Édito d'Antoine-Marie Izoard - "La terre foulée par le Christ est une terre meurtrie"

Un article rédigé par Antoine-Marie Izoard - RCF, le 11 octobre 2023 - Modifié le 11 octobre 2023
Le point de vue de 7h20Édito d'Antoine-Marie Izoard : "La terre foulée par le Christ est une terre meurtrie"

Quel sanglant anniversaire ! Samedi dernier, cinquante ans après le début de la guerre du Kippour, au petit matin et en plein shabbat, les combattants du Hamas ont pénétré sur le territoire israélien par le ciel, la mer et la terre, soutenus par une pluie de roquettes s’abattant sur plusieurs villes de l’État hébreu.

Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ©DRAntoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ©DR

Les miliciens islamistes ont surpris les services de renseignement que l’on dit les mieux préparés au monde en lançant une offensive massive et humiliante. Si, il y a un demi-siècle, le conflit était mené par les armées égyptienne et syrienne, rien de « conventionnel » cette fois-ci dans l’attaque inattendue des brigades Ezzedin Al-Qassam. La branche armée du Hamas a enfoncé la barrière de sécurité de la bande de Gaza, réputée infranchissable, pour semer l’horreur et l’effroi en Israël, tirant aveuglément dans les rues des villes environnantes, prenant des dizaines d’otages, civils ou militaires.

La montée de la tension, en Israël et ailleurs

La riposte israélienne a à peine commencé, elle promet d’être puissante. Et c’est toute la planète qui s’échauffe à nouveau avec cet énième épisode d’un conflit aux répercussions évidemment géopolitiques, mais aussi locales, jusque dans nos villes où la tension risque de monter entre communautés.

La terre foulée par le Christ est une terre meurtrie. Elle a soif de paix, et avant tout de justice, afin qu’y cohabitent deux peuples qui y aspirent légitimement. La diplomatie a manqué toutes les occasions d’établir la paix.

Le monde semble devenu fou

Au point que le bras droit du pape et chef de la diplomatie vaticane, le cardinal Pietro Parolin, juge aujourd’hui que le monde est « devenu fou ». « Il semble, a déploré le secrétaire d’État du Saint-Siège avec un pragmatisme amer, que nous ne comptions que sur la force, sur la violence, sur le conflit, pour résoudre de réels problèmes, qui doivent être résolus avec des méthodes bien différentes. »

Les peuples de la Terre sainte étaient assis sur « un volcan », explique, pour sa part, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, et ce volcan a soudainement explosé. Nombre de Palestiniens, coincés dans un morceau de terre qui a tout d’une prison à ciel ouvert, se seront probablement réjouis du coup de force du Hamas. Cependant, ce peuple va payer cher les actions terroristes des milices islamistes, car l’affrontement lancé par le Hamas avec de probables soutiens étrangers n’était autre qu’une déclaration de guerre.

L'Invité de la Matinale"Jérusalem est presque une ville morte" dit Bernard Thibaud, directeur de la Maison d'Abraham, lieu de paix et de fraternité au coeur de Jérusalem-Est

Quelles issues ? 

Dans cet étau meurtrier, un petit troupeau de chrétiens essaie de vivre et de prêcher le pardon et l’espérance. Majoritairement Palestiniens, mais aussi de langue hébraïque, assis sur le même volcan, ils sont forcément tiraillés. Toutefois, ils sont une lueur d’espoir, la seule, et sont porteurs de l’exhortation évangélique à aimer son prochain. À leurs côtés, impuissants, nous élevons notre prière avec le psalmiste, au Psaume 121 : « Appelez le bonheur sur Jérusalem : "Paix à ceux qui t’aiment !" Que la paix règne dans tes murs, le bonheur dans tes palais ! ». Prêcher la justice, le pardon, et prier, voilà la seule issue, à terme, pour ce conflit.

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