Madeleine Vatel | Vatican II : ça n'intéresse que les cathos ?

Fêter l’anniversaire de la clôture d’un concile œcuménique après  3 ans de rencontres intensives, d’échanges, de tensions, de réconciliation, et d’écriture des plus grands textes publiés par l’Eglise semble incontournable...et pourtant. 

Cet anniversaire intéresse-t-il uniquement les catholiques ?

Du succès, Vatican II en a connu. Au moment du Concile, l’événement avait été largement relayé. 2500 évêques qui réfléchissent à ce qu’est la modernité, et « comment l’épouser » si on peut dire, qui regardent autrement le judaïsme et l’Islam, qui revoit la place du latin, à quoi s’ajoute le décorum du Vatican, tout cela avait intrigué la presse. C’est même à cette époque que le journal Le Monde ouvrit une rubrique « religions » qui restera définitivement dans ses pages. Avec ce paradoxe : Vatican II, fût pour certains un progrès, pour d’autres le début de la décadence. Dans tous les cas, Vatican II est encore dans les têtes. Mais avec quelle exactitudes, quelle interprétation ? 

Que reste-t-il de cet événement, historique pour l’Institution, majeur dans la pratique des paroissiens ? Vatican II est-il un événement réservé aux catholiques ? Force est de constater que le Concile de 1965 ne fait plus l’actualité. Pourtant, paradoxalement les questions qu’il a mises sur la table et celles qu’il a évités sont encore celles qui préoccupent régulièrement les médias. Vatican II est dans l’actualité sans que ce soit explicite. 

La Bible pour tout le monde

Difficile de dire ce qu'on pourrait retenir de Vatican II. Le sujet est trop complexe, trop large. Mais voici une anecdote qui pour moi est assez significative. Cette semaine l’émission « La bible nous parle » donne la parole à Michael Edwards, premier Britannique élu à l’académie Française. Que la lecture et l’interprétation de la Bible soit désormais encouragée pour tous, et plus seulement réservée aux religieux, c’est un élan donné par Vatican II. D’ailleurs, au milieu de l’enregistrement, Michael Edwards a été traversé par l’émotion alors qu’il évoquait un verset de saint Paul. Cet homme de 87 ans, nourri de livres depuis des années, amoureux de la littérature la plus variée, a soudain été saisi par un seul verset de la Bible. Pour moi, c’est ici un des fruits du concile : la toute la puissance de Dieu, et de l’Ecriture peut désormais frapper soudainement toute personne curieuse qui s’aventurerait dans la Bible.