Pollitics, le sondage pour tous

Au cœur de Station F, à Paris, s’expérimente une idée audacieuse : faire parler les citoyens… sans même les interroger. C’est le pari d’Arnault Pachot et de sa start-up Pollitics, incubée depuis quelques mois dans l’écosystème parisien des jeunes pousses technologiques. 

Leur ambition : créer une population numérique représentative de la société française pour simuler les réactions de l’opinion publique à l’actualité, aux politiques publiques ou à des idées de nouveaux produits et services.

« On s’appuie sur des statistiques. Nous n’avons pas besoin de savoir ce que pense chaque individu, mais de construire une population virtuelle à partir de données globales » explique Arnault Pachot. Démographie, revenus, professions, habitudes médiatiques… tout part des données comme celles de l’Insee et d’autres études en accès libre. 

Le défi : combiner ces variables pour créer un échantillon cohérent, véritable miroir statistique de la population réelle. « C’est un problème combinatoire immense : car c'est impossible d’évaluer toutes les combinaisons qui sont plus nombreuses que le nombre d’atomes dans l’univers », poursuit-il. Pour y parvenir, Pollitics a recours à une technologie spécifique d’intelligence artificielle : la programmation par contrainte, une méthode permettant de résoudre des équations complexes avec précision et rapidité et dont l'associé d'Arnault Pachot et l'un des plus grands spécialistes de la planète.

Des citoyens virtuels qui réagissent comme des humains ?

Mais la prouesse de Pollitics ne s’arrête pas à la construction de ces « citoyens numériques ». La Start Up les préparent à  vivre et réagir à l’actualité. Les équipes travaillent à l'intégration  de flux d’informations géolocalisées, issues aussi bien de médias nationaux que de sources locales. « Un habitant de Haute-Loire ne lit pas les mêmes médias qu’un Parisien, et cela influence sa perception du monde. Un événement heureux ou malheureux dans une localité peut impacter l'opinion des habitants d'une ville par rapport à une autre. Mais comme tout le monde ne consomme pas les mêmes médias, nous intégrons aussi ce biais de confirmation dans notre modèle », précise le fondateur. L’objectif : simuler les réactions différenciées d’une population virtuelle, au plus proche des réalités sociales et cela à des échelles diverses "on peut sonder un pays entier. Mais aussi un département ou uniquement un quartier". 

Nous voulons savoir ce que pensent vraiment ces citoyens virtuels, avec leurs préjugés 

Une particularité distingue aussi Pollitics d’autres outils de simulation : la liberté de ses modèles linguistiques. « Nous utilisons des versions non censurées des LLM. Nous voulons savoir ce que pensent vraiment ces citoyens virtuels, avec leurs préjugés, leurs imperfections. Pas ce qu’ils “devraient” penser selon une norme politiquement correcte. »  

Des sondages abordables pour une PME ou une petite collectivité

Pour les entreprises comme pour les collectivités locales, l’outil peut permettre d'avoir une photographie de ce que pense leurs clients et leurs administrés de manière rapide et quasi illimité. Plutôt que de financer des sondages coûteux, elles peuvent désormais disposer d’un panel numérique ultra-réaliste et réactif. « On nous demande de créer les jumeaux numériques des clients d’une marque ou des habitants d’un quartier. Ce type d’étude devenant économiquement accessible grâce à l’IA », souligne Arnault Pachot.  

L’ambition de Pollitics ? Offrir un miroir fidèle de la société. Un outil d’aide à la décision qui pourrait bien transformer la manière de sonder l’opinion. Avec ses citoyens virtuels, Arnault Pachot et son associé dessinent peut-être la nouvelle démocratie statistique.