Madeleine Vatel | Louvre : quels trésors sont inestimables ?

Un diadème, un collier ainsi qu’une des boucles d’oreille. Il y a aussi le collier en émeraudes et puis la paire de boucle de d'oreilles de la parure de Marie-Louise. Sans oublier la broche dite "broche reliquaire" de la très pieuse impératrice Eugénie - mais
il n’y avait aucune relique dans cette broche, selon le site du Louvre – le diadème d’Eugénie et son grand nœud de Corsage.

Ce qui restera dans l'histoire : les vies sauvées 

Le communiqué de presse publié par le ministère de la Culture parle d’un cambriolage d’une « valeur patrimoniale inestimable ».
Je m’arrête sur ce terme : pourquoi c’est écrit comme ça, pourquoi le ministère a choisi de qualifier cette perte « d’inestimable » là où justement, on s'attend à une estimation précise de ces bijoux. Leur valeur est considérable, c’est une catastrophe et on comprend bien ici que ce trésor dépasse largement l’unique considération financière.
Un détail a attiré mon attention : la couronne de l’impératrice Eugénie que les malfaiteurs ont laissé derrière eux au moment de leur fuite, elle est abîmée, mais récupérée. Ils ont fuit par la présence des agents. On lit en effet dans ce communiqué que les 5 agents du musée du Louvre présents en salle ont appliqué le protocole : prise de contact avec les forces de l’ordre et protection prioritaire des personnes. Et pour moi, l’inestimable est peut-être aussi là, dans la vie protégée de ceux qui se sont trouvés sur le chemin de ces voyous. Des visiteurs, des familles, des curieux, des touristes. Ils ont eu la vie sauve. Aucun blessés, aucun mort. Et ça aussi, c’est vraiment inestimable. La vie de ceux qui se sont trouvés face à ces cambrioleurs est aujourd’hui hors de danger. 

Dans la Bible, quels trésors sont inestimables ?

Le grand philosophe Ben Sirac le sage et l’un de ses textes sera au cœur de notre émission cette semaine. C’est un juif pieux, qui est imprégné de culture grecque. Il a vécu deux siècles avant Jésus-Christ. Et il écrit à son fils pour lui parler du bon usage de l'argent pour soi et pour les autres. La tension entre les richesses matérielles et leur utilisation, c'était déjà au cœur du message des prophètes. Ils dénonçaient l'inégale répartition des richesses, l'exploitation des pauvres, la corruption. Mais Ben Sirac Le sage, c’est l’un des premiers sages juifs à parler de l'argent de façon assez détachée. Il dit comment utiliser l'argent, quelle attitude avoir, et en l’occurrence – attention c’est un peu radicale - celle de prêter sans s’attendre à revoir son argent, prêter avec miséricorde.
Il insiste sur la question du partage : la bonne fortune c’est celle qui n’est pas égoïste. Je le cite « L'or est un piège pour ceux qui en font une idole. L'insensé s'y fera prendre. Heureux le riche qui fut trouvé sans reproche et n'a pas couru après l'or. Qui est-il ? Nous le dirons bien heureux. Parmi son peuple, il a fait des merveilles ». Parmi son Peuple, heureux le riche qui a fait des merveilles voilà qui est peut-être un critère de discernement pour chacun , heureux sommes nous si nous faisons des merveilles pour les autres. C’est inestimable, ce n’est pas chiffré, et la générosité, les merveilles accomplies pour les autres, cela n’est pas prêt de faire l’objet d’un cambriolage.