Ajaccio
LE POINT DE VUE D'ANTOINE-MARIE IZOARD - Qu’est-ce que le pape vient faire en Corse ? Serait-il fâché avec Emmanuel Macron, au point de lui faire l’affront de refuser de venir rouvrir Notre-Dame de Paris tout en se rendant, une semaine plus tard, à Ajaccio ? Le pape, qui a évité jusque-là toute visite d’État dans l’Hexagone tout en effectuant des sauts de puce à Strasbourg puis à Marseille, aime-t-il vraiment la France ? On a tous en tête ces questions, et son « Je n’irai pas à Paris » lancé à des journalistes qui le pressaient de s’expliquer. Il n’en faut pas plus, alors, pour imaginer une brouille avec le chef de l’État et avec la France.
Il y a longtemps déjà que le pape avait indiqué à l’archevêque de Paris, en privé, que ce n’était pas à lui de présider la réouverture de la cathédrale Notre-Dame.
Il n’est pas interdit de croire, en revanche, que le pape ne souhaitait pas dérouler le tapis rouge aux politiques pour l’œuvre de restauration menée tambour battant par Emmanuel Macron. Rome n’ignore pas les tiraillements entre l’Élysée et l’archevêché en vue des cérémonies des 7 et 8 décembre. Acceptant finalement, au nom de la séparation des Églises et de l’État, de ne pas prononcer de grand discours dans la cathédrale ce week-end-là, le Président a pris les devants et changé les règles. Alors qu’aucune image de la cathédrale restaurée ne devait être diffusée avant son inauguration, il a choisi de l’arpenter de long en large, de haut en bas, demain matin. soit une semaine avant l’inauguration officielle et devant moult caméras.
L’homme est têtu, et il répète à l’envi qu’il tient à visiter en priorité des terres que ses prédécesseurs n’ont pas foulées. La Corse figure dans cette liste, malgré ses liens historiques avec le Siège apostolique. Et cette visite surprenante tient aussi à l’amitié que le pape entretient avec Mgr François Bustillo, franciscain basque espagnol nommé évêque d’Ajaccio il y a trois ans puis rapidement élevé à la pourpre cardinalice. Cheville ouvrière de ce nouveau saut de puce pontifical, le cardinal Bustillo invite dans les colonnes de Famille Chrétienne cette semaine à « rendre grâce » plus qu’à nous étendre en vaines polémiques.
Le pape François a préféré l’île de Beauté à l’île de la Cité. Plutôt qu’inaugurer une cathédrale de pierres, si majestueuse soit-elle, il se rend en Corse pour encourager la foi d’un peuple. Plus qu’un camouflet aux autorités françaises, il faut y voir un soutien à la piété populaire très présente sur cette île où, à l’approche de Noël, on ne trouve pas que des sapins et des guirlandes dans les supermarchés, mais aussi des crèches !
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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