PotenCiel, un « espace d'accueil et de sécurité » pour les jeunes à Lyon, par l'église adventiste

Depuis la rue, le lieu paraît apaisant, agréable et donne envie d'en franchir le seuil. Depuis quelques mois, l'Espace PotenCiel accueille chaque jeune à la recherche d'une main tendue, d'une présence et d'un lieu d'accueil. Imaginé par l'église adventiste du 7e jour, PotenCiel est né d'un constat de vulnérabilité des jeunes avec la volonté de la part de l'Église de leur apporter un soutien. « Il y a eu plusieurs réflexions, plusieurs personnes ont été mobilisées, donc c'est vraiment une œuvre collective » pour Lucas Rosamond, responsable et aumônier de l'Espace PotenCiel. Arrivé en mai 2024, il a été missionné par sa fédération, fait assez rare pour quelqu'un sans statut de pasteur, pour lancer ce lieu « d'accueil, de sécurité, pour que chacun puisse se sentir à l'aise, et prendre conscience d'une chose : que Christ s'intéresse au développement de l'individu, aussi dans sa jeunesse ». 

L'Espace Potentiel se positionne en complément des églises locales, en collaborant avec d'autres communautés, à l'instar des actions menées avec l'entraide protestante. « L'idée vraiment, au-delà même du christianisme, c'est d'accueillir des personnes qui n'ont pas encore de contact avec la foi » insiste Lucas Rosamond. Sensible au déclin du religieux dans la société, il remarque cependant « une émergence du spirituel, parce qu'au fond, les gens sont dans une volonté de retrouver quelque chose d'authentique,  quelque chose qui n'est pas dogmatique et quelque chose qui justement touche l'individu dans son expérience personnelle et qui n'est pas quelque chose qui va le contraindre à se mener forcément dans une religion ».

« Christ, avant tout, c'est une présence »

L'Espace PotenCiel nourrit ainsi l'ambition d'apporter Christ de manière très concrète dans le quotidien des jeunes, même sans évangélisation. 

Au-delà de la parole, il y a ce qu'on appelle l'incarnation. Christ, avant tout, c'est une présence. Cette présence se manifeste par un rapport qu'on a déjà en préalable avec lui. Je crois vraiment que lorsqu'on est dans un lieu où il y a deux, trois personnes qui, avec humilité, vivent cette présence, ça se ressent. J'ai reçu quelqu'un récemment qui n'était pas du tout chrétien, qui me disait mais en fait on ressent vraiment une énergie positive. C'est un vocabulaire très présent aujourd'hui dans le développement personnel, dans tout ce qui est la spiritualité, peut-être parfois un peu New Age. Mais c'est intéressant de voir que des personnes qui n'ont pas forcément ce background chrétien arrivent à ressentir quelque chose. Et je crois que Christ, c'est aussi avant tout une présence. Et c'est cette présence qu'on veut apporter dans la vie de ses étudiants.

Face à la solitude des étudiants, l'Espace PotenCiel ouvre ses portes de midi à 18h, principalement pour les élèves en master qui souhaitent travailler ou lire. Mais il propose aussi différentes animations : des soirées crêpes, jeux de société, scrapbooking, peinture, un club de running, des temps d'échanges et spirituels, notamment le mardi midi. Munis de leur repas, les jeunes s'accordent une pause avec Lucas Rosamond pour échanger autour d'un texte biblique et d'un sujet d'actualité. « On va parler du pardon, de la résilience, donc des sujets qui sont très communs au final, mais dans lesquels on peut trouver une résonance dans le texte biblique » complète l'aumônier, qui accompagne aussi gratuitement les jeunes qui le souhaitent, « qui rencontrent des impasses existentielles par exemple, ou des questionnements ». 

Révéler les talents « que Dieu a mis en chaque personne »

L'Espace PotenCiel ne se résume pas à une mission évangélique, il est aussi le fruit de l’initiative Youth Alive de la Conférence Générale des églises adventistes, liés au développement personnel et à la santé mentale. « Youth Alive a pour objectif, un peu comme l'Espace Potentiel, de créer un espace où les jeunes, qu'ils soient chrétiens ou non, peuvent se former pour la vie » explique Lucas Rosamond. Appendre à faire ses papiers ou un business board sont ainsi au programme de Youth Alive, pour faire retomber la « pression énorme » que les choses de la vie peuvent faire peser sur les épaules des étudiants. Pour Lucas Rosamond, « l'idée n'est pas d'entrer dans une dynamique purement égocentrique, mais c'est aussi de permettre à l'individu qui rejoint ce type de programme, de s'impliquer en fait dans la société ». Un objectif qui trouve écho dans les missions de l'Espace PotenCiel qui vise à aider les jeunes à « révéler leurs talents, manifester leur potentiel, et comprendre qu'au travers de ce qu'ils font aussi pour les autres, ils se nourrissent aussi eux-mêmes. Je crois profondément que Dieu a mis en chaque personne un talent, une valeur, qu'il peut mettre aussi à profit de son environnement ».

Après près d'un an d'ouverture, l'Espace PotenCiel veut continuer à voir, comme son slogan l'y appelle, « plus haut », en faisant quelques ajustements, sur les horaires d'ouverture notamment. « On ne va pas vous mentir, on n'a pas eu énormément de fréquentations, parce qu'on a eu plusieurs défis à relever » mais « ce qu'on remarque, c'est que les personnes qui viennent et qui se sentent intéressées au projet, très spontanément, au fil du temps, désirent s'investir » estime Lucas Rosamond. 

Un projet à découvrir au 52, cours de la Liberté, dans le 3ème arrondissement de Lyon