"Celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile..." (Mc 8, 34 - 9, 1)
"Celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera"
Méditation de l'évangile (Mc 8, 34 – 9, 1) par le pèr Emmanuel PIC
Chant final: "Si quelqu'un veut marcher à ma suite" par le Choeur Cantemus Domino
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là,
appelant la foule avec ses disciples, Jésus leur dit :
« Si quelqu’un veut marcher à ma suite,
qu’il renonce à lui-même,
qu’il prenne sa croix
et qu’il me suive.
Car celui qui veut sauver sa vie
la perdra ;
mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile
la sauvera.
Quel avantage, en effet, un homme a-t-il
à gagner le monde entier
si c’est au prix de sa vie ?
Que pourrait-il donner en échange de sa vie ?
Celui qui a honte de moi et de mes paroles
dans cette génération adultère et pécheresse,
le Fils de l’homme aussi aura honte de lui,
quand il viendra dans la gloire de son Père
avec les saints anges. »
Et il leur disait :
« Amen, je vous le dis :
parmi ceux qui sont ici,
certains ne connaîtront pas la mort
avant d’avoir vu le règne de Dieu
venu avec puissance. »
Source : AELF
Méditation Père Emmanuel Pic
Ces paroles de Jésus sont des paroles dures. Elles ont parfois été comprises comme un encouragement à rechercher la difficulté, quand ce n’est pas la douleur ou le malheur : Jésus n’a-t-il pas dit ailleurs « Heureux ceux qui pleurent » ?
Comprise de cette manière, l’invitation à porter sa croix, à renoncer à soi-même, a été pour certains un véritable repoussoir : comment aimer un Dieu qui nous pousse à souffrir ? On veut bien à la rigueur entendre parler d’héroïsme, mais n’y a-t-il pas là plutôt quelque chose qui est de l’ordre de la pulsion de mort ?
Renoncer à soi, porter sa croix, est-ce vraiment de l’héroïsme ? N’est-ce pas plutôt le lot de celles et ceux qui ont choisi de donner leur vie en aimant ? c’est en tout cas ce que l’on découvre dans l’ordinaire de la vie : une vie donnée, ce n’est pas nécessairement une vie hors du commun, mais c’est presque toujours une vie où l’amour tient sa place. Au premier rang de ces vies : la vie de famille, car c’est là que l’on expérimente vraiment ce que signifie « donner de soi. » La famille est le lieu des plus grands bonheurs, mais aussi celui des plus grandes peines – ce que Jésus appelle, précisément, « porter sa croix. »
La vie réussie, nous dit ici Jésus, n’est pas une vie tournée sur soi-même et sur la recherche égoïste du profit : c’est une vie donnée aux autres dans l’amour.
La vie réussie n’est pas une vie qui refuse de prendre en compte les difficultés et les peines de la vie : c’est une vie dont toutes les dimensions sont prises au sérieux et porteuses de sens, y compris celles qui font mal.
Pour renoncer à soi-même, pour porter sa croix, inutile donc de rechercher la difficulté, voire la souffrance. Il suffit de vivre la vie la plus ordinaire, avec son lot ordinaire d’amour et de peines.
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