"C’est en raison de la dureté de votre cœur que Moïse..." (Mt 19, 3-12)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
    des pharisiens s’approchèrent de Jésus pour le mettre à l’épreuve ;
ils lui demandèrent :
« Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme
pour n’importe quel motif ? »
    Il répondit :
« N’avez-vous pas lu ceci ?
Dès le commencement, le Créateur les fit homme et femme ?
    et dit :
“À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère,
il s’attachera à sa femme,
et tous deux deviendront une seule chair.”
    Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair.
Donc, ce que Dieu a uni,
que l’homme ne le sépare pas ! »
    Les pharisiens lui répliquent :
« Pourquoi donc Moïse a-t-il prescrit
la remise d’un acte de divorce avant la répudiation ? »
    Jésus leur répond :
« C’est en raison de la dureté de votre cœur
que Moïse vous a permis de renvoyer vos femmes.
Mais au commencement, il n’en était pas ainsi.
    Or je vous le dis :
si quelqu’un renvoie sa femme
– sauf en cas d’union illégitime –
et qu’il en épouse une autre,
il est adultère. »
    Ses disciples lui disent :
« Si telle est la situation de l’homme
par rapport à sa femme,
mieux vaut ne pas se marier. »
    Il leur répondit :
« Tous ne comprennent pas cette parole,
mais seulement ceux à qui cela est donné.
    Il y a des gens qui ne se marient pas
car, de naissance, ils en sont incapables ;
il y en a qui ne peuvent pas se marier
car ils ont été mutilés par les hommes ;
il y en a qui ont choisi de ne pas se marier
à cause du royaume des Cieux.
Celui qui peut comprendre, qu’il comprenne ! »

Source : AELF

Méditation Mgr Emmanuel Gobilliard

Dans cet évangile, Jésus fait réfléchir les pharisiens à propos du mariage. Sans revenir sur la querelle elle-même, je voudrais souligner quelque chose qui me semble très important et qui constitue une dimension essentielle du pontificat du pape François, dimension qu’on retrouve dans Amoris Laetitia, l’encyclique sur l’amour et le mariage, mais qu’on retrouve aussi dans beaucoup d’autres textes, dans presque tous en fait : c’est la dimension de l’accompagnement pastoral.

Dans cette discussion, Jésus redit le plan de Dieu sur l’homme et la femme dans son intention créatrice. Dieu, et le livre de la Genèse nous le rappelle, voulait que l’homme et la femme puissent participer à l’amour même de Dieu, en vivre pleinement, dans la liberté, dans la confiance. Le péché, ayant contrarié cette intention, le Seigneur s’est adapté, à travers la loi et les prophètes, pour que, malgré les désordres engendrés par le péché, malgré notre tendance à nous replier sur nous, malgré notre égoïsme et notre désir de tout ramener à nous, nous puissions encore croire en l’amour, nous puissions encore aimer. C’est pour cela que la règle a évolué. En fait c’est Dieu qui, d’une certaine manière s’est adapté, pour que nous puissions garder le contact avec lui et bénéficier de sa grâce. C’est cela qui m’émerveille ! C’est cette action de grâce que je voudrais partager avec vous. Oui merci, Seigneur, parce que tu ne te détournes jamais, tu nous poursuis de ton amour, parce qu’avec toi il y a toujours une solution. Il arrive que nous considérions qu’il n’y a plus d’espoir, que tout est foutu ! Mais pour Dieu, tout est toujours possible.

Le Seigneur, comme il le fait pour chacun d’entre nous, nous invite à faire comme lui, à accompagner les personnes en les rejoignant là où elles sont, en ne cessant de leur proposer le bonheur, c’est-à-dire la sainteté. Oui, personne n’est suffisamment éloigné de Dieu, pour qu’il ne continue pas à aimer, à accompagner, à guérir, à soulager, à relever, à ressusciter, à pardonner. Dieu ne se lasse jamais ! De notre côté, ne désespérons pas de Dieu et ne calquons pas trop nos obstacles sur lui, ne nous prenons pas pour Dieu en empêchant les autres de le rejoindre ou en les enfermant dans une situation, quelle qu’elle soit. Notre Dieu est miséricorde. Même celui qui se sent loin de Dieu, qui pense que Dieu ne s’intéresse plus à lui, ou qu’il en est indigne, est encore et toujours rejoint par son amour.