Madeleine Vatel | Remaniement : le discernement, clé du pouvoir dans la Bible

Avec cette crise politique, la France n’a toujours pas voté son budget, le palais Bourbon fonctionne au ralenti, les chefs d’entreprises gèlent des décisions. La presse étrangère est sous le choc. Le quotidien conservateur allemand F-A-Z interroge la légitimité d’Emmanuel Macron en parlant d’un « président sans peuple ». 

 « Servir » est un mot qui revient souvent 

Hier soir, Sébastien Lecornu affirmait « qu’une seule chose compte, l’intérêt du pays ». Gérald Darmanin rappelait « qu’un seul impératif guide ses décisions : servir son pays et les Français ». « Servir les Français » ou « servir l’intérêt du pays ». On entend bien ici comment le gouvernement présente sa mission, ce qui la fonde. 

Quel regard la Bible porte sur les hommes de pouvoir ? La difficulté c’est toujours de ne pas plaquer sur la Bible nos références contemporaines, nos types de gouvernance. Mais sur le fond, c’est-à-dire sur ce qui donne un sens au pouvoir, sur ce lien qui unit l’homme qui guide son Peuple et Dieu, oui on peut dire que c’est au cœur de plusieurs récits. Et c’est vrai que dans la Bible, les questions de pouvoir sont extrêmement présentes. On y trouve des réflexions sur ce qui conduit au pouvoir, ce qui le légitime mais aussi ce qui conduit à l’accepter. 

Regarder au cœur

Arrêtons-nous sur le choix du roi David. Vous vous souvenez, David c’est le petit berger qui est avec son troupeau. Et quand Dieu ordonne à Samuel d’aller à Bethleem, et de rendre visite à la famille de Jessé, la première question des Anciens qui interpelle Samuel, c’est pour savoir « Si c’est pour la paix qu’il vient ». Est-ce que c’est vraiment pour la paix  que le nouveau roi sera choisi ? Je vous laisse méditer la question de l’intention qui préside au pouvoir.  

Et puis Samuel avance, aucun des fils de Jessé qui est alors présent ne convient à Dieu. Il va falloir aller chercher celui auquel personne ne pensait. Pourquoi , parce que – je cite le premier livre de Samuel - « Dieu ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. » Le roi choisi, ce sera finalement David, le plus jeune, celui qui est avec son troupeau, c’est un roi confiant, un partenaire d’alliance, un roi pour la paix. Le discernement n’était pas politique mais spirituel. 

La suite est intéressante aussi. Après David, c’est à son fils Salomon de régner.
C’est un récit que l’on trouve dans l’Ancien Testament, et plus précisément dans le premier livre des rois. Le Roi Salomon vient d’être fait roi, il est tout jeune et fait face à un peuple très nombreux. Et voilà ce qu’il demande en s’adressant à Dieu  : « Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal ; sans cela, comment gouverner ton peuple ? » Je trouve intéressant qu’une fois arrivé sur le trône, le roi Salomon demande d’abord un cœur attentif pour discerner le bien et le mal. C’est ce cœur attentif à discerner le bien et le mal, qui lui permettra de gouverner son Peuple. Dieu lui promet un cœur intelligent et sage. C’est dans la relation à Dieu qu’il va chercher à bien gouverner les hommes.