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Se former chez les Compagnons du Devoir et du Tour de France (2)

Se former chez les Compagnons du Devoir et du Tour de France (2)

Un article rédigé par Florence SALOU - le 27 juin 2025 - Modifié le 27 juin 2025
Parcours OrientationLes compagnons du devoir et du Tour de France 2

Notre invité, Jules Arson, est prévôt de la maison des compagnons de Carpentras, et pourtant il n’est pas bien vieux pour assumer une telle responsabilité qui s’assimilerait à un poste de directeur d’établissement. A mi-chemin de sa vingtaine d’années, il nous raconte son parcours de compagnon et comment il en est arrivé à accepter cette fonction, loin des prévisions du jeune apprenti qu’il était en y entrant à 17 ans.

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Ce qu'il faut retenir :

  • parcours d'artisan compagnon

Un adolescent passionné de menuiserie

Passionné de menuiserie, le jeune Jules confirma son goût pour le travail du bois lors de stages auprès de professionnels et pensait s’inscrire en Bac Pro après le brevet. Constatant son niveau scolaire, certains le poussèrent à envisager plutôt un bac technologique ST2A (Sciences et Technique des Arts Appliqués) avec lequel il découvrit l’exploration des matériaux, du design, du dessin. 

Ce n’est donc qu’à 17 ans qu’il rejoignit les compagnons dont il avait entendu parlé par un apprenti rencontré en stage de menuiserie. Il quitta son lycée de Lozère, intégra la maison des compagnons de Toulouse pour sa formation en CAP de menuiserie, et la maison d’Albi pour ses semaines d’alternance dans un atelier de production et restauration pour les Monuments Historiques. 

Un désir de poursuivre le chemin sur les chemins de France

Le jeune menuisier ne comptait pas se satisfaire de ses 2 ans d’apprentissage et entama son tour de France pour préparer son brevet professionnel. « La grande aventure ».  Tous les 6 mois, il allait changer de ville, d’entreprise et de pratique professionnelle. 

A 19 ans, dans le train en partance pour Paris, c’est le début d’un parcours prenant et exigeant qui se traçait devant ce jeune « aspirant compagnon ».

 Sa nouvelle entreprise d’accueil ne travaillait pas pour les Monuments Historiques mais dans l’agencement mobilier, un autre volet du métier. Le Covid freina le rythme habituel du parcours, il resta finalement une année entière dans la capitale avant de partir pour Angers dans un atelier de fabrication d’escaliers (là aussi, une technique très particulière), puis pour Saint-Nazaire dans un atelier d'aménagement de bateaux (encore un domaine spécifique). Le Brevet Professionnel en poche, il poursuivit son tour de France vers Grenoble où il prépara un DEUST (Diplôme d’Etat Universitaire Scientifique et Technique) dans l’idée de devenir maître d’œuvre ou chargé d’affaire en entreprise. 

A côté de ce diplôme et de son travail en alternance en entreprise, notre invité prépara son chef d’œuvre – cette pièce très technique démontrant ses qualités d’artisan - qu’il présenta à ses pairs expérimentés. 

Après un nombre d’heures incalculables prises sur son temps libre, Jules présenta une charpente de couverture courbée, ouvrage très technique de par le calcul, la découpe et l’imbrication des courbes. L’enjeu étant de confectionner un objet admirable, il faut imaginer le jeune artisan penser et dessiner un vrai casse-tête géométrique précis et fonctionnel. Autant que le savoir-faire manuel, la maîtrise de cette étape de conception mentale est indispensable pour perdre le moins de matière possible et de temps à gérer des problèmes mal anticipés. L’œuvre est restée dans la maison compagnonnique, comme bien souvent pour les chefs d’œuvre. Visiter une maison des compagnons, c’est visiter un musée de la technique et de l’excellence. Les chefs d’œuvre n’ont pas de réelle valeur financière, ou s’il fallait l’établir, le prix serait exorbitant au vu du temps passé à les réaliser ! Reconnu par ses pairs comme artisan de qualité et de valeurs, Jules devint alors officiellement Compagnon du Devoir et du Tour de France

poignée de main, image issue de freepick.com

Devenir passeur du savoir

Il passa l’année suivante à Bordeaux, pour finaliser son diplôme universitaire et partager son savoir comme compagnon itinérant auprès des nouveaux apprentis. Le goût de la transmission se révéla plus prégnant qu’il ne l’avait imaginé.

Arrivé à la fin de ces années de tour de France, pour clore ce parcours, Jules eut à choisir pour les 3 années suivante le poste de formateur, d'itinérant ou de prévôt. Son ami, lui-même alors prévôt de la maison de Bordeaux, tenta régulièrement de le pousser vers ce poste à responsabilité sans que notre invité n’y trouvât d’attrait. L’image du directeur garant de la discipline et du cadre administratif le motivait peu. Puis, en réfléchissant à toute la richesse que ce parcours lui avait apporté et à son goût pour la transmission, après une réunion d’information, le défi lui parut convainquant. Après avoir été formé par l’association et tuilé par un prévôt en poste, il est donc aujourd’hui responsable de deux maisons (Carpentras et Salon), où il est épaulé par une maîtresse de maison. 

Ce poste n’est pas de tout repos, mais l’expérience est très formatrice.

Le tuilage avec le prochain prévôt le préparera à laisser la place et à envisager son avenir professionnel, maintenant qu’il a démontré sa haute valeur d’artisan concepteur autant que ses compétences de directeur. 

Parcours Orientation
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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