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Corinne Bitaud | L'héritage du Pape François sur l'écologie

Corinne Bitaud | L'héritage du Pape François sur l'écologie

Un article rédigé par Corinne Bitaud - RCF, le 29 avril 2025 - Modifié le 29 avril 2025
Le point de vue de 7h20Corinne Bitaud | L'héritage du Pape François sur l'écologie

LE POINT DE VUE DE CORINNE BITAUD – Dans l’attente de l’ouverture du prochain conclave, passé le moment du recueillement, l’heure continue d’être aux bilans du pontificat de François, chacun dans son domaine.

Corinne Bitaud © DRCorinne Bitaud © DR

Pour Corinne Bitaud, la contribution la plus marquante est bien sûr l’encyclique Laudato Si’, publiée il y a presque exactement dix ans, en mai 2015.

Donner la parole aux autorités spirituelles sur ce sujet

À dire vrai, il y a dix ans, n’étant pas encore engagée dans l’œcuménisme écologique, j’ai découvert Laudato Si’ avec quelques mois de retard, en novembre 2015. C’était lors d’une grand-messe un peu particulière, une grand-messe laïque, politique, scientifique et industrielle… C’était au premier Sommet mondial pour la bioéconomie, qui se tenait à Berlin et réunissait plus de 80 pays, dont la France, que je représentais avec quelques collègues d’alors, des ministères de la Recherche et de l’Agriculture.

En Allemagne, pays protestant, les rapports entre l’Église et l’État sont beaucoup moins crispés qu’en France. Les organisateurs avaient trouvé naturel de donner la parole à une autorité spirituelle pour ouvrir les discussions dans une perspective éthique. En effet, l’objectif de ce sommet était de promouvoir des filières tout à fait économiques et industrielles, mais qui avaient l’ambition de, je cite, « permettre le découplage de la croissance économique et démographique de l’utilisation des ressources fossiles ».

L’un des tout premiers discours avait ainsi été donné par l’Argentin Marcelo Sánchez Sorondo, alors chancelier de l’Académie pontificale des sciences, qui présentait les grandes lignes de Laudato Si’. Je confesse n’avoir pas de souvenirs précis de cette intervention, si ce n’est qu’elle m’avait convaincue que ce texte allait, dans certains pays au moins, fournir des motivations morales puissantes à des changements de politiques publiques. Cette encyclique avait été largement inspirée par le cardinal ghanéen Peter Turkson, alors préfet du Dicastère pour le développement humain intégral, et aujourd’hui successeur de Marcelo Sánchez Sorondo à la tête de l’Académie pontificale des sciences.

L’action et l’éducation

Difficile de choisir tant ce texte est riche, mais je voudrais retenir trois points. Le premier est l’affirmation que les objets techniques ne sont pas neutres, parce qu’ils créent le cadre de notre action. Je suis très sensible à ce thème tout à fait actuel (pensons au numérique), thème auquel le penseur protestant français Jacques Ellul nous avait rendus attentifs dès les années 1950. Le second point est que Laudato Si’ ne s’est pas contentée de développements théologiques théoriques, mais a consacré tout un chapitre à l’action et un autre à l’éducation à la sobriété. Cela rejoint l’intuition de l’association œcuménique Église verte, qui promeut un label très concret pour les paroisses et organisations chrétiennes qui veulent s’engager dans la conversion écologique.

Le troisième et dernier point que je retiens est que François ne s’est pas contenté de ce texte magistral, mais qu’il est revenu sur le sujet en 2023 avec l’exhortation apostolique Laudate Deum. J’ai retrouvé dans ce second texte la puissance des oracles prophétiques d’un Ésaïe, d’un Jérémie ou d’un Amos du Premier Testament. Oui, il y a bien un enjeu de péché, et donc de salut, dans la question écologique. Oui, c’est donc bien une question pertinente pour les Églises, et au-delà du christianisme pour tous les croyants. Merci à vous, François, de l’avoir dit avec tant de lucidité et tant de force.

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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