Le financement des autoroutes est une question longtemps restée un suspens.
Thierry Ledrich, président de la fédération des travaux publics de Lorraine, apporte une solution : l’éco-contribution. Cette "éco-taxe" permettrait de financer les infrastructures de transport de Lorraine.
L’A31 est traversée par plus de 7 500 poids lourds par jour, selon l’Observatoire des Trafics 2023 de la DIR Est. Ce trafic élevé fragilise les autoroutes et nationales lorraines, et la question du financement des travaux de rénovation est toujours en suspens. Depuis plusieurs mois, la région Grand Est travaille à l’établissement d’une "éco-contribution" en direction des poids lourds, qui traversent la Lorraine du Nord au Sud.
"Depuis plus de 15 ans, on se pose la question de l’entretien de ces routes" affirme Thierry Ledrich, président de la fédération des travaux publics de Lorraine.
"L’entretien des routes n’est pas gratuit. Il faut trouver l’argent quelque part. Soit on le fait payer par la totalité des français, à travers les impôts ou une taxe sur le pétrole, mais cela donne les Gilets Jaunes. Soit cela peut être les sociétés et des transporteurs ou les usagers étrangers."
Thierry Ledrich porte à cœur "la solution de l’éco-contribution poids lourds. Elle est particulièrement percutante dans notre région. Étant donné que sur les grands axes où il y a de la circulation de poids lourds, en Lorraine, il y a plus de 50% de poids lourds étrangers."
L’Alsace a également adopté une taxe "R-Pass", à hauteur de 0,15 euro par kilomètre, pour les poids lourds circulant sur l’A35 et l’A36. Une solution similaire a déjà été adoptée par nos voisins allemands.
Cette taxe "tiendra compte du tonnage des poids lourds et, elle sera indexée sur la classe de pollution du véhicule. L’objectif est de s’inscrire dans la transition écologique", explique-t-il. Les poids lourds seront équipés d’un boîtier, qui par un suivi GPS, permettra de savoir exactement leurs trajectoires ; et de déterminer le montant à payer.
"Lorsque l’on parle d’éco-taxe, il faut parler d’investissement." affirme le président des travaux publics de Lorraine. "On parle d’une recette de près de 90 millions d’euros par an." Les recettes seront reversées dans les projets de rénovation ou d’entretien des autoroutes, mais aussi dans le ferroviaire Sud lorrain. "La région anticipe les travaux de la RN4 alors même que l’éco-contribution ne devrait être mise en place courant 2027."
Thierry Ledrich ne cache pas son intérêt pour ce projet. "Je comprends les gens qui m'accusent de faire du lobbying dans l’intérêt des entreprises des travaux publics. C’est en partie mon rôle." En tant que porte-parole des entreprises de travaux publics, l’éco-contribution est une taxe qui serait déversée directement dans leurs poches.
"L’autoroute A31 par exemple, est une autoroute aujourd’hui, qui porte pratiquement 100 000 véhicules de trafic par jour. Alors que la plupart des autoroutes passent de deux à trois voies, dès que l’on dépasse la barre des 40 000 véhicules par jour. Ça fait plus de vingt ans que l’A31 aurait dû passer de deux à trois voies", précise Thierry Ledrich.
Propos recueillis par Cédric Rouillon
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