« Ce que tu auras accumulé, qui l’aura ? » (Lc 12, 13-21)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
    du milieu de la foule, quelqu’un demanda à Jésus :
« Maître, dis à mon frère
de partager avec moi notre héritage. »
    Jésus lui répondit :
« Homme, qui donc m’a établi
pour être votre juge ou l’arbitre de vos partages ? »
    Puis, s’adressant à tous :
« Gardez-vous bien de toute avidité,
car la vie de quelqu’un,
même dans l’abondance,
ne dépend pas de ce qu’il possède. »
    Et il leur dit cette parabole :
« Il y avait un homme riche,
dont le domaine avait bien rapporté.
    Il se demandait :
“Que vais-je faire ?
Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte.”
    Puis il se dit :
“Voici ce que je vais faire :
je vais démolir mes greniers,
j’en construirai de plus grands
et j’y mettrai tout mon blé et tous mes biens.
    Alors je me dirai à moi-même :
Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition,
pour de nombreuses années.
Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.”
    Mais Dieu lui dit :
“Tu es fou :
cette nuit même, on va te redemander ta vie.
Et ce que tu auras accumulé,
qui l’aura ?”
    Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même,
au lieu d’être riche en vue de Dieu. »

Source : AELF

Méditation Pasteur Nicole Fabre 

« Qui m’a établi pour être votre juge ou l’arbitre de vos partages ? » A qui nous adressons-nous quand nous regardons vers Jésus ? Que lui demandons-nous ? La parabole proposée par Jésus évoque beaucoup le livre de l’Ecclésiaste. Ce livre parle de la chimère, l’inanité de toutes les richesses de tous ordres que nous pouvons accumuler face à la mort qui nous attend tous. Ce sont autant de ballons de baudruche derrière lesquels nous courrons et qui s’avèrent être emplis de vide ! 

Face à ce constat, l’Ecclésiaste donne à entendre un refrain qui revient de plus en plus fort : « mange, bois, réjouis-toi !». Mais c’est un appel pour aujourd’hui, et non pas pour demain comme dans la parabole ! Rappelons-nous que dans la culture moyen-orientale, le repas est essentiellement le lieu et le temps de la communion, du partage et de l’amitié. Cultiver le partage, le don d’une amitié vraie, et ce, chaque jour, c’est là le secret que donne à entendre ce livre. 

N’est-ce pas ce que l’eucharistie ou la Sainte Cène nous offre, au cœur même de notre foi ? Ce repas autour d’un amour fou, qui se donne, se livre entre nos mains. Alors, ne nous trompons pas de folie. Ne demandons pas à Jésus de faire valoir nos droits, de quelque ordre qu’ils soient : ce que nous pouvons lui demander, c’est sa présence, le bouleversement qu’opère en nous son amour. Lui demander aussi d’entrer de tout notre être dans le partage de ce qui nous fait vivre avec tous ceux et celles que nous rencontrerons aujourd’hui.