Madeleine Vatel | Des bienheureux vainqueurs de la haine nazie
LE POINT DE VUE DE MADELEINE VATEL - En se faisant passer pour des ouvriers, ces cinquante hommes devenus martyrs ont pu devenir des témoins vivants de leur foi catholique auprès des Français convoqués par l'Allemagne au travail forcé. Quand l'Eglise fait mémoire, c'est qu'elle relance l'appel à nos contemporains.
Madeleine Vatel © DRC’était une ferveur bien particulière samedi, dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, avec 2500 personnes, toutes concernées de près par la béatification des 50 martyrs : des scouts, des représentants de la Jeunesse ouvrière et étudiante chrétienne. Les plus nombreux, c’était les descendants des martyrs. Si bien qu’on peut dire que c’était presque une réunion de famille pour beaucoup d’entre eux. Une occasion de marquer leur respect et leur fierté pour ces jeunes hommes qui ont risqué leur vie pour témoigner du Christ.
La Mission Saint Paul
Rappelons en quelques mots le point commun de ces cinquante hommes, qui sont morts au cours des derniers mois de la seconde guerre mondiale, et qui faisaient partie de la mission Saint Paul. Ces bienheureux ont combattu la domination nazie en apportant un soutien moral et spirituel aux travailleurs français convoqués en territoire allemand pour le STO, le service de travail obligatoire. Ces prêtres, ces religieux et ces laïcs engagés dans des associations catholiques ont décidé d’accompagner sur place ces Français dans leur foi en se faisant passer pour des ouvriers. Ils ont été obligés de le faire de manière clandestine mais rapidement ces hommes seront dénoncés, ils mourront de maladie, ou massacrés, exécutés, torturés. Certains tomberont lors de la Marche de la mort.
On peut dire que ces 50 martyrs « morts en haine de la foi » ont risqué leur vie pour témoigner de leur foi. Dans ces conditions de vie difficiles, ils ont tout fait pour que la flamme de l’espérance brille. Ils prenaient des nouvelles, redonnaient le moral, ils proposaient les sacrements, des rencontres pour prier, faisaient apprendre des chants, réciter des chapelets. Bref ils organisaient, dans la clandestinité, une véritable entraide.
La croix d'immortelles
J’ai été marquée par un objet qui a été déposé au pied de l’autel : c’était la croix fabriquée de fleurs, qui portent si bien leur nom puisqu’elles s’appellent des immortelles. Cette croix de fleurs, c’est la croix devant laquelle ont prié avec ferveurs ces désormais bienheureux. Et qd les prisonniers ont été embarqués dans des camps de concentration, l’un d’eux, un survivant, Fernand Morin a réussi à la sauvegarder. C’était très émouvant de voir cette croix, un peu comme un signe de l’aventure spirituelle vécue par tous ces hommes dans ces conditions tragiques.
Ce qu'est une vocation
Cette béatification, elle n’est pas seulement un moment de mémoire, elle est un appel actuel de l’Eglise à ses fidèles. Les prises de paroles lors de la messe ont d’une certaine manière donner le sens de ce qu’est une vocation. Il y avait une fierté de voir ces personnalités, et leur rôle dans l’histoire mis en avant : oui des croyants ont pris des risques, ils ont même perdu la vie, pour que des français entendent leur témoignage de foi et reprennent des forces à leur contact.
S’ajoute le fait que cette force de partir en Allemagne, les chrétiens croient qu’elle leur est donnée par le Christ. C’est leur foi qui les a conduit à agir avec autant d’ardeur.
Le troisième point c’est l’appel très très clair à s’engager aujourd’hui, appel qu’a lancé le cardinal Jean-Claude Hollerich qui célébrait cette messe. Donner sa vie par amour pour les autres, c’est ce qu’est venu nous dire le Christ. C’est ce qu’ont fait concrètement ces martyrs, c’est-à-dire devenir saint là où le christ nous a placé et avoir ainsi une cohérence dans sa vie. Le cardinal a insisté sur la force de la communauté : la foi n’est pas destinée à rester un petit bonheur personnel, les chrétiens, comme les scouts dans leur patrouille, sont invités à expérimenter une spiritualité de l’équipe !


Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Madeleine Vatel, journaliste au service foi & spiritualité de RCF ;
- Le mardi : Claire des Mesnards, pasteure de l'EPUdF et secrétaire exécutive du réseau européen chrétien pour l’environnement, et Elisabeth Walbaum, déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante ;
- Le mercredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Marie Wallaert de Lutte & Contemplation ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne, et Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Etienne Pépin, directeur des programmes de RCF et Radio Notre-Dame.




