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Euthanasie, l’acharnement législatif
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Euthanasie, l’acharnement législatif

RCF,  -  Modifié le 17 juillet 2023
L'édito d'Isabelle de Gaulmyn Euthanasie, l’acharnement législatif
Plusieurs textes législatifs portant sur l'euthanasie ont été déposés à l'Assemblée nationale. Un vrai paradoxe en cette période de crise sanitaire.

Actuellement, pas moins de cinq propositions de loi ont été déposées par des députés ou des sénateurs, portant sur l’euthanasie, ou plus exactement "le droit de mourir dans la dignité", pour disent-ils, combler les incertitudes de la loi sur la fin de vie en permettant aux malades qui le souhaitent de demander la mort. Cette affluence législative, sur un sujet qui ne semble tout de même pas dans les radars des préoccupations actuelles des Français du moment, ne laisse pas de surprendre. 

Elle est encore plus ahurissante si on la rapproche de la période Covid que nous sommes en train de vivre. Voilà des hommes politiques qui prétendent vouloir lutter contre l’obstination déraisonnable des soins, en mettant en balance la possibilité de demander à mourir, alors que nous sommes plongés depuis un an dans un confinement sévère pour sauver la vie de personnes très âgées, et qui sont déjà eux-mêmes dans des conditions de santé dégradées… Et que quand il s’est agi de vacciner, ce sont d’abord ces personnes âgées et malades que l’on est allé vacciné. Nous avons tous vu ces images de médecins piquant les bras de personnes grabataires dans les EHPAD… Toujours cette année, les décisions des équipes médicales pour savoir dans quels cas elles devaient envoyer ou non les malades Covid en réanimation, et dans quels cas elles s’en abstenaient du fait de l’âge ou de la santé, ont légitimement suscités des craintes dans la populations, inquiètes pour ses propres aînés… 

Au fond, nous sortirons de cette pandémie en ayant fait le choix collectif de protéger les plus faibles, et les plus âgés, jusqu’au bout, et c’est heureux. Comment aurions-nous pu continuer à vivre, et à faire société, dans le cas contraire ? Alors mourir dans la dignité, certes, on est bien tous d’accord ! Mais cette épidémie prouve, s’il en était besoin, qu’entre la théorie et la pratique, il y a un fossé, fait de toutes nos histoires et liens qui nous relient les uns aux autres. Et que même si il est fragile, abimée, nous voulons quand même maintenir ce souffle de vie, à tout prix. Une amie médecin en cancérologie me racontait qu’un de ses jeunes patients hospitalisés avait demandé à être vacciné contre le Covid. Or ce patient n’en aurait plus que pour quelques semaines d’espérance de vie. Faut-il ou pas vacciner ? Obstination déraisonnable ou pas ? Le choix est loin d’être simple…

Nous avons appris depuis un an, face à la maladie, et la mort, que les certitudes s’effritent. Que personne, ni les médecins, ni les epidémiologistes, ni les politiques, ni nous-mêmes, n’avions la science infuse. Nous avons appris à gérer l’incertitude, ensemble. La fin de vie n’est pas une affaire d’idéologie ni de loi, mais de concertation et discernement face à la maladie et aux malades. Une histoire d’humanité. Les parlementaires qui s’échinent, avant l’échéance des présidentielles, à vouloir faire pression sur ce sujet, devraient en prendre de la graine. 

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Émission L'édito d'Isabelle de Gaulmyn © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
L'édito d'Isabelle de Gaulmyn

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