Blanche Streb | 13 novembre : dix ans après, la foi plus forte que la barbarie
Dix ans après les attentats du Bataclan, la France se recueille et se souvient. Une parole d’espérance s’élève : celle d’hommes et de femmes qui ont choisi la vie face à la barbarie. Le livre L’Espérance qui fait vivre, paru aux éditions Artège, en témoigne avec force. Il rappelle que la lumière peut encore jaillir du milieu des ténèbres et offrir un chemin de paix.
Blanche Streb © DRJ’ai lu dans Famille Chrétienne un entretien du curé de Saint-Ambroise, paroisse au cœur du quartier meurtri. Il confie que la douleur est persistante et que paradoxalement, c’est rassurant, parce que ce n’est pas possible qu’on oublie ! Que les familles de victimes craignent qu’on ajoute à la violence de l’événement, celle de l’oubli.
Nuit de l'Espérance à l'église Saint-Ambroise
Cette église ouvrira ses portes une bonne partie de la nuit demain, pour prier, consoler, pour une « Nuit de l’Espérance ». Dans l’une des chapelles, les noms des victimes sont gravés. Deux personnes sont restées gravées dans ma mémoire : Érick et Sylvie. Ils sont les parents d’Anna et Marion, tuées sur la terrasse du Carillon. Six ans après ce jour sanglant qui leur a arraché leurs filles, ils avaient eu le courage de prendre la plume.
Des parents de victimes témoignent
Ils ont publié L’Espérance qui fait vivre, aux éditions Artège. Je l'ai lu et je ne l'ai jamais oublié. Ce livre raconte l’attente, l’angoisse, les appels sans réponse, l’annonce. Le choc. L’absurde. La morgue. La mort, froide, brutale, irrémédiable. Ces yeux posés sur les êtres aimés, ce cerveau qu’il faut reconnecter à la réalité. Ces cœurs de
parents qui doivent continuer à battre, ensemble, malgré le glaive qui les transperce. Cette vie, la leur, qui continue et qui doit continuer, malgré et avec ce temps qui, jamais, ne revient sur ses pas pour effacer le malheur qui, jamais, n’aurait dû arriver. Et puis, l’absence. Ce livre, c’est aussi un cri. Contre l’injustice d’une telle barbarie. Un cri de questions légitimes sur ce qui aurait pu, aurait dû, être fait pour l’éviter.
«L'État ne cherche pas à préserver les vivants»
C’est aussi une critique douloureuse qui égrène le bal des politiciens, les tenailles de la machine administrative et judiciaire, les lâchetés. Érick y confie qu’il n’épinglera jamais cette « médaille nationale de reconnaissance aux victimes » créée pour l’occasion par François Hollande. Mais il épingle « un État qui ne cherche qu’à honorer les morts sans faire son possible pour préserver les vivants ».
C’est aussi le témoignage d’un couple resté soudé, tourné vers les autres, qui survit à ce qu’il n’a pas choisi mais qui choisit la lumière et la Vie. Au milieu des larmes, Dieu était là. Il s’est engouffré, dans leur cœur déchiré. Ils ont retrouvé la foi. Et sans cacher leur profonde inquiétude pour la France, ils prient « pour que lumière et force habitent les chrétiens ».


Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Madeleine Vatel, journaliste au service foi & spiritualité de RCF ;
- Le mardi : Claire des Mesnards, pasteure de l'EPUdF et secrétaire exécutive du réseau européen chrétien pour l’environnement, et Elisabeth Walbaum, déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante ;
- Le mercredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Marie Wallaert de Lutte & Contemplation ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne, et Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Etienne Pépin, directeur des programmes de RCF et Radio Notre-Dame.




