À DIEU, FRANÇOIS…
Après 12 ans de pontificat, le pape François est entré dans l’intimité du Dieu qui était au centre de sa vie. Comme beaucoup de ses prédécesseurs, il a été au bout de ses forces pour arpenter les terres de l’Église catholique, rencontrer les communautés, inviter croyantes et croyants à quitter l’entre-soi pour aller là où on ne les attend pas nécessairement.
Le pape FrançoisQue retiendra-t-on de son passage en tant que successeur Pierre ? Déjà les médias alignent des chiffres : plus de 40 voyages hors Italie, quatre synodes, trois encycliques, cinq exhortations apostoliques, 923 canonisations de saints, 943 bienheureux et saints proclamés. Des moments-phares, aussi : son discours musclé sur les 15 maladies de la Curie (qui lui valut sans doute des inimitiés indéfectibles…), le déplacement sur l’île de Lampedusa pour dénoncer le sort des migrants, l’encyclique Laudato sì, la restriction faite à la célébration de la messe en latin, le refus de juger les personnes homosexuelles…
Mais peut-on jamais réduire une personne à ses paroles et actes les plus médiatisés ? Comment expliquer la popularité de Papa Francesco tout au long de ces douze années, capable d’absorber sans trop broncher son point de vue sur les femmes, simple décalque de la position de Jean-Paul II, ou le fait que le bilan des réformes significatives est au final assez maigre ? C’est que le jésuite Jorge Mario Bergoglio a adopté, dès son élection, une posture et une communication qui passait particulièrement bien dans les médias. Le choix de St François pour son nom, sa demande que la foule prie pour lui a touché au cœur et ses prises de positions répétées en faveur des plus pauvres ainsi que son souci pour l’avenir de la planète ont fait de lui le pape d’un 21 siècle aux défis humains et sociétaux colossaux.
Plus qu’un réformateur – même si, sans aucun doute, il en avait le désir -, le pape François a été un pasteur, dont le sourire bienveillant et la bonhomie rappelaient ceux de Jean XXIII, autre figure tutélaire de la papauté. Douze années durant, il a rappelé le coeur du message évangélique, brûlant d’amour et de compassion, et ce n’est pas anodin dans une société de plus en plus marquée par le repli individualiste, la course déshumanisante à l’efficacité et les jeux de pouvoir.
Cela c’est un héritage impérissable. Et elle est réelle et grande, la gratitude des croyantes et des croyants pour ce legs du pape François.
Myriam Tonus
