« Celui d’entre-vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à jeter une pierre » (Jn 8, 1-11)
Méditation par le Père Nicolas de Boccard
Chant Final : "Moi non plus je ne te condamne pas" de Michel Wackenheim
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là,
Jésus s’en alla au mont des Oliviers.
Dès l’aurore, il retourna au Temple.
Comme tout le peuple venait à lui,
il s’assit et se mit à enseigner.
Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme
qu’on avait surprise en situation d’adultère.
Ils la mettent au milieu,
et disent à Jésus :
« Maître, cette femme
a été surprise en flagrant délit d’adultère.
Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné
de lapider ces femmes-là.
Et toi, que dis-tu ? »
Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve,
afin de pouvoir l’accuser.
Mais Jésus s’était baissé
et, du doigt, il écrivait sur la terre.
Comme on persistait à l’interroger,
il se redressa et leur dit :
« Celui d’entre vous qui est sans péché,
qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. »
Il se baissa de nouveau
et il écrivait sur la terre.
Eux, après avoir entendu cela,
s’en allaient un par un,
en commençant par les plus âgés.
Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu.
Il se redressa et lui demanda :
« Femme, où sont-ils donc ?
Personne ne t’a condamnée ? »
Elle répondit :
« Personne, Seigneur. »
Et Jésus lui dit :
« Moi non plus, je ne te condamne pas.
Va, et désormais ne pèche plus. »
Source : AELF
Méditation Père Nicolas de Boccard
Dans cet évangile, nous sommes dans une tragédie. Un face à face entre deux personnes piégées : une femme adultère et le Christ. Cette femme doit être condamnée et Jésus ne pourra pas faire autre chose que de la condamner. S’il ne le fait pas, il est parjure à La Loi ; mais s’il la condamne, qu’en est-il de sa miséricorde !
Jésus ne rentre pas dans la controverse : physiquement il s’assoie, c’est-à-dire qu’il se met à la hauteur de cette femme. Deuxième chose surprenante : il écrit, mais sur du sable, quel dommage ! Le seul écrit connu de Jésus !
Enfin, loin de tomber dans le piège des pharisiens, il esquive la réponse et c’est à eux que Jésus pose la question : « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre » ; on connait leur réponse : « Ils se retirèrent en commençant par les plus vieux ! ». Jésus évite le piège : il ne nie pas la faute : cette femme a péché ; mais il l’invite à en prendre conscience puis à aller de l’avant et à sortir du péché : « Va désormais ne pèche plus !».
On oppose souvent la justice et la miséricorde, c’est le piège dans lequel on voulait enfermer Jésus. Et Jésus sort de ce piège en montrant que les deux ne s’opposent pas : au contraire, la miséricorde a besoin de la justice. On ne peut vivre du pardon et de la miséricorde que si on reconnait sa faute, que si on prend conscience de nos insuffisances. Le pardon de nos fautes n’est pas possible sans l’aveu de nos fautes. Mais il ne faut pas rester à la seule justice, il faut la dépasser dans une attitude dynamique qui nous oriente vers un avenir et nous donne l’espérance.
Saint Augustin, en commentant ce passage insiste sur le regard entre Jésus et la femme adultère : « Toutes deux sont restées : la misère et la miséricorde ». Pour cette femme, le Verbe va là encore accomplir sa mission, dire la parole de Réconciliation. Ce n’est pas du laxisme : Jésus dit bien « Ne pèche plus », tout n’est pas permis, le péché reste reconnu et condamné… mais seul le pardon peut permettre au pécheur de se relever et d’aller plus loin.
On prête à Dom Helder Camara, évêque brésilien, les propos suivants : « Quand je dis : ma mission c’est d’aider les pauvres, on dit que je suis un saint ; quand je dénonce les injustices qui créent la pauvreté, on dit que je suis un communiste ». Et pourtant, ce sont bien les deux faces d’une même pièce, qui se coordonnent et s’articulent entre elle pour que le vrai visage de Dieu soit manifesté. La miséricorde sans justice est un emplâtre sur un membre non guéri qui entraine la gangrène ; la justice sans miséricorde est imbuvable. Il n’y a que l’élan de la miséricorde qui permette à la justice d’être pleinement respectée et accomplie.
Chaque matin, l'Évangile du jour commenté par un prêtre ou un pasteur. Ce temps de prière invite à prendre le temps de la méditation et s'achève par la proclamation du Notre Père.
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