Santé et prévention : que fait l’Europe ?
L'Union Européenne joue-t-elle un rôle central ou secondaire dans la politique de santé de ses États membres ?
L'Europe de la santé / DRCe qu'il faut retenir :
- L’Europe a un rôle flou dans les politiques de santé conduites par ses États membres
- L’Europe pèse sur les politiques de santé par les priorités budgétaires qu'elle définit
- La privatisation des soins est-elle une perspective souhaitable ?
QUE FAIT L'EUROPE EN MATIÈRE DE SANTÉ ?
L’Europe joue, a priori, un rôle secondaire dans la santé des citoyens de ses États membres. Ce sont surtout les États membres qui sont eux-mêmes responsables de l'organisation et de la fourniture de services de santé ou de soins médicaux. Dans leurs limites territoriales, ils font en fonction des besoins, des problèmes spécifiques qu’ils rencontrent mais aussi en fonction de leurs moyens. Sur ce dernier point l’Europe met parfois la main au portefeuille pour améliorer ou créer des structures de soins comme des hubs hospitaliers.
Par ailleurs, le rôle de l'Union européenne (via un Plan Santé) est aussi de travailler sur les défis nouveaux comme la fourniture de médicaments en Europe, la gestion des données des patients, la recherche de pointe contre les maladies graves et l'exode du personnel soignant au sein même de l'Union.
En matière de santé, l'Europe a donc un rôle peu intrusif, peu régulateur, aux antipodes de ce qui lui est reproché fréquemment.
LE NERF DE LA GUERRE
Mais quand l’Europe dresse une feuille de route et des priorités budgétaires valables pour l'ensemble de ses États membres, ces priorités ont un impact sur la santé qui bien souvent fait office de variable d’ajustement budgétaire. Quand la course à l’armement et le glissement vers une économie de guerre se profilent, c'est souvent la santé qui en paie le prix.
LES PROMESSES ET LES ACTES
En réaction à ces inquiétudes, en février 2024, alors que la campagne pour les élections européennes démarrait doucement, un organe représentatif de plusieurs structures syndicales actives dans le secteur de la santé et du soin (la Coalition Santé) a organisé un débat à ce sujet avec plusieurs candidats belges aux élections européennes.
Étaient présents à la rencontre : Estelle Ceulemans pour le PS ; Saskia Bricmont pour Ecolo ; Marc Botenga pour le PTB ; Yvan Verougstraete pour Les Engagés et Yannis Bakhouche pour le MR. Tous étaient d’accord sur le fait que la santé ne peut pas et ne doit en aucun cas être un "variable d’ajustement". À l’occasion de cette rencontre, la crainte d'une dégradation brutale de nos systèmes de santé dans les années qui viennent était partagée par tous les politiques présents de gauche, de droite comme du centre.
Tous se disaient conscients que nous sommes à un moment de basculement possible vers une commercialisation de plus en plus forte de pans entiers du secteur de la santé, sous l'impulsion de politiques européennes de plus en plus rigoristes et d'une multiplication des conflits aux abords de l'Europe.
QUESTION DE PRIORITÉS
Depuis que des foyers de guerres se sont ravivés à nos portes, les pays européens réinvestissent massivement dans l'armement. C'est un fait et peut-être une nécessité. L'Union Européenne les y invite en tout cas, sous l'impulsion de l'Otan. C'est dans ce cadre d'ailleurs que les Etats-Unis ont demandé récemment que le seuil difficile à atteindre de 2% du PIB investis dans la Défense passe à 5% pour les pays membres de l'Alliance.
Non sans lien, alors que les populations européennes vieillissent, la crainte légitime des acteurs de terrain est celle de voir des pans entiers des systèmes de santé et de soin sombrer petit à petit dans une médecine inégalitaire où, pour être en bonne santé et le rester, il faudrait en avoir les moyens.
USA ! USA !
Une santé privatisée, totalement délaissée par l’État, concrètement, ça signifierait quoi pour vous et moi ?
Il suffit pour le comprendre de regarder du côté des Etats-Unis : pas de consultation médicale à moins de 150 dollars, plusieurs milliers de dollars pour un séjour aux urgences, des soins pratiqués seulement si vous êtes solvable ou prêt à vous endetter, des milliers de conducteurs myopes sur les routes qui ne portent pas de lunettes par manque de moyens, des zones rurales sans un hôpital à 500 kilomètres à la ronde ; et, parallèlement, les meilleures installations médicales et les meilleurs spécialistes du monde massés dans les grandes villes.
Est-ce un avenir souhaitable pour l'Europe et les européens ?
Julien Bal @Chrom_MOSS


L’émission qui, chaque semaine, vous donne les clés pour comprendre l’Europe et vous amène à la rencontre des actrices et acteurs qui en font battre le cœur.
Chaque vendredi à 17h03, rediffusions samedi à 12h & lundi à 5h et 22h, sur 1RCF Belgique.
