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Se former chez les Compagnons du Devoir et du Tour de France (1)

Se former chez les Compagnons du Devoir et du Tour de France (1)

Un article rédigé par Florence SALOu - le 27 juin 2025 - Modifié le 27 juin 2025
Parcours OrientationLes compagnons du devoir et du Tour de France 1

L'existence de travailleurs « compagnons » est relativement bien connue sans pour autant que leur définition soit très claire dans l'esprit des gens. Des ouvriers formés au fil de chantiers aux quatre coins de France, au parcours couronné par un chef-d'œuvre, en serait la définition la plus courante.

Notre invité, Jules Arson, est venu nous expliquer la réalité de cette formation chez les Compagnons du Devoir et du Tour de France. En avant pour 3 épisodes!

logo des Compagnons du Devoir et du Tour de Francelogo des Compagnons du Devoir et du Tour de France

Ce qu'il faut retenir :

  • formation
  • compagnons du devoir
  • compagnons du tour de france
  • apprentissage
  • alternance

Des origines légendaires aux traces archivistiques, une association d'artisans multiséculaire

Les origines légendaires du compagnonnage remontent au Xème siècle avant JC, lors de l'édification du premier temple de Jérusalem, sous l'égide du roi Salomon, de Maître Jacques et du Père Soubise. La transmission des secrets de construction se seraient ainsi transmis au fil des générations d’ouvriers compagnons. 

Les premières traces archivistiques remontent, elles, à l'édification des premières grandes cathédrales gothiques, au XIIIème siècle. Ces projets d'envergure s'élevant partout en France rassemblèrent des corps de métiers divers comme maçons, charpentiers, tailleurs de pierre et serruriers. Une volonté de se libérer des corporations naquit de ces ouvriers motivés pour parcourir le pays et ces nombreux chantiers. Les corporations avaient pour objectifs de cadrer les pratiques, les chantiers, les embauches et en même temps de mutualiser les ressources afin de protéger socialement les ouvriers. Les premiers compagnons souhaitaient répondre à l'appel des chantiers qui se succédaient dans les grandes métropoles ou les villes désirant chacune leur œuvre gothique. Cette mobilité n'était pas permise par les corporations qui régulaient le marché de l’emploi. De cette volonté d’affranchissement solidaire apparut un réseau de lieux d'accueil, d’apprentissage et de fraternité. 

La Révolution mit fin aux corporations, permit l'installation à son compte et interdit les associations d'ouvriers. S’ils étaient libérés de l’emprise des corporations, les compagnons continuèrent d’entretenir leur réseau malgré l’interdiction de travail en association. Ils organisèrent même les prémices des syndicats. Agricol Perdiguier, compagnon menuisier, popularisa le statut d’ouvrier par ses écrits. 

La révolution industrielle vint par la suite fragiliser la dynamique de ce réseau réputé pour son sérieux, sa qualité technique et la transmission de savoir-faire traditionnels. 

Toutefois, le vent de modernité enthousiasma certains corps de métiers compagnonniques, relevant le défi d’allier tradition et innovation, notamment par leur participation au chantier de la Tour Eiffel. 

L'idée de la formation au sein des compagnons se trace au fil de cette histoire jusqu’à aujourd’hui : transmission, solidarité, voyage et adaptation aux innovations techniques et technologiques.

 

Une association inscrite dans les cadres légaux de la formation

Les formations actuellement proposées au sein de l'Association ouvrière des Compagnons du Devoir et du Tour de France s'inscrivent dans les cadres de l'Éducation nationale ou de la Chambre des Métiers et se concluent par des diplômes ou des certifications reconnus par l'État. Seules quelques formations très spécifiques et techniques sont proposées en formation interne, pour des spécialisations de fin de parcours de compagnonnage.

Ces formations répondent donc aux attendus des cadres établis par les ministères, régulant l'alternance en entreprise, le contenu de formation théorique, et les grilles de salaires perçus durant la formation.

Les temps de formations sont tous assurés par des compagnon(ne)s ayant achevé leur parcours et obtenu leur diplôme, répondant à cet objectif de transmission et de solidarité.

35 métiers à apprendre partout en France

Les compagnons du Devoir et du Tour de France préparent actuellement plus de 11 000 jeunes à 35 métiers  réunie en 4 grandes familles : métiers de bouche, métiers des matériaux souples, métiers du bâtiment et de l'aménagement et métiers de l'industrie. 

Tous des métiers de l'artisanat permettant d'entrer dans une profession manuelle, toutefois l'esprit de la formation reste d'accompagner le jeune dans un projet qui lui convienne, il pourra ainsi évoluer vers des métiers de conception, de gestion, de management.

Attention toutefois, la cinquantaine de centres de formation (appelées « maisons ») ne forment pas aux 35 métiers proposés par l’association. Chacune proposera différentes formations répondant généralement au besoin artisanal de la région et à la taille de l'établissement. Par chez nous, vous trouverez la toute nouvelle maison de Carpentras qui propose 2 formations : maçonnerie et couverture. 

Une palette de diplômes et de qualifications

Cette association propose différents grades de diplômes ou qualifications, allant du CAP post-collège au certificat de spécialisation, donnant accès à des diplômes d'études supérieures (jusqu'à l'Exécutive Master) qui se préparent en partenariat avec d'autres écoles

L'entrée chez les compagnons s'effectue généralement pour un CAP ou un bac Pro, avant de proposer une poursuite de formation lors du Tour de France. Cette formation itinérante ne sera accessible qu’aux apprenti(e)s de moins de 25 ans. Les adultes plus âgés pourront, eux, se former chez les compagnons au sein de leur structure CFA (Centre de Formation pour Adultes) proposant des formations longues ou courtes (finançables par les CPF).

Une alternance intensive pour entrer dans le métier

Les plus jeunes, sortant du collège, doivent se préparer à suivre une formation dont la majorité du temps se vivra en entreprise, contrairement à une formation professionnelle en lycée. 4 à 6 semaines de travail en entreprise alterneront avec 2 semaines de cours à la maison des compagnons. 

En effet, l'expérience acquise par des projets pratiques auprès d'artisans chevronnés reste privilégiée. La théorie sera travaillée 2 heures chaque soir, après les journées en entreprise, chacun étant occupé à son travail personnel (recherches, exercices) venant enrichir ou parfaire les techniques vues lors des journées de travail. Des compagnons itinérants, déjà formés et présents dans les différentes maisons, assistent les apprenti(e)s lors de ces cours du soir. 

Il est donc réaliste de dire que les semaines d'un apprenti sont très rythmées par la vie en entreprise, la vie quotidienne à la maison des compagnons et les semaines de formation. L'entraide et l'émulation créées par la vie quotidienne partagée avec des apprenti(e)s de différents âges, différentes origines sociales, différents corps de métier, encadrée par le prévôt et la maîtresse de maison, permettront de vivre ce rythme intense dans un esprit de soutien.

Il faut noter que le jeune désireux d'intégrer cette formation doit trouver lui-même son entreprise d'alternance.

 

apprentissage en atelier, image issue de freepick.com

Quels profils d'apprentis sont recrutés?

Que ce soit par les vidéos de présentation, des films (Compagnons, la Pendule à Salomon, Ardéchois Cœur Fidèle), une visite aux portes ouvertes (que je conseille vivement), ou par vive curiosité, le jeune motivé pour intégrer la formation de cette association doit signaler son intention par une inscription sur le site internet national. Le siège national de recrutement le recontactera pour l'inviter à une visioconférence plénière qui lui présentera l'association, la formation et répondra à toutes ses questions. Si la motivation est toujours présente, il sera invité à un entretien par le prévôt de la maison de sa formation.

Notre invité, prévôt de la maison de Carpentras ne prêtera pas l’essentielle de son attention au bulletin de notes scolaires, mais plutôt à son discours de motivation, sa politesse et sa ponctualité.

Cette démarche d'inscription n'entre pas dans les procédures AFELNET et Parcours Sup, elle est donc possible toute l'année, jusqu'en août, pour une rentrée en septembre, à partir de 15 ans (si toutefois les formations ne sont pas déjà remplies, chaque section ayant un nombre de places limitées).

 

 

poignée de main issue de Freepick.com

 

Tour de France et à l'étranger

Après deux années de formations d'entrée dans le métier, le jeune peut s'engager à intégrer le Tour de France. Le principe en est de continuer son apprentissage en changeant de lieu régulièrement, toujours accueilli par une maison de compagnons et une entreprise. Il faut donc accepter de voyager, découvrir d'autres pratiques souvent liées à d'autres matériaux ou d'autres besoins particuliers au bassin de vie, d'autres cultures... Il faut accepter de changer de région chaque année, ou semestre selon le métier, et compter sur la fraternité pour se savoir accueilli partout où l'on sera amené à travailler.

L'exigence du métier évoluant avec l'ancienneté, les qualités professionnelles seront toujours attendues, et seront démontrées lors de la présentation du chef d'œuvre qui illustrera les savoirs acquis tout au long du parcours

Il s'agit d'une expérience exigeante et chronophage, qui dure au minimum 5 années mais dont on sort grandi professionnellement et personnellement. « Le voyage forme la jeunesse » dit-on ! 

Les compagnons du devoir forment aussi bien de futurs professionnels de haute qualité que des personnalités marquées par une ouverture d’esprit et un sens du partage.

Intéressé par ce cursus riche d’expérience ? Rendez-vous sur le site https://compagnons-du-devoir.com/

homme partant en voyage, image issue de freepick.com
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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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