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Édito - Fin de vie, derrière les apparences

Un article rédigé par Blanche Streb - RCF, le 9 septembre 2022 - Modifié le 29 mai 2024
Le point de vue de 7h20Édito - Fin de vie, derrière les apparences, par Blanche Streb

En ce moment se tient à Marseille un événement important, le 43e Congrès de la mutualité française. Cette Instance fixe les orientations stratégiques de nos mutuelles. S’y expriment le président de la République, le ministre de la Santé et beaucoup de patrons de mutuelles d’envergure nationale. Autant dire que cela concerne la santé et l’argent de tous les Français. Au cœur de cet événement, une présence détonne, voire choque : une conférence intitulée "Choisir sa fin de vie"...

Blanche Streb ©RCFBlanche Streb ©RCF

... Une conférence intitulée "Choisir sa fin de vie", avec cette suggestion, aux allures séduisantes mais largement trompeuses : "l’ultime liberté". Au micro, le président d’honneur du principal lobby de l’euthanasie et du suicide assisté et le président de la MGEN - la Mutuelle de l’Éducation nationale – lui aussi fervent défenseur et militant de l’euthanasie et du suicide assisté, auteur d’un manifeste en ce sens en juin. Le Journal du dimanche avait immédiatement pointé cette ambiguïté : mais que vient faire la mutuelle des enseignants dans l’arène du débat sur la fin de vie ? 

 

Alors quel est le problème ? C’est simple. Se pose ici une question : celle du conflit d’intérêt. 
Cette alerte sur le conflit d’intérêt avait déjà été déclenchée par la psychologue Marie de Hennezel - bien connue pour son engagement sur le grand âge, le "bien-vieillir", les soins palliatifs et l'amélioration des conditions de la fin de vie dans notre société – au moment où l’ex-patron de la Mutualité française, lui aussi militant de l’euthanasie, a été nommé à la tête du CESE, le Conseil économique social et environnemental. Instance qui, justement, est chargée d’organiser la fameuse et déjà fumeuse Consultation citoyenne sur la fin de vie. Marie de Hennezel posait alors cette question : est-ce le rôle d’un mutualiste de se faire l’apôtre de la mentalité euthanasique, le défenseur d’une solution facile et économique ?

 

Solution économique… Évidemment, comment ne pas voir, tapie derrière la défense de cette prétendue ultime liberté, les économies à réaliser ? Nous savons tous que notre système de santé est en grande souffrance. Il y a des tensions budgétaires quasiment partout. Au Canada, le parlement calcule les économies faites par l’euthanasie à 150 millions de dollars par an…

 

Quel malaise. Les mutuelles sont payées pour nous protéger, pas pour militer pour abréger des vies qui oui, parfois, coûtent cher financièrement parlant. Il faut réaliser toutes les ruptures qu’une légalisation de l’euthanasie entrainerait. Quelle culture de la fragilité ? Quel respect des soignants ? Quelle prévention du suicide ? Quelle confiance soignants-soignés ? Une telle loi ne peut qu’aggraver cette idée que certaines personnes sont un poids. Cette pseudo liberté poussera d’abord les plus faibles à s’y résigner. On dira : c’est leur droit, c’est ce qu’ils veulent. Ensuite, même ceux qui ne le veulent pas y auront droit.

 

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