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Procréation : va-t-on vers une absence de père ?

RCF,  - Modifié le 17 juillet 2023
Où va la vie ? La bioéthique en podcastDe nouvelles manières de donner la vie (3/4) Va-t-on vers une absence de père ?

Un certain nombre d'adversaires des lois de bioéthiques expliquent qu'on va vers une institutionnalisation de l'absence du père. Ce qui inquiète surtout le jésuite Bruno Saintôt, spécialiste de bioéthique, c'est la façon dont on fait entrer des aspects financiers dans l’engendrement. 

La levée de l'anonymat des tiers donneurs ne va pas dans le sens d'une absence de père, selon Bruno Saintôt ©UnsplashLa levée de l'anonymat des tiers donneurs ne va pas dans le sens d'une absence de père, selon Bruno Saintôt ©Unsplash

L’insémination artificielle avec donneur

L’insémination artificielle peut se faire au sein du couple ou en faisait appel à un tiers, c’est-à-dire aux gamètes d’un individu qui n’élèvera pas l’enfant. Si, jusqu’à présent le donneur restait anonyme, la loi prévoit désormais que l’enfant pourra, à sa majorité, demander à connaître l’identité du donneur de sperme ou d’ovocyte. "Je crois qu’on a pris en compte la souffrance, avérée, des enfants qui ne connaissant pas leur tiers donneur", estime Bruno Saintôt.

Les conséquences sur la levée de l’anonymat se font déjà sentir : on note une baisse des dons de gamètes. Pour le reste, on connaît mal les conséquences psychologiques sur le long terme. L’insémination artificielle avec tiers donneur permet de considérer que "ce n’est pas seulement la biologie qui compte, c’est le corps qui compte", selon le jésuite. Le donneur reste "un corps habité", on peut considérer qu’il a "donné de lui-même", c’est-à-dire de sa culture et de son histoire... Que fera l’enfant de cette histoire ? Comment pourra-t-il l’habiter ?

 

Est-ce la fin du père ?

Un certain nombre d'adversaires des lois de bioéthiques expliquent qu'on va vers une institutionnalisation de l'absence du père. Est-ce la fin du père ? Va-t-on vers une toute-puissance des femmes ? "La levée de l’anonymat ne va pas dans le sens de l'absence de père", note le père Saintôt, de même que "la gestatrice ne va pas être forcément la mère…" D’ailleurs, il y a fort à parier que la gestation pour autrui (GPA) devienne légale en France.

Ce qui doit nous inquiéter, c’est la façon dont on fait entrer des aspects financiers dans l’engendrement. "Personne ne dira que l'enfant est un produit, mais il sera enfanté sur une scène marchande, avec des contrats..." Or, on l’a vu lors des états généraux de la bioéthique, ce sont des questions qui mobilisent beaucoup les affects, il est très difficile d’en parler sereinement. Par ailleurs, il y a "des formes de lobbying dans les deux sens qui s’affrontent".

Il ne faudrait pas que les affects comme les lobbies empêchent d’échanger et de débattre sur un aspect fondamental : qu’est-ce qui est au fondement de l’engendrement ? "Est-ce que c’est des relations de marché, de désirs qui obtiennent ce qu’ils veulent dans la mesure où ils ont de l’argent, ou bien est-ce une véritable relation entre les humains qui va être au fondement du social et du politique ?" Parle-t-on de modes de financement et de production ou bien met-on en premier le lien humain, charnel ?

 

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Où va la vie ? La bioéthique en podcast
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