Fin de vie : pour une sécurité vitale, par Pascale Morinière
LA CHRONIQUE DE PASCAL MORINIÈRE - L'examen du projet de loi sur la fin de vie a débuté hier, lundi 27 mai, en première lecture, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Pascal Morinière, présidente des associations familiales catholiques nous explique quelles sont les forces en présence et en quoi derrière ce projet de loi, il y a un débat de société.
L’examen du projet de loi sur la fin de vie a débuté hier, en première lecture, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale.
Quelles sont les forces en présence ?
Il y a d’une part les tenants du « tous pour un » qui sont attentifs à maintenir un cadre légal qui encourage à prendre soin des plus fragilisés par la maladie, le grand âge ou le handicap. Et il y d’autre part les tenants de l’autonomie radicale qui veulent pouvoir être maitres de leur vie et de leur mort. Ils sont adeptes du « moi tout seul ». Les « tous pour un » savent que chaque fin de vie est unique et que le cadre protecteur de l’interdit de donner la mort, aiguillonne la famille, les aidants, les soignants pour s’adapter à chaque situation et trouver les meilleures réponses possibles au fil de l’évolution de la maladie. Les « moi tout seul » reflètent la solitude qui gangrène nos sociétés post modernes. 1 Français sur 6 vit seul. Comment envisager sereinement sa fin de vie si on sait à l’avance que personne ne sera là pour tenir notre main
Ces deux blocs sont-ils irréconciliables ?
Au cours de la Convention citoyenne sur la fin de vie, plus le temps a passé, plus les opposants à l’euthanasie ont été nombreux parce qu’ils prenaient conscience des conséquences d’une telle loi. La commission spéciale, en faisant très vite dériver le texte hors des garde-fous prévus par le gouvernement, a montré que les lanceurs d’alerte n’étaient pas de simples alarmistes. Il n’existe pas d’exception d’euthanasie ! Prendre conscience des dérives à venir avec la banalisation de la mort administrée, les économies à réaliser, le désinvestissement des soins palliatifs, la perte de valeur de la vie finissante, les élargissements successifs probables aux mineurs ou aux malades psychiatriques, permet de comprendre que le « moi tout seul » est une impasse !
C’est aussi une question de société ?
En effet, ce sont deux conceptions de la société qui s’opposent. A l’issue de la Seconde guerre mondiale, nous avions fait le choix très généreux du « tous pour chacun » avec notre système de sécurité sociale fondé sur la solidarité entre les générations. Une société du « moi tout seul » va à rebours de cette conception et laisse finalement chacun dans une très grande solitude face aux aléas de la vie. Choisissons donc de n’abandonner personne à la mort sur ordonnance et soutenons les soins palliatifs qui offrent une sécurité vitale !
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