LA CHRONIQUE DE ELISABETH WALBAUM - Le Salon de l’agriculture a ouvert ses portes ce samedi. Souvent considéré comme la première ferme de France, cet événement annuel fait face à des enjeux majeurs comme la disparition progressive des exploitations. Il ne faut pas simplement assister à ce rassemblement mais avant tout agir ensemble.
Le Salon de l’Agriculture vient d’ouvrir ses portes et on attend comme chaque année plus de 600 000 visiteurs. Première ferme de France ? Je m’interroge : Comment en est-on arrivés à comparer une gigantesque foire expo ou un super comice à une ferme ?
Une ferme est plutôt un lieu assez éloigné de la ville, souvent encore situé en zone blanche (entendez mal desservi par les services publics de manière générale). C'est un lieu où on prend le vivant à bras le corps, avec ses exigences, ses contraintes, ses odeurs, ses coups de mildiou ou ses pestes porcines ou ses grippes aviaires, ses canicules ou ses coups de gels sur les premiers bourgeons. Un lieu où vivent des personnes courageuses qui donnent leur force de travail à la domestication de la nature pour alimenter nos estomacs affamés et toujours plus avides.
Se balader dans les allées pour admirer des animaux, c’est être spectateurs, comme si nous
étions en dehors, ou en surplomb. Pourtant, nous sommes des êtres vivants parmi le monde du
vivant : mammifères fragiles, mortels. Soumis nous aussi aux aléas des saisons et aux
incertitudes du réchauffement climatique.
Alors que fera-t-on ensemble pour la planète ? Rester spectateurs ? Fatalistes et paralysés ?
Basculer dans le désespoir et l’éco anxiété ? Être en colère, tristes, radicalisés ?
On regarde nos agriculteurs se battre pour exister, bloquer les autoroutes, essayer de répondre à cette injonction contradictoire : produire toujours plus mais de manière économe ? C’est presque un oxymore ! Les défis de l’agriculture sont énormes à relever et si j’en retiens un seul : "50% des
exploitations devraient se libérer dans les dix ans qui viennent". Qui pour les reprendre ? Une autre Elisabeth, chargée de mission Développement durable à la Fondation John BOST, membre de la Fédération de l’entraide protestante, nous dit qu’il faut "veiller ensemble, agir ensemble, faire de nos associations des lieux de débat, de formations, d’expérimentations de solutions concrètes, nous tous, habitants d’une même Terre, patients, résidents, professionnels, bénévoles".
Je trouve que nous ne pouvons pas juste, même si ça promet d’être délicieux, assister au
premier concours agricole de la choucroute, du caramel au beurre salé, de la bière sans alcool
et de la confiture de figues sans nous poser plus de questions que ça.
Face à l’immensité de l’océan, à l’infini du ciel, à la hauteur des sommets, envahis du sentiment d’être tout petits, remis à notre place, émerveillés devant la beauté du vivant et saisis par sa complexité, nous pouvons prendre conscience des liens entre vulnérabilités et développement soutenable, et agir, ensemble, pour la planète.
Chaque jour, dans la matinale RCF, la parole est donnée à un membre de l'Église catholique ou de l'Église protestante.
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