,
vous les en avez empêchés. »
   Quand Jésus fut sorti de la maison,
les scribes et les pharisiens
commencèrent à s’acharner contre lui
et à le harceler de questions ;
   ils lui tendaient des pièges pour traquer
la moindre de ses paroles.

source ALEF

Méditation du Père Michel Quesnel

Le meurtre d’Abel par Caïn, au livre de la Genèse, est bien connu. Celui de Zacharie, un autre Zacharie que celui qui a écrit dans le recueil des Douze prophètes, est beaucoup moins présent dans les mémoires. Il est rapporté au chapitre 24 du deuxième livre des Chroniques, le dernier livre de la Bible juive en hébreu. Zacharie avait déclaré au peuple : « Puisque vous avez abandonné le Seigneur, le Seigneur vous abandonne. » Le texte continue : « Ils s’ameutèrent contre lui et, par commandement du roi, le lapidèrent sur le parvis de la maison du Seigneur » (2 Ch 24,20-21).

Ainsi, d’un bout à l’autre de l’Ecriture juive, des justes ont été périodiquement assassinés par des rebelles à la loi du Seigneur. Jésus sait cela. Il le rappelle aux pharisiens et aux docteurs de la Loi. Ces derniers estimaient cependant avoir fait leur devoir en bâtissant des tombeaux pour les prophètes. La tombe de Zacharie est encore visible dans la vallée du Cédron, au pied de la colline du Temple. 

Mais pour Jésus, bâtir la tombe d’une personne que l’on a tué, c’est la tuer une seconde fois. C’est parfaire l’œuvre des assassins.

Une dernière apostrophe, adressée, cette fois, aux docteurs de la Loi, leur reproche d’avoir enlevé la clé de la connaissance, autrement dit d’avoir monopolisé l’interprétation des Ecritures, alors qu’elles sont un cadeau que Dieu a fait au peuple des croyants pour qu’ils les lisent en toute liberté. 

Meurtre et prise de monopole, tel est le péché des notables juifs que Jésus accuse et qui veulent se venger. Garde-nous, Seigneur, de ces péchés.