Antoine-Marie Izoard | Face aux crises, l'espérance chrétienne

On ne peut pas dire que l’on soit surpris, mais ce mois de septembre porte la marque du chaos. Après un gouvernement tombé par manque de confiance, celui que Sébastien Lecornu tente d’installer n’est autre que le neuvième de l’ère Macron ! Voilà un préoccupant record. À l’instabilité politique chronique s’ajoutent les journées de colère sociale - comme celle d’aujourd’hui - qui ne résoudront pas l’état désastreux des finances publiques et, peu s’en soucient, le délitement moral d’une société qui enchaîne les réformes sociétales. Dans ce contexte, loin de désespérer, le chrétien n’est ni adepte de la méthode Coué, ni enclin à s’enfouir la tête dans le sable. Face aux crises, au contraire, les disciples du Christ sont appelés à porter une parole d’espérance. D’ailleurs, cette semaine, dans les colonnes de Famille Chrétienne, le cardinal François Bustillo nous assure que les crises font partie de la vie, qu’il ne faut pas en avoir peur et, au contraire, que ces crises « nous donnent l’opportunité de réagir ».

Comment comprendre ces mots du cardinal Bustillo, et sont-ils audibles ?

Voilà en effet qui n’est pas forcément confortable, mais l’évêque d’Ajaccio nous rappelle que c’est face à l’épreuve que le chrétien donne le meilleur de lui-même, sûr que le Christ a enduré les pires souffrances pour le Salut de son âme et lui a tracé la route. Et fort de cette conviction, le cardinal Bustillo a fait récemment le tour des médias pour présenter son dernier livre qui exhorte, avec des mots d’une simplicité désarmante mais justes, à réparer la société. Publié chez Fayard, le livre s’appelle tout bonnement : « Réparation ». Il y invite au pardon et au dialogue pour retrouver la confiance, à la bienveillance et à la proximité pour valoriser l’autre, à l’engagement pour une société plus juste… La recette paraît évidente, mais encore faut-il oser la proposer ! C’est ainsi que, sur le plateau de France 2, l’évêque d’Ajaccio a été interrogé par la nouvelle star du 20 heures de la chaîne publique, Léa Salamé. Fier et droit dans sa bure des disciples de saint François d’Assise, il a encouragé à « humaniser notre société » pour qu’elle ne tombe pas « dans la barbarie ». Mais alors qu’il était venu - selon ses mots - pousser un « cri d’espérance » à la veille de la sombre journée de blocage du 10 septembre dernier, le religieux a reçu une réponse pour le moins désespérante, loin de son exhortation à la bienveillance. 

Un "Richard Gere en soutane" ? 

Dans un communiqué, la CGT de France Télévision s’est payé en effet la tête de ce « Richard Gere en soutane » venu donner son « onction » à un journal « réactionnaire », « rance » et digne de « l’Ancien Régime ». Cela pourrait prêter à sourire, mais les plus âgés ici regretteront l’époque où des cardinaux Lustiger ou Decourtray étaient invités à prendre la parole dans les médias du service public, à « L’Heure de vérité » par exemple. Le cardinal Bustillo insiste, dans nos colonnes : « L’Église ne doit pas se taire », et elle doit parler « avec sagesse, sans arrogance ni complexes ». On attend donc que d’autres que lui sacrifient un peu de leur temps à prêcher à contre-courant dans les médias pour proposer des remèdes chrétiens au chaos.