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RCF Sciences Po et la politique des sciences par Cyrille Payot
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Sciences Po et la politique des sciences par Cyrille Payot

Un article rédigé par Cyrille Payot - RCF, le 13 mai 2024  -  Modifié le 13 mai 2024
Tribunes chrétiennes Sciences Po et la politique des sciences par Cyrille Payot

TRIBUNE CHRÉTIENNE - Du campus de Sciences Po à l’Eurovision, les manifestations pro-palestiniennes dominent l’actualité et nourrissent la presse quotidienne. Au delà du clivage “pro” ou “anti”, deux événements peuvent nous inspirer, le discours de paix du chanteur Slimane à l’Eurovision et la nomination de Mouna Maroun première femme arabe et chrétienne rectrice de l'Université de Haïfa en Israël.

Manifestation pro-palestine © Kevin Snyman Manifestation pro-palestine © Kevin Snyman

Difficile d’échapper à cette actualité qui continue de nourrir la presse quotidienne et qui ne peut nous laisser indifférents.

Il n’y a pas qu’à Sciences Po d’ailleurs que des manifestations pro-palestiniennes se font entendre : que ce soit en marge de l’arrivée de la flamme olympique à Marseille le 8 Mai dernier, ou au concours de l’Eurovision de la chanson samedi dernier. En Irlande, pour ne citer que cet exemple, plus de 400 artistes avaient exhorté le candidat irlandais à se ranger du « bon côté de l’histoire » en boycottant le concours de chansons en raison de la présence d’Israël. Et fin mars, les candidats de neuf pays ont appelé à un cessez-le-feu durable.

En France, aux Etats-Unis et ailleurs, dans les universités, manifestations, appels au boycott, pétitions : autant de moyens pour dénoncer la politique qualifiée de "sioniste" et "coloniale" menée par l’État d’Israël. Nous connaissons la violence de la riposte de Netanyahou, suite à l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre dernier, une riposte qui tente de réduire la Palestine à néant, ainsi que les espoirs de négociations.

A Sciences Po, il faut sans doute entendre le cri des jeunes étudiants qui cherchent désespérément des leviers pour défendre la cause des Palestiniens dans une détresse croissante, en s’appuyant parfois sur des étudiants juifs qui veulent se distinguer, à juste titre, des sionistes. Ainsi une étudiante juive reconduite à la porte, soupçonnée d’être sioniste, doit justifier sa présence. Drôle de combat tout de même ! 

Mais surtout la revendication encore discutée - jusqu’ici rejetée par l’administration de Sciences Po - consisterait à mettre fin aux partenariats avec des universités israéliennes. On peut penser à l’université hébraïque de Jérusalem qui a fait bâtir des dortoirs étudiants sur le territoire des colonies israéliennes implantées illégalement, action pourtant condamnée par le droit international.
 

Comment sortir de cette impasse ?

Deux événements cette semaine pourraient nous inspirer. d’abord, le chanteur Slimane représentant la France à l’Eurovision a surpris tout le monde lors de la répétition samedi après-midi en remplaçant la fin de sa chanson par un court discours.

Alors que certains artistes avaient prévu des slogans écrits sur eux en faveur de la Palestine, Slimane a fait une pause musicale par ces mots rompant avec le clivage « pour ou contre » : « Quand j’étais enfant, dit-il, je rêvais de musique, je rêvais de devenir chanteur et de chanter la paix. Tous les artistes veulent chanter l’amour et chanter la paix, oui, mais dans l’amour et la paix. Merci beaucoup, merci l’Europe », a-t-il déclaré, faisant notamment référence au slogan de cette édition 2024, « United by Music ».

Slimane a été acclamé par le public présent et les applaudissements ont été nombreux en salle de presse où la répétition était retransmise.
 

Mouna Maroun, première femme arabe et chrétienne rectrice d'une université en Israël

Autre événement dont l'annonce est passée quasiment inaperçue : Mouna Maroun est la première femme arabe et chrétienne qui vient d’être nommée rectrice de l'université de Haïfa. Elle a effectué un post-doctorat en France, première femme arabe en Israël à diriger un département universitaire de neurosciences. Interrogée par le contexte, elle déclarait la semaine dernière : « Les massacres du 7 octobre et la guerre qui a suivi laisseront des blessures profondes et difficiles à guérir, surtout chez les jeunes générations, dont l’esprit se forge pendant cette période cruciale de l’enfance et de l’adolescence. Pourtant, surtout en ces jours difficiles, la compréhension mutuelle et la cohabitation dans la paix et la justice devraient être la seule garantie que ces événements tragiques ne se reproduiront pas. »

Donc paix et justice vont de paire, compréhension mutuelle. Et elle ajoute : « Les protestations mondiales contre les universités israéliennes sont une grave erreur […] ; Nous boycotter, c’est empêcher la promotion des étudiants arabes, des professeurs et des fonctionnaires arabes, cela ne mène à aucun progrès, bien au contraire. » Jérôme Guedj, représentant des enseignants à Sciences Po, déclarait dans le même sens au journal Le Monde : « 60 000 étudiants arabes israéliens ou résidents de Jérusalem-Est fréquentent les universités israéliennes, il faut les soutenir ». Pensons, en effet, que ce sont eux qui demain devront écrire l’avenir et construire la paix.

 

Un jeune chanteur français à l'Eurovision et une présidente d’université Israélienne en neuroscience, se rejoignent : l’amour pour un combat et la justice n’ont de sens que s’ils sont menés avec un allié de taille : la recherche de la Paix. Le Psalmiste rend grâce à Dieu lorsque « L’amour et la fidélité se rencontrent, La justice et la paix s'embrassent » (Psaume 85). La paix n’est pas une grâce à bon marché, elle a besoin d’une parole juste. Mais une justice sans paix serait un échec. Il nous appartient de toujours combiner les deux. A nous de mener le bon combat !
 

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©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Tribunes chrétiennes

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