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Bible : pourquoi Dieu a-t-il créé les animaux ?

Bible : pourquoi Dieu a-t-il créé les animaux ?

Un article rédigé par Madeleine Vatel, avec OR - RCF, le 22 septembre 2025 - Modifié le 27 septembre 2025
La Bible nous parleMois de la Création : pourquoi des animaux sur la terre ?

Dans la Bible, l’Homme est créé par Dieu le sixième jour, comme les animaux terrestres. Que comprendre de la relation entre l'humain et l'animal décrite dans la Genèse ? Pourquoi Dieu a-t-il créé la faune ? Le Temps pour la Création est l'occasion de relire les Écritures saintes - et de se prémunir de toute interprétation littérale.

Dans la Bible, les animaux sont, comme l’humain, modelés à partir de la poussière du sol, la "adama" ©FreepikDans la Bible, les animaux sont, comme l’humain, modelés à partir de la poussière du sol, la "adama" ©Freepik

Ce qu'il faut retenir :

  • Que dit la Bible de la relation entre Homme et animal ?
  • Quel est le projet de Dieu pour les animaux selon la Bible ?
  • Comment éviter l'interprétation littérale des Écritures saintes ?

Aux États-Unis, les thèses créationnistes continuent de séduire dans certains milieux religieux ultra-conservateurs. Ils s’appuient sur une lecture littérale de la Bible et en particulier des récits de création, que l’on trouve dans la Genèse. Et si le Temps pour la Création, du 1er septembre au 4 octobre 2025, était une occasion de les relire et de se prémunir de toute interprétation littérale des Écritures ?

Les deux récits de création de la Genèse, ses chapitres un et deux, "n’ont pas été écrits à la même époque et ne racontent pas la même chose", nous dit Catherine Vialle, théologienne, responsable pédagogique des diplômes universitaires en études bibliques et en études animales à l’Université catholique de Lille. Par ailleurs, ils sont si "anthropomorphiques" - "on peint Dieu sous les traits d’un être humain qui fait des essais et des erreurs, etc." - qu’il vaut mieux les lires "comme une parabole". Ainsi donc, quels messages les auteurs de la Genèse font-ils passer sur le rapport de l’Homme à l’animal ? Pourquoi ont-ils placé la création des êtres humains le même jour que celle des animaux terrestres ?

L’être humain créé le même jour que les animaux terrestres

Le premier récit de création, le chapitre 1 de la Genèse, raconte comment Dieu a créé la terre par la parole, à partir d’éléments informes, durant les trois premiers jours. Et comment il l’a peuplée avec des créatures vivantes. Cela se fait par étapes : au cinquième jour, il crée les animaux marins et célestes ainsi que les grands monstres marins.

L’Homme est créé le sixième jour, comme les animaux terrestres. Pour la théologienne, "ça dit la parenté entre l’être humain et les animaux terrestres. Et en même temps, il se différencie des animaux parce qu’il est créé à l’image de Dieu." Pour Catherine Vialle, l’Homme est "supposé refléter quelque chose de ce Dieu qui crée par sa parole une création harmonieuse et pacifique". 

De fait, il est souvent répété : "Et Dieu vit que cela était bon." Mais comment l’œuvre de Dieu pourrait-elle ne pas être bonne ? Si l’on se réfère aux récits de création dans les autres traditions religieuses, "bien souvent la création est à la fois bonne et mauvaise dès le début, précise Catherine Vialle. Il y a une ambivalence dans la plupart des cosmogonies."

C’est donc une spécificité de la Bible de dire que d’emblée, la création est bonne. C’est-à-dire "qu’elle correspond au projet de Dieu, qu’elle a été voulue par Dieu, telle qu’elle est finalement, en elle-même", estime la théologienne. D’ailleurs, la version originale du texte, en hébreu, est "un véritable poème très harmonieux, très bien construit", rappelle Catherine Vialle. Où "la forme dit quelque chose du fond" comme pour faire écho à la beauté de la création.

 

La "très grande responsabilité" de l’Homme sur la création

L’abondance de la création frappe le lecteur de la Genèse. Il est souvent question d’une "profusion d’êtres vivants". Les plantes sont toutes créées avec leur "semence" et leur "noyau". "Toutes les plantes portent leurs graines, ce qui va leur permettre de se reproduire, parce que Dieu crée une création qui est vouée à continuer sans lui, qui ne dépend pas de lui, une création autonome." Dieu crée donc une fois pour toutes, puis il cesse de créer – et non de travailler comme on le dit souvent, de là découlent les interdits du shabbat dans la religion juive.

Une création harmonieuse et abondante, dont l’Homme est le maître ? Le verset 28 a longtemps été mal interprété : "Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont et viennent sur la terre." (Gn 1, 28) Cela a été pris comme "une carte blanche pour pouvoir faire n’importe quoi avec la création", admet la théologienne. "Je pense qu’il faut surtout le comprendre comme une responsabilité que l’être humain reçoit sur la création." D’ailleurs, dans la suite des récits bibliques "on voit que l’être humain reçoit en réalité une très grande responsabilité sur la création. Parce qu’il est créé à l’image de Dieu, il est d’autant plus responsable de la création et de ce qui s’y passe."

 

 Le projet de base, c’était que les animaux soient les vis-à-vis des êtres humains

 

Les animaux, créés pour être des vis-à-vis de l’Homme

Dans le deuxième récit de création, le chapitre 2 de la Genèse, Dieu se rend compte que quelque chose ne va pas. Il est intéressant de noter combien l’hébreu est très direct, voire lapidaire : plusieurs fois dans le premier chapitre on trouve tov, pour dire, "bon". Cette fois, on trouve lo tov, "pas bon". "Il n’est pas bon que l’homme soit seul, traduit-on en français. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra." (Gn 2, 18) 

Le mot hébreu pour dire "aide" ou "secours" est aussi celui employé pour dire Dieu lui-même, précise la théologienne. "C’est très fort, important, et même quelque chose d’essentiel." Dieu crée des animaux pour qu'ils soient des vis-à-vis de l’être humain. "Cela dit une grande proximité quand même des animaux avec les êtres humains au départ, puisque le projet de base, c’était que les animaux soient les vis-à-vis des êtres humains." 

Et les animaux sont, comme l’humain, modelés à partir de la poussière du sol, la adama. Toutefois, il n’est pas dit qu’ils reçoivent l’haleine de vie de Dieu. "Ils ont aussi un souffle de vie mais pas avec la même proximité que les êtres humains", note Catherine Vialle.

Le récit de la chute : une histoire d’animaux et de nourriture

Malgré la création des animaux, l’adam – que l’on traduit en grec par anthropos, c'est-à-dire l’être humain au sens générique - "ne trouva aucune aide qui lui corresponde" (Gn 2, 20), dit la Genèse. Et c’est après cela que Dieu endort l’être humain et qu’il crée la femme. "Le vis-à-vis de l’être humain et un autre être humain : Que deviennent donc les animaux ?" questionne Catherine Vialle.

"Sous des abords très, très naïfs, ces récits nous disent quelque chose d’important : dans le rapport au monde animal et à la nourriture, c’est là que se joue pour l’humain le choix d’une vie avec ou sans Dieu." La théologienne précise que "ce n’est pas par hasard que le récit dit de la chute se passe autour d’une histoire de nourriture et d’un lien avec un animal. Là on pose des choses essentielles dans le lien entre l’humain entre l’humain, Dieu, la création, les animaux."

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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