"Aider les jeunes à se connecter au réel"
Chaque année, le 10 septembre nous rappelle avec effroi cette réalité du suicide à travers une journée nationale de prévention. L'occasion en ce début d'année de nous pencher sur la santé mentale des jeunes que l'Eglise accompagne dans ses mouvements de jeunesses ou ses temps forts spirituels. Nous en parlons avec Stéphanie Hermay, responsable de la Pastorale des jeunes pour le diocèse de Bayeux-Lisieux, le père François-Xavier Henri, prêtre accompagnateur de la Pastorale des jeune du diocèse de Rouen, et Louis Vincent, 21 ans étudiant en journalisme.
©FreepikPère François-Xavier Henri, vous avez accompagné les jeunes au jubilé l'été dernier, du 28 juillet au 3 août. Un beau moment, mais une prise de conscience pour vous aussi..
Père François-Xavier Henri : oui, nous avons vécu une très belle semaine avec les jeunes, mais en discutant avec d’autres accompagnateurs de groupe, j’ai vraiment pris conscience de la fragilité de certains d'entre eux ! Durant ce séjour, il y a eu plusieurs hospitalisations en service psychiatrique, ou bien des jeunes qui, avec la charge émotionnelle liée à un événement de cette ampleur, ont dû rentrer chez eux… La fragilité de ces jeunes m’est apparue au grand jour !
Stéphanie Hermay, vous constatez vous aussi cette forme d’anxiété chez les jeunes du diocèse de Bayeux-Lisieux. Comment la prenez-vous en charge ?
Stéphanie Hermay : nous dispensons des formations à nos animateurs sur ces problématiques de mal-être chez les jeunes. Et puis, dans les séjours que nous proposons, nous avons quelques personnes dédiées à l’écoute, formées à cela. Parce que c’est vrai : ces moments de silence, d’intériorité que l’on propose à ces jeunes peuvent faire émerger certaines réactions chez nos jeunes.
Les réseaux sociaux sont à l'origine de nombreux cas de harcèlement, on le sait. Passez-vous des consignes claires aux jeunes pour limiter l’accès des écrans lors des camps ?
Père F.X H : oui, on limite l’usage du téléphone, et parfois même on l’interdit quand il s'agit de mineurs. Ces parenthèses de séjours entre jeunes sont l’occasion pour eux de s’ancrer un peu plus dans le réel, dans le concret. Les réseaux sociaux viennent nous stimuler sur le plan des émotions. Nous les invitons au contraire à prendre un peu de recul, à entrer en eux-mêmes et à se rendre présents à leurs activités.
Ces parenthèses de séjours entre jeunes sont l’occasion pour eux de s’ancrer un peu plus dans le réel, dans le concret.
Louis, comment gérez-vous ce temps passé sur les réseaux sociaux ?
Louis Vincent : pas trop mal je pense ! Et lorsque je tombe sur des contenus irrespectueux, mon réflexe est de quitter quasi instantanément l’application.
Est-ce que dans l'Eglise, on n'est pas pris aux pièges aussi de ces algorithmes ?
S.H : sur les réseaux, nous fonctionnons plutôt avec des groupes fermés pour respecter le droit des mineurs. On choisit de mettre en avant des choses positives, en axant notre communication sur le Beau ! Beaucoup de jeunes peinent à trouver du sens dans leur vie, aussi est-il primordial de travailler le Beau et le Positif avec eux ! L’enjeu est de leur fair sentir que si la vie n’est pas facile, elle est belle !
Père F.X H : mais Je dirais aussi qu’avec les réseaux, nous participons à construire l’aura de Jésus, de l’Eglise, même si la rencontre personnelle, elle, appartient à Dieu, et au cœur de chacun…
Louis V : ... Et j’ajouterai que les réseaux peuvent amener du bon aussi ! En témoigne l'événement Zevent du début du mois de septembre qui a levé 16 millions d’Euros au profit de 8 associations qui œuvrent auprès d’enfants malades !
Pour terminer, comment faire grandir la confiance chez ces jeunes ?
P F.X H : en les aidant à repérer ce qu’il y a de beau dans leur vie, pour éveiller leur sens de la gratitude et de l’émerveillement.
S H : ... Et nous appuyant sur les deux derniers saints reconnus par l'Eglise : des figures de jeunes, très inspirantes !


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