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Quitter son métier d'enseigante pour devenir biographe

Quitter son métier d'enseigante pour devenir biographe

Un article rédigé par florence SALOU - RCF Vaucluse, le 25 novembre 2025 - Modifié le 25 novembre 2025
Parcours OrientationFlorence SALOU 3 Le métier de biographe à l'heure de l'IA

Après seize années dans l'enseignement primaire, l'énergie n'étant plus disponible pour relever les défis toujours plus nombreux imposés par le ministère, avec toujours moins de moyens, il est arrivé un moment où changer d'activité, d'univers et de rythme devint nécessaire.

Le projet de réorientation murissait depuis déjà quelques années, il devint réalité après que des lectures, des rencontres et des essais confirmèrent ma motivation à devenir biographe. 

Comment change-t-on de vie pour une activité si peu connue ? Je vous partage mon aventure de réorientation professionnelle.

entretien, issu de freepick.comentretien, issu de freepick.com

Quoi faire de mon cerveau et de mes dix doigts, qui soit utile, créatif et qui rende heureux ? M'imaginer dans des dizaines de professions occupa mon esprit quelques mois, jusqu'à ce que je me rende compte que partout où je vais, qu'importe les personnes que je rencontre, il y a toujours quelqu'un pour me raconter sa vie. Ces situations-là, je ne les ai jamais subies (ou très rarement) car j'ai une sincère curiosité à comprendre la personne qui me fait face, à découvrir son univers et le chemin qui a fait d'elle la personne actuelle. Ces discussions m'ont cultivée, découvrant des métiers, des régions, des habitudes, des traditions et les ressources secrètes que chacun recèle pour traverser les difficultés de la vie... Je trouvais désolant que tout ce patrimoine personnel disparaisse à cause de mémoires défaillantes, du désintérêt ou de la pudeur des proches.

Ce constat décisif s'imposa lors d'un repas de baptême, chez des amis, en discutant avec la grand-mère que je connaissais à peine. Nous nous mîmes à parler de son activité professionnelle : gérante de bar. Et de fil en aiguilles, elle me raconta son enfance au Maghreb, son arrivée sans un sou à Marseille et tous les efforts pour s'en sortir, sa vie de jeune femme et de mère... Les heures passaient, quand la fatigue mit fin à notre conversation. La table était débarrassée et tout le monde était parti promener. Le récit de cette femme combative devenue une grand-mère gouailleuse mais usée m'avait passionnée. Je me demandais quelles bribes de son passé parviendraient jusqu'à ses petites filles encore bien jeunes.

 

Une recherche sur internet révéla l'existence du métier de biographe. La lecture du livre conseil de Guillaume Moingeon offrait quelques pistes pour débuter. La rencontre avec une biographe locale à la retraite confirma les enjeux passionnants de ce métier tout en m'avertissant des difficultés d'en vivre, « bien que quelques-unes en vivent honorablement. » Elle me conseilla une formation auprès d'un biographe notoire de la profession, Pierre Nozières.

Une première conversation au téléphone avec ce formateur biographe m'enthousiasma tout en confirmant mes craintes de précarité. Avant de prendre une décision, il me fallait m'essayer à la pratique.

Le 24 décembre 2020, j'envoyai un message à tous mes contacts expliquant mon projet et proposant mes services à l'essai. Quatre projets prirent forment rapidement. Quatre histoires passionnantes chacune à leur façon, chacune déroulée à son rythme. Quatre rencontres touchantes. Les heures d'entretien et d'écriture s'ajoutaient à mes heures de classe, toutefois l'enthousiasme était là. L'impression des livres et l'écho qu'ils trouvèrent dans les entourages me convainquirent de tenter l'aventure. La rupture conventionnelle obtenue après une longue lutte, je décidai de partir en formation auprès de Pierre Nozière pour acquérir, à travers sa longue expérience, une posture professionnelle.

 

lecture delivre, collection personnelle

Quitter la fonction publique pour l'auto-entreprenariat ne fut pas une simple affaire. Démarcher, construire les outils de communication et de gestion n'appellent pas des compétences utilisées en classe. Heureusement pour moi, mon parcours m'avait forgé d'autres compétences utiles au cœur de métier : savoir écouter, écrire dans un bon français, avoir une plume agréable selon mes professeurs, avoir un peu de culture générale pour enrichir les entretiens, utiliser les outils numériques pour la mise en page et la création de maquette...

lecture, issu de freepick.com

D'un projet à l'autre, d'une rencontre à l'autre, j'avance dans le métier. 

Des enfants ravis de (re)découvrir le passé de leur grand-parents,  des raconteurs heureux de susciter la curiosité de leurs proches, une maman fière d'avoir mis des mots sur son histoire difficile, une collecte de souvenirs d'anciens élèves et professeurs d'un établissement scolaire... Chaque projet confirme que ce métier est à la fois utile, créatif et rend heureux !

Aujourd'hui, le réseau des Compagnons Biographes m'a ouvert ses portes. C'est une occasion magnifique de rencontrer, échanger, réfléchir et partager avec d'autres biographes de toute la France autour des enjeux et des joies de notre profession quelque peu atypique.

 A l'heure où l'intelligence artificielle semble menacer les métiers de la création, nous restons persuadés que notre présence, notre écoute et notre regard bienveillant relèvent d'une expérience de partage et de transmission avant tout humaine...

 

Pour retrouver et découvrir plus amplement  mon activité, c'est par ICI!

logo mémoire partagée, issu du site internet

 

 

 

Parcours Orientation
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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