Se former chez les Compagnons du Devoir et du Tour de France (3)

Le compagnonnage contemporains en quelques dates

L’association présentée aujourd’hui fut fondée en 1941 sous le nom d’Association ouvrière des Compagnons du Devoir et du Tour de France, officialisant un fonctionnement, répondant au cadre de la loi 1901. Elle fut reconnue d’utilité publique en 1943, pour son projet de formation professionnelle. L’adoption du statut de CFA fut entérinée en 1972. 

L’exigence de la formation, son partenariat appuyé avec près de 2800 entreprises et l’organisation d’un stage à l’international lui ont ouvert les portes de la Conférence des Grandes Ecoles en 2014. On peut noter qu’au-delà de la reconnaissance de sa qualité professionnelle, le compagnonnage est inscrit au registre du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco depuis 2010.

Bien que la transmission soit le cœur du compagnonnage, les compagnons, loin d’être enfermés dans une vision et une tradition passéiste, continuent perpétuellement de maintenir une veille sur les innovations et évolutions des métiers, afin de rester des ouvriers, des artisans, des concepteurs, des chefs d’entreprise toujours reconnus pour leur réponse qualitative aux demandes des clients.

Le parcours type d'un jeune, d'un aspirant, d'un compagnon

Celui ou celle qui désire apprendre un métier dans ce cadre de formation nourri de fraternité et d’exigence, peut s’inscrire à l’une des 35 formations de métiers proposés, via le site internet . Le centre national vous invitera à une visioconférence présentant le parcours et les conditions de la formation et répondra à toutes vos questions avant de vous inviter à un entretien avec le prévôt de la maison offrant la formation désirée.

Après 2 ans de préparation dans le centre de formations (par périodes de 15 jours) et dans l’entreprise d’accueil (par périodes de 4 à 6 semaines), une fois le diplôme obtenu, si la vie compagnonnique semble vous convenir ou vous attire, le Tour de France vous sera proposé.

Il débutera par la présentation d’un premier travail personnel, validant votre qualité d’ouvrier et votre niveau de motivation, lors d’une cérémonie appelée "l’adoption".

Ce grand tour de 5 ans n’est pas une promenade mais un vrai chemin de progression vers l’excellence, l’adaptation, l’ouverture culturelle, la découverte des autres et de soi. 

Tous les aspirants - comme sont appelés ceux et celles partis sur les routes du pays - n’achèveront pas leur parcours car il demande beaucoup d’énergie et d’heures de travail. Certains y renoncent. Tous pourront cependant compter sur le soutien des autres aspirants et compagnons rassemblés chaque soir dans l’une des 252 maisons des compagnons, pour partager la vie quotidienne.

La fin de ce parcours, à la fois géographique et professionnel, sera marquée par la présentation du travail de réception qui, s’il est validé, fera de l’aspirant un compagnon à part entière. Son intégration sera symbolisée par une cérémonie.

Un bout de chemin hors de France est vivement conseillé pour approfondir ses capacités d’adaptation et techniques. Là encore, le départ est préparé, guidé et accompagné par l’association. 

A l’heure actuelle, près de 1200 compagnons sont intégrés dans une entreprise à l’étranger, pour une année. Ils œuvrent dans l’esprit compagnonnique sur les 5 continents, jusqu’en Antarctique ! Les bases scientifiques du pôle Sud ont également besoin de techniciens, cuisiniers, artisans !

Le projet de formation de l’association demande au compagnon accueilli de consacrer 3 années à la pérennité de la transmission. Après avoir reçu, vient leur tour de donner en devenant compagnon itinérant encadrant les cours du soir, ou prévôt, ou formateur.

Ce parcours de formation, riche et intense, aboutit pour 90% des apprentis à un emploi, et souvent, pour les compagnons issus du Tour de France, à des emplois de direction, gestion, management.

 Notons que cette années 6 compagnons ont remporté des médailles d’or aux très réputés concours des métiers organisés par WorldSkills et 51ont reçus des médailles d’or au concours des Meilleurs Apprentis de France en 2023. « Les concours, défis et compétitions ne sont pas des podiums à conquérir, mais des chemins de transformation » précise Fabien le Quellec, responsable du service veille te valorisation des métiers.

Vivre compagnon au quotidien

Plus que de la formation professionnelle qualitative, l’association vise un objectif de formation plus global, tant par la transmission de savoirs et de savoir-faire, que par des savoir-être guidés par des valeurs telles que la solidarité, la fraternité et la générosité.

La vie de compagnon pourrait ressembler à une vie en internat, néanmoins si l’on parle de « maison », c’est que l’esprit y est plus familial avec tout ce que cela comporte de règles et de convivialité. Il ne s’agit pas que d’une proposition logistique d’hébergement mais d’un apprentissage du vivre ensemble, de la participation au collectif, des responsabilités individuelles et du partage.

Certains temps de vie communs restent obligatoires. Les repas se déroulent avec la communauté réunie et en tenue correcte, tout comme les cours du soir qui s’organisent ensuite. La participation aux tâches d’entretien, plus ou moins importantes selon les besoins des maisons, reste également incontournable pour garantir des conditions de vie collective agréable. 

Le prévôt et la maîtresse de maison (ou le maître) veillent au respect des règles et des comportements respectueux tout en gardant à l’esprit qu’ils accompagnent des jeunes appelés à progresser. 

Pour autant, certains abus ne seront pas admis et la place dans la maison n’est pas attribuée sans condition.

Les deux responsables veilleront tout autant au bien-être de chaque jeune, qu’à leurs besoins de soutien que ce soit moral quand la fatigue se fait sentir ou administratif pour les aider à gérer leurs papiers.

Pour ce qui est de la convivialité, les samedis soir et les dimanches sont traditionnellement animés de sorties, de jeux, de repas conviviaux afin que chacun profite de la relache du week-end dans la bonne humeur du groupe qui apprend à se connaître au fil des jours, loin des familles.  

L'esprit des compagnons

Les 4 piliers du compagnonnage sont : le métier (apprendre à être autonome et recevoir le patrimoine culturel d’un corps de métier), le voyage (aller à la rencontre de soi et des autres), la communauté (rencontrer différentes générations et origines, partager dans une communauté d’esprit), l’initiation (cheminer au fil d’étapes et de moments festifs). 

Chaque maison affiche dans son sein les valeurs qui constituent cet état d’esprit : confiance, générosité et fraternité, mais aussi patience et exigence.

« Le compagnon doit ainsi s’efforcer de se montrer capable dans son métier, digne dans son comportement, libre d’agir en accord avec ses idées et généreux(se) en n’attendant rien en retour de ce qu’il donne. »

Pour finir, dans un esprit d'ouverture à tous, la place faite aux femmes depuis les années 2000 va grandissante. Jusque-là réservée à la gent masculine, la voie fût ouverte par Lucie BRANCO devenue 1ère compagnon tailleuse de pierre en 2004. A ce jour, cette section reste l’une des formations proposées les plus féminisées, dans les métiers du bâtiment. La maison de Carpentras accueille un peu plus de 25% de femmes, les taux évoluant peu à peu à la hausse. 

Également, afin d’accueillir toutes les inscriptions motivées, un accompagnement dédié sera mis en place pour les candidatures annonçant un handicap.

Les compagnons ouvrent donc leurs portes aux personnes motivées, hommes ou femmes, et même porteurs de handicap, pourvu que la passion du travail bien fait soit présente et que le poste soit adaptable aux handicaps annoncés. 

Retrouvez tous les renseignements et la page d'inscription sur le site internet de l'association!