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Une carrière diversifiée avec un diplôme d'ingénieur en agronomie

Une carrière diversifiée avec un diplôme d'ingénieur en agronomie

Un article rédigé par Florence SALOU - le 28 mai 2025 - Modifié le 18 juin 2025
Parcours OrientationIngénieur agricole Christophe LENFANT

Être fils d'ingénieur chimiste et choisir de devenir ingénieur en agronomie biologique relève peut-être d'un conflit générationnel. C'est ce que semble finalement penser notre invité du jour, Christophe LENFANT qui nous partage son parcours. 
Son diplôme d’ingénieur le mena à des postes divers, de ces premières recherches innovantes alors que l'écologie balbutiait jusqu’à la direction d'une association locale promouvant une réflexion globale sur l'urbanisme et les paysages, en passant par l'enseignement ou l'exploitation d'une viticulture.
Ce diplôme et ses convictions écologiques profondes lui ont permis de travailler en se sentant utile pour les générations futures.

ingénieur observant une plante,image issue de freepickingénieur observant une plante,image issue de freepick

Ce qu'il faut retenir :

  • agronomie
  • écologie

Un lycéen curieux de la nature

Christophe se raconte comme un lycéen plutôt bon en sciences, passionné par la nature, les oiseaux et les insectes ; le genre de profil qu’on orientait logiquement vers un bac scientifique. Habitué aux opérations de comptage d’espèces et à l’observation du vivant, les sciences naturelles avaient ses préférences. Sa curiosité ornithologique et entomologique n’avait pas été nourrie par sa culture familiale. Ce sont ces vacances régulières à la ferme qui lui ouvrirent ce nouveau champ de connaissances riche de découvertes. Le jeune homme n’avait pourtant aucune visée professionnelle.
Après l’obtention de son bac, le choix d’un cursus lié au domaine du vivant fut une évidence. L’environnement n’étant pas encore un sujet d’étude, l’agriculture était alors le domaine d’étude qui offrait un enseignement sur le végétal et l’animal.

Un étudiant sensible au respect du vivant

Quand un ami de ses parents apprit qu'il s'inscrivait en prépa intégrée de l'ISA (Institut Supérieur d’Agriculture) de Lille, il lui conseilla de lire le Printemps Silencieux de Rachel Carson. Son autrice, biologiste marine, y dénonçait dès les années 1960 les dangers des pesticides de synthèse sur les oiseaux et la santé des riverains comme des consommateurs. Le succès de cet ouvrage appuyé sur une démarche d’observation scientifique obligea le gouvernement américain à interdire le DTT et d’autres biocides dans les cultures. Depuis 1991, un prix international décerné aux défenseurs de l'environnement porte le nom de cette scientifique. 

Cette lecture fut une révélation pour notre invité, déjà très sensible à la beauté et la richesse de la faune et de la flore. Son axe d'étude et de recherche était dès lors décidé, quand bien même l'université d'agriculture n'y était alors pas du tout sensible. Dans ces années 1980, l’agronomie s’étudiait par diverses spécialités qui ne se croisaient pas : le sol, la production et les animaux. La réflexion globale sur le vivant n'était pas encore au programme. L’agriculture se réjouissait alors de protéger efficacement ses cultures grâce aux traitements phytosanitaires et s’enthousiasmait de développer sa productivité grâce aux engins de plus en plus modernes. La recherche de rentabilité agricole restait la priorité pour beaucoup de cultivateurs soumis aux aléas sanitaires et météorologiques depuis toujours. La modernité permettait enfin de réguler leur activité. 

Christophe gardait en tête le constat étudié par la scientifique américaine. Son mémoire de recherche de fin d'études, mené avec un laboratoire suisse, avait pour thème la lutte contre les acariens de la vigne qui, piquant les jeunes pousses, nécrosent les feuilles et altèrent la production du plant. Effectivement, les acariens ne sont pas que dans nos maisons, ils abîment les cultures. Christophe étudia les prédateurs de ces nuisibles, les  typhlodromes, afin d’envisager une alternative aux pulvérisations chimiques qui traitent les vignes deux fois par an.

 

Un chercheur de solutions naturelles

Les postes qu'il décrocha ensuite traitèrent de la lutte contre les parasites arboricoles toujours par des solutions naturelles, souvent à l'aide d'insectes prédateurs, appelés « insectes auxiliaires ». Trouver une alternative aux traitements phytosanitaires permettait d’éviter les effets néfastes de ces produits qui ne cible pas précisément le nuisible mais impacte les autres végétaux, les sols, les animaux et insectes environnants. Les prédateurs du parasite opèrent, eux, un traitement ciblé. Il faut alors veiller à ce que le prédateur ne devienne pas nuisible à son tous par invasion ou attaque d’autres végétaux, espèces… L’intervention naturelle la plus connue de tous reste la coccinelle débarrassant les rosiers des pucerons. La coccinelle n’étant pas une espèce nuisible, tout le monde est gagnant. 

Dans les laboratoires de l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique), notre invité travailla sur la forficula auricularia (perce-oreilles), insecte prédateur des ravageurs d’arbres fruitiers. Si vous croisez un perce-oreille disgracieux chez vous, vous saurez maintenant qu’il peut protéger votre fruitier du jardin !

Une entreprise hollandaise l’embaucha ensuite pour travailler sur les insectes auxiliaires en serre de maraîchage. Comme vous le voyez, chaque culture craint ses propres nuisibles, qui craignent eux-mêmes leurs propres prédateurs. Le champ de recherche est donc très vaste !


« J'aurais bien mieux gagné ma vie si j'avais travaillé pour les industries phytosanitaires chimiques, c'est sûr, mais à l'heure où l'agriculture ne résonnait qu'en termes de performances et non de ressources, il fallait que nous apportions de nouvelles réponses pour anticiper les impacts écologiques qui nous paraissaient évidents. »

Si ces travaux intéressaient alors une minorité de cultivateurs, la recherche de solutions naturelles a évolué depuis. Les scandales sanitaires de pesticides à l’origine de maladies professionnelles reconnues chez les agriculteurs (dont la maladie de Parkinson) ont obligé la société, les chercheurs et les cultivateurs à envisager de nouvelles pratiques. Notre invité était donc du contingent des précurseurs. 
 

D’autres emplois pour une carrière variée

Il compléta sa formation quelques années plus tard, par un brevet de régisseur viticole, acquis à l’Université du Vin. Il passa ainsi de la recherche au travail de la vigne, pendant une dizaine d’années. Il en garde un beau souvenir, dans un beau domaine local, tout en étant réaliste quant à la charge de travail que cela représentait.

Après avoir fait un détour par la direction d’une antenne régionale du secours catholique, il eut l’occasion d’être enseignant en lycée professionnel. Son expérience riche et diverse fut remarquée par un inspecteur qui apprécia l’apport qu’elle apportait dans son enseignement.

Un poste de responsable de la formation dans l'association FREDON  consacrée à la surveillance des ravageurs vint finalement allier son expérience d’enseignement et de chercheur en agronomie. 

Force est de constater que ce diplôme et sa curiosité lui ont permis de vivre une vie professionnelle bien riche d’expériences, jusqu’à aujourd’hui, à la direction de l’association Volubilis œuvrant à la réflexion pour de nouveaux cadres de vie et de culture adaptés aux changements climatiques.

L’ingénieur agronome aujourd’hui et sa formation

Selon lui, ingénieur agronome est une formation actuellement prometteuse, que ce soit dans la recherche, le développement des outils informatiques ou même le recensement. En effet, les bureaux d'études font la part belle aux entomologistes et ornithologistes, car l'observation du milieu est devenue une obligation pour les projets de grands chantiers et l'atlas de biodiversité des communes qui catalogue et cartographie les espèces végétales et animales. 

Alors si vous êtes d'une nature curieuse, sensible à la nature, si vous avez le goût du travail en réseau, cette formation est faite pour vous.
Christophe conseille évidemment de suivre dans un premier temps des spécialités scientifiques au lycée. 

À côté du cursus général et des écoles d'ingénierie (ISARA, PURPAN, Beauvais...), d'autres filières sont possibles par la voie professionnelle. 

Un jeune au profil naturaliste peut également s’engager dans un bac pro Gestion des Milieux Naturels et de la Faune ou d’un bac pro Sciences et Technologies de l'Agronomie et du Vivant  qu’il pourra compléter par un BTS Gestion et Protection de la Nature qui peut se réaliser en alternance.

 

Amoureux de la nature, de l'agriculture, de l'élevage,  par la voie générale ou par la voie professionnelle, vous trouverez votre place dans ce monde qui s'interroge sur l'évolution de nos pratiques et de notre relation avec notre Terre.

Parcours Orientation
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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