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Antoine-Marie Izoard | Des santons made in Shein ?

Antoine-Marie Izoard | Des santons made in Shein ?

RCF, le 27 novembre 2025 - Modifié le 27 novembre 2025
Point de vueAntoine-Marie Izoard | Des santons made in Shein ?

LE POINT DE VUE D'ANTOINE-MARIE IZOARD - Le commerce en ligne s’impose aujourd’hui comme un géant capable de bouleverser toutes les habitudes et traditions. Sur des plateformes mondiales comme Shein, on ne trouve plus seulement des vêtements à bas prix, mais aussi des objets tels que des santons de Noël vendus à quelques euros.

Antoine-Marie Izoard © DRAntoine-Marie Izoard © DR

La voilà enfin l’heure joyeuse d’aller rechercher la boîte en carton qui abrite tout l’attirail qui va transformer votre maison pour l’arrivée du Divin enfant. D’une grande boîte en carton vous ressortez les guirlandes scintillantes et des boules colorées pour le sapin, du papier-rocher froissé, le petit cabanon en bois pour abriter la Sainte famille. Mais, où sont passés les santons ? Rien à faire, en retournant la maison, pas de trace du précieux coffret où reposent le ravi, les bergers et la poissonnière, soigneusement emballés dans du papier journal. Pourtant, il faut vite l’installer cette crèche ! Sinon, que vont dire les enfants ?

Des santons sur Shein

Une rapide recherche sur Internet et voilà dégotés pas moins de dix santons pour 9,90€, c’est une aubaine ! Alors, tant pis si la Sainte Vierge aux couleurs criardes est mal fagotée, si les Rois mages n’ont pas vraiment un port royal et si l’âne ressemble à un cheval. La crèche en plastique dénichée en ligne n’a pas non plus la bonne odeur des garrigues et des champs de lavande, mais dégage plutôt quelques effluves des rues polluées de Shanghai et le parfum d’une cale de moteur de porte-containers. Tant pis, car il y a urgence et les frais de livraison sont gratuits.

Augmentation des achats sur internet

Urgence ou pas, 80% des Français achètent désormais sur Internet. 25 ans après l’arrivée en Europe d’Amazon, qui a bousculé ce secteur, le commerce français tremble une nouvelle fois face à l’offensive des plateformes chinoises à petits prix, j’ai nommé en particulier : Shein, Temu et AliExpress. La croissance de ce marché est vertigineuse. 4,6 milliards d’envois d’une valeur inférieure à 150 euros sont entrés l’an passé sur le marché européen, soit plus de 145 colis chaque seconde. Sur ce total, neuf colis sur dix proviennent de l’empire du Milieu ! La France, enfin, réagit. Particulièrement après la découverte de poupées à caractère pédopornographique et d’armes en vente sur le site du géant chinois Shein. Les députés ont adopté la mise en place d’une taxe de deux euros sur les petits colis qui ne proviennent pas d’Europe. L’Union européenne s’est aussi décidée à serrer la vis. D’ailleurs, cette semaine dans nos colonnes, le Gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau assure qu’il faut « muscler l’économie européenne », notamment face à l’offensive chinoise.

Conditions de travail précaires

Il n’y a pas que les décisions politiques. C’est aussi une question d’éducation, à l’heure de faire les emplettes pour Noël. On nous a rabâché toute notre enfance qu’il fallait avaler notre soupe ou finir nos brocolis « parce qu’il y a des petits Africains qui meurent de faim ». On ne peut ignorer aujourd’hui les conditions dans lesquelles les produits sont manufacturés en Chine, par des ouvriers sans couverture sociale ni plan de retraite, voire parfois par des travailleurs mineurs. Le respect de la dignité humaine et de l’environnement, un sursaut de souveraineté, et l’amour du travail bien fait exigent que nous réfléchissions sérieusement à nos modes consommation.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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