Secteur viticole bordelais : défis et solutions
L’automne marque la fin des vendanges dans les vignobles bordelais. L’occasion de faire un point sur le cru 2025 et plus globalement sur le secteur viticole local. Un secteur qui fait face à différents enjeux (économiques, environnementaux, ou encore sociétaux, avec de nouvelles habitudes de consommation). L’occasion d’évoquer les défis et les solutions possibles avec Pascal Boissonneau (sixième génération de viticulteur et propriétaire des vignobles Boissonneau), Alfredo Coelho (professeur associé en gestion des entreprises dans le domaine des vins et spiritueux à Bordeaux Science Agro) et François-Xavier Maroteaux (président de l’Union des grands crus de Bordeaux).
Pascal Boissonneau (sixième génération de viticulteur et propriétaire des vignobles Boissonneau), Alfredo Coelho (professeur associé en gestion des entreprises dans le domaine des vins et spiritueux à Bordeaux Science Agro) et François-Xavier Maroteaux (président de l’Union des grands crus de Bordeaux) crédit photo : RCF Bordeaux"Un Beau millésime" 2025 malgré des volumes plus faibles
Pour Pascal Boissonneau, viticulteur bio et propriétaire des vignobles Boissonneau, le cru 2025 "est un beau millésime que ce soit en blanc ou en rouge avec des belles qualités de vendanges" pour le secteur de l’Entre-deux-Mers. En termes de quantité, le viticulteur reconnaît "un volume un peu plus faible dû à la sécheresse du mois d’août". Un constat partagé par François-Xavier Maroteaux, le président de l’Union des grands crus de Bordeaux concernant la partie Médoc avec "une petite production". Le propriétaire du château Branaire-Ducru, 4ème grand cru classé à Saint-Julien, évoque "un rendement historiquement bas, dans les environs de 25 hectolitres sur l’appellation". À l’échelle mondiale, Alfredo Coelho, professeur associé en gestion des entreprises dans le domaine des vins et spiritueux à Bordeaux Science Agro, estime que "la récolte mondiale va être faible. C’est une petite récolte" à l’exemple de l’Italie, l’Espagne ou encore l’Allemagne.
La mauvaise nouvelle des taxes Trump
La décision du président américain Donald Trump de taxer les vins français à hauteur de 15 % "n’est pas une bonne nouvelle pour la filière. Il ne faut pas oublier qu’à l’export, les États-Unis, ça reste le premier marché pour Bordeaux. Il est évident qu’on va perdre à l’exportation" explique François-Xavier Maroteaux. Une décision qui peut avoir pour effet "de ralentir les commandes et les envoies de vins" confie Pascal Boissonneau, même s’il n’a pas personnellement "vraiment ressentie l’effet de la taxe Trump".
De son côté, Aflredo Coelho estime que cette décision aura sûrement pour conséquence "un surcoût sur les prix de vente des vins bordelais et sur le marché américain. Mais par contre, ça crée un écart vis-à-vis des pays du nouveau monde comme le Chili qui ne paye pas de taxes de douanes pour exporter les vins vers les États-Unis".
Face au défi climatique, François-Xavier Maroteaux évoque le fait "d’adapter un peu le vignoble, d’une façon ou d’une autre que ce soit dans la taille, dans la façon de travailler les sols, mais c’est vrai qu’on ne subit plus qu’on ne peut trouver des solutions". Il estime qu’à l’avenir, "on produira de moins en moins de vin parce qu’on a de plus en plus de contraintes. En revanche, ce réchauffement climatique, pour le consommateur, il a un intérêt, c’est qu’on a jamais fait autant de grands vins qu’aujourd’hui".
Des solutions variées pour aider le secteur viticole Bordelais
Face aux nombreux défis rencontrés par le secteur viticole Bordelais, François-Xavier Maroteaux cite le fait, pour les nombreuses propriétés appartenant à l’Union des grands crus de Bordeaux, "d’aller sur le terrain, pour aller voir les distributeurs, les consommateurs. Dans ces périodes très compliquées, on a coupé énormément de coûts. Mais l’un des seuls coûts qu’on a gardé, c’est la promotion ; d’essayer d’être le plus présent possible".
De son côté, Pascal Boissonneau confie chercher "de nouveaux consommateurs qui cherchent de nouveaux profils de vins". Le viticulteur a ainsi produit un vin inédit, prénommé le "Blouge" qui est un "assemblage de blanc et de rouge qui permet de faire un vin un petit peu plus léger, fruité, qui est complètement différent de ce que l’on fait" . Il travaille également sur "un profil en désalcoolisation". François-Xavier Maroteaux évoque le fait de se "réinventer dans la façon de présenter nos vins" ainsi que "l’accès au vin" mais aussi multiplier les événements pour faire goûter les vins aux consommateurs.


Regards sur l'actualité est l’émission de la rédaction de RCF Bordeaux. Chaque semaine, des acteurs de la vie politique, culturelle ou économique viennent apporter leurs regards croisés pour répondre à un sujet d’actualité lié à leur domaine.



