Pour une école de la fraternité
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Pour Benoist de Sinety, la fraternité ne peut avoir de conditions. Justement, les débats sur le vaccin, l'assassinat d'Olivier Maire ou l'accueil des Afghans sont autant de faits d'actualité qui placent la fraternité au cœur. Et qui interrogent notre projet de société comme la façon dont on mène nos vies, chacun individuellement.
En 2018, l’ancien curé de Saint-Germain-des-Prés, paroisse très en vue à Paris, devenu vicaire général de l’archidiocèse de Paris jusqu'en mars 2021, faisait grand bruit en publiant un ouvrage au message puissant, "Il faut que des voix s'élèvent" (éd. Flammarion). Un véritable plaidoyer pour la défense des migrants. Dans son nouveau livre, "La fraternité sinon rien" (éd. Salvator), l’accueil des migrants est, là encore, récurrent. Il écrit : "La violence de quelques-uns ne doit pas être ramenée à des centaines de gens honnêtes."
Deux faits d’actualité récents ont placé la fraternité au cœur des médias. Avec cette question : y a-t-il une condition à la fraternité ? L’assassinat d’Olivier Maire, d’abord, ce prêtre assassiné par celui qu’il avait accueilli dans sa congrégation des missionnaires montfortains, le 9 août dernier à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée). Et aussi l’accueil des Afghans fuyant le régime des talibans. Pour Benoist de Sinety, la réponse est claire : "Il n’y a pas de conditions à la fraternité."
L’auteur de "La fraternité sinon rien" rappelle que "le fait de dire à l’autre tu es mon frère ne l’exempte pas de ses devoirs ni se des droits". Pour lui la justice, comme la charité sont des "conditions" de la fraternité. Mais il invite aussi chacun à s’intéresser à l’histoire de l’autre. "Quand on parle de l’étranger, du migrant, que ce soit cet homme rwandais [le meurtrier présumé du père Olivier Maire, ndlr], que ce soient ces Afghans, on parle de gens qui portent une histoire, qui portent des drames. Et chaque drame, chaque histoire est à la fois collective, parce qu’elle appartient à un peuple, mais aussi personnelle et individuelle."
Le titre de son livre, "La fraternité sinon rien, fait écho au verset de saint Paul : "s’il me manque l’amour, je ne suis rien" (1 Co 13, 2). Le propos du père de Sinety est celui-ci : si nous n’avons pas la fraternité, à quoi bon tous nos actes ? "La fraternité c’est un peu le socle de notre histoire commune, sans fraternité, sans conscience d’une fraternité, il n’y a pas d’histoire commune possible ou alors on est dans un conflit permanent."
On dit que les Français n’ont plus rien de commun entre eux. La fraternité nous interroge : où allons-nous ensemble ? D’où venons-nous ? Pour le père de Sinety, il faut aller chercher dans nos origines "au sens le plus large possible". "S’il n’y a pas une reconnaissance d’une paternité commune, il n’y a pas de fraternité possible."
Or, les chrétiens "savent pourquoi nous sommes frères", rappelle Benoist de Sinety. "Parce que nous savons une même origine quelle que soit notre couleur de peau, notre langue, notre culture, notre religion, nous sommes tous enfants d’un même père. C’est ce mystère-là qui nous est confié et que nous avons à réfléchir et à essayer de partager autour de nous."
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