Excusez-moi de parler de ma paroisse, celle de Tréguier dans les Côtes-d’Armor, mais il s’y est produit hier (comme tous les ans au mois de mai depuis plus de quatre siècles) un événement qui mérite aujourd’hui que l’on en parle parce que la vigueur de cette fête populaire, brassant tous les milieux et tous les âges, signifie quelque chose en 2023...
D’abord la Saint-Yves est une fête populaire chrétienne. "Populaire" et "chrétien" : ces deux mots vont rarement ensemble aujourd’hui dans les médias !
Ensuite c’est une fête internationale, à travers la présence, chaque année, de délégations d’avocats dont certains viennent de pays étrangers : d’Italie, cette année, mais aussi de Belgique, de Grande-Bretagne, voire des États-Unis.
Enfin c’est une fête dont le sens historique et spirituel est profondément social. Saint Yves, de son nom de naissance Yves Hélory de Kermartin, était non seulement prêtre mais juge. Et juge impeccable, diront les témoins à son enquête de canonisation. Et cette impeccabilité se montrait dans son indépendance totale vis-à-vis des riches et des puissants : les petits et les pauvres savaient qu’avec "le seigneur Yves", comme on disait, ils étaient entendus et écoutés et que justice leur était rendue.
Yves de Tréguier était profondément inspiré de l’esprit de saint François d’Assise. Il l’était en tant que juge. Et il l’était en tant que prêtre des pauvres, qui se ruinait, littéralement, dépensant à pleines mains tous les jours les ressources de son domaine et de sa paroisse pour nourrir et vêtir les misérables. Et quand il n’avait rien sous la main, il leur donnait ses propres vêtements - c’est avéré, les témoins l’attestent tous…
Quand on voit la cathédrale de Tréguier pleine à craquer - et la place de la cathédrale noire de monde - en l’honneur d’un saint social de ce calibre-là, on pense au refrain permanent aujourd’hui sur les églises qui "se vident", et on pense à nos contemporains dont 90% ne savent pas ce qu’est la foi chrétienne parce qu’ils n’ont pas rencontré d’exemples vivants de la radicalité de cette foi.
Le dynamisme de saint Yves, n’hésitant pas à pratiquer la charité évangélique jusqu’au sacrifice total de ses propres conditions de vie, est un aspect de l’histoire du christianisme qui surprendrait beaucoup de gens d’aujourd’hui s’ils le découvraient. Et ils seraient surpris d’apprendre qu’aujourd’hui encore, certains tentent de vivre le christianisme comme saint Yves l’a vécu…
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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