Claire des Mesnards | Pierre, Paul et vous

Le soleil se lève à Rome, dans cette ville qu’on dit « éternelle » à si juste titre. Loin de l’éphémère des gros titres, qui ne manquent pas, les responsables des Églises chrétiennes d’Europe se rassemblent à Rome autour d’un document structurant à long terme : la Charte Œcuménique, qui va être officiellement signée et lancée demain
depuis le site identifié traditionnellement comme celui du martyre de l’apôtre Paul. Un témoignage fort donc de la part de ces responsables d’Églises. 

Pourquoi est-ce si important ?

Ils viennent de toute l’Europe ; certains représentent leur Conseil œcuménique national – comme le Conseil des Églises Chrétiennes En France, créé en 1987, vous savez le CECEF qui organise chaque année la Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens du 18 au 25 janvier ou encore le « Temps pour la Création » entre le 1er septembre et le 4 octobre : catholiques, protestants, orthodoxes, réunis dans nos villes et nos campagnes à travers tout le pays.
D’autres travaillent à l’échelle du continent. Ainsi du côté de l’Église catholique : vous connaissez la Conférence des Évêques de France, eh bien il en existe une similaire dans chaque pays ; et leurs
représentants se retrouvent régulièrement au niveau européen, au sein de ce qu’on appelle le « Conseil des Conférences Épiscopales d'Europe ». Quant aux Églises orthodoxes, elles se rassemblent en communauté œcuménique avec les Eglises anglicanes, baptistes, luthériennes ou réformées : c’est la « Conférence des Églises Européennes », qui a joué un rôle fondamental dans la construction de la paix entre chrétiens d’Est en Ouest, notamment à l’époque de la Guerre froide. 

Quel objectif ?

Encourager les initiatives œcuméniques sur le plan local ; pour suggérer des orientations nouvelles et des pistes d’action commune, ajustées aux défis de notre temps ; pour encourager tous les chrétiens, quelle que soit leur obédience, quelle que soit leur chapelle ou leur temple, à s’engager ensemble de façon signifiante dans le monde où nous vivons aujourd’hui. Un large processus participatif est à l’origine de cette Charte révisée, qui a réussi l’exploit de rassembler des théologiens de tous horizons autour d’un texte qui ouvre de nouvelles voies au partage œcuménique et à l’échange entre toutes celles et ceux qui se reconnaissent comme chrétiens. Beau point d’orgue aux commémorations cette année des 1700 ans du Concile de Nicée,
tout premier Concile œcuménique de l’Histoire. Et prélude peut-être à une date enfin commune pour célébrer Pâques, d’Orient en Occident ! Certains envisagent aussi l’inscription dans les calendriers liturgiques officiels d’une véritable Fête de la Création. Nous célébrons bien le Fils à Noël et à Pâques, l’Esprit à la Pentecôte ; serions-nous en mesure alors de réparer ainsi notre oubli du Père Créateur ? Pas sans l’aide du Christ. Et encore, portés par le Souffle Saint ! Mais au-delà de la coordination si complexe de nos calendriers, et des enjeux spirituels que cela peut soulever, rappelons-nous que l’Église est toujours d’abord cette assemblée de singularités qui sont appelées à mettre leurs pas dans ceux du Christ. Lorsque nous relisons, dans la Traduction Œcuménique de la Bible, sa prière pour ses disciples, nous pouvons aussi entendre que l’unité des chrétiens se réalise lorsque nous engageons pleinement nos diversités dans la mission qui nous a été confiée : être en Christ, pour que le monde croit. C’est à lire en Jean 17,« Que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi,
qu'ils soient en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu m'as envoyé.