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Sécurité, droits : pourquoi faut-il protéger les journalistes ?

Sécurité, droits : pourquoi faut-il protéger les journalistes ?

Un article rédigé par Anthony Bordes et Madeleine Vatel - RCF, le 8 février 2024  -  Modifié le 8 février 2024
Je pense donc j'agis Sécurité, droits : pourquoi faut-il protéger les journalistes ?

Précarité, accès difficile aux sources, auto-censure, mainmise des plateformes web : ce contexte menace les journalistes, et son corolaire l'information, pilier de la démocratie. Pourquoi faut-il sécuriser une profession et au nom de quoi ? Nos journalistes sont-ils en danger ? Une émission Je pense donc j'agis présentée par Madeleine Vatel et Melchior Gormand.

Photo d'illustration © Terje Sollie / Pexels Photo d'illustration © Terje Sollie / Pexels

40 % des journalistes ayant obtenu leur carte de presse après 2008 ont quitté la profession au bout de sept ans. Un chiffre confirmé par le chercheur et sociologue des médias, Jean-Marie Charon, auteur du livre Jeunes journalistes - L'heure du doute, paru aux éditions Entremises en 2023.

Journaliste, une profession précaire ?

"Précarité" : une crainte devenue une réalité du métier pour les jeunes sortant des écoles de journalisme : 66 % des journalistes de moins de 30 ans sont en situation de précarité. Une précarité qui se traduit par plusieurs employeurs et la difficulté à garder la carte de presse, sésame officiel pour les accréditations, signe de reconnaissance auprès de la profession et synonyme d'un avantage fiscal. Or beaucoup n’ont pas suffisamment de revenus issus en majorité des médias, pour pouvoir obtenir la carte de presse. Selon Ludovic Finez, journaliste pigiste pour L’Humanité et la Vie Ouvrière, le prix à payer pour rester dans la profession est "d’assumer cette précarité". Il explique la place du pigiste dans ce système : "Le pigiste est payé à l’article et doit avoir suffisamment de commandes et de propositions retenues pour qu’il puisse en vivre."

Un facteur qui explique cette situation : huit français sur dix ne paient pas l’information. Benoît Hervieu-Léger, chef de rubrique de la Revue projet, et à l'origine du dossier Journalisme, zone démocratique à défendre le déplore : "L’information a un prix car c’est tout un processus de recherche. Elle doit se payer mais les gens ne font plus assez confiance aux médias pour l’acheter."

Des sources à protéger

La liberté de la presse reste fragile, et peut-être plus encore à l’heure actuelle. Le travail des journalistes souffre des intimidations et des attaques, verbales ou physique. Ludovic Finez prend l’exemple d'Ariane Lavrilleux, perquisitionnée chez elle et mise en garde à vue pour avoir divulgué la source qui lui avait permis une enquête sur l'Opération Sirli. "Comme elle l’avait clamé, c’est une atteinte à la liberté d’informer, selon le pigiste. Une vague de soutien avait émergé à la suite de l’affaire, perçue comme un coup de poignard à la liberté de la presse et aujourd’hui considérée comme une attaque contre la protection des sources. Ces atteintes entravent les journalistes et les médias dans leurs enquêtes lorsqu’ils cherchent des informations à obtenir pour une bonne investigation. La protection du secret des affaires pose aujourd’hui un "vrai problème" pour Ludovic Finez.

 

Je pense donc j'agis Sécurité, droits : pourquoi faut-il protéger les journalistes ?

Publicité : un fil à la patte ?

La publicité est désormais très présente dans la presse et sa relation avec elle est très particulière. Paradoxe : les journaux aimeraient s’en passer mais en ont besoin pour vivre. Face aux grands coûts de production de l’information, les médias doivent avoir des revenus supplémentaires. Nathalie Sonnac, professeure des universités et ancienne membre du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, explique que lorsque les citoyens ne payent plus l’information, la principale source de financement des médias est la publicité. Elle développe : “Toute la complexité de cette économie, c’est qu’il faut respecter la démocratie mais c’est une économie qui coûte cher. Il faut savoir la financer.”. 

Les plateformes servent ou desservent le journalisme ?

Depuis l’arrivée d’Internet et des nouvelles technologies, de nouveaux acteurs siphonnent les revenus publicitaires des médias traditionnels. "En 15 ans, la presse écrite a perdu quasiment 70 % de ses revenus publicitaires", indique Nathalie Sonnac. La presse n’a pas non plus assez de lecteurs pour couvrir son coût de production. Pour Nathalie, cela sonne le glas d’un danger démocratique. "Le modèle économique de ces médias vacille ! Il n’y a plus de lecteurs, plus de spectateurs, plus de revenus publicitaires. Tout va au profit des nouveaux acteurs", constate la professeure d’université. Les médias ont connu un bouleversement très - trop - rapide depuis l’arrivée du numérique. Les professionnels du métier ont été vite mis en danger, le cadre légal n'étant pas prêt pour garantir leur indépendance. 

Les modes de consommation des médias ont drastiquement changé avec l’arrivée des plateformes. Dans ce nouveau paysage, des figures comme Hugo Décrypte font leur apparition : c’est un contenu qui a pour vocation de rendre l’actualité plus accessible pour les jeunes. Des médias indépendants et alternatifs sont aussi en train d’émerger.

 


Médias indépendants : une nouvelle forme de journalisme ?

Dans un paysage médiatique en constante évolution, des médias refusant tout lien avec des acteurs économiques,  émergent. Ils viennent bouleverser la manière dont l'information est produite, consommée et interprétée. Ces médias offrent une alternative, mais sont-ils suffisamment puissant pour rester aussi indépendants qu'ils le disent et le veulent ? Écoutez la seconde partie de l'émission Je pense donc j'agis

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© RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Je pense donc j'agis

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