Les Opticiens Mobiles, quand les lunettes viennent frapper à votre porte

« Pouvoir aller à la rencontre des gens, c'est quand même complètement différent du magasin où on attend que les personnes viennent ! » Aude Pichard est opticienne mobile dans le secteur de Villeurbanne. À son retour de congé maternité après son troisième enfant, elle se tourne naturellement vers la première entreprise de l'optique reconnue entreprise solidaire et d'utilité sociale, justement pour cet aspect social. « Ça change beaucoup parce qu’on rentre dans l'intimité des gens en allant chez eux, ils nous font confiance et quand ils nous appellent, ils savent à qui ils ont affaire. Et ils sont en général très contents de nous voir en plus ! » Aude a travaillé des années comme opticienne dans un magasin de lunette avant de gérer un secrétariat dans un foyer de protection de l’enfance.

Mais l’appel de son premier métier est trop fort et elle retourne donc vendre des lunettes. Mais pas que. « Le métier d'opticien mobile est complètement différent, on apporte un service que le magasin ne peut pas apporter. Il y a énormément de gens dans la région lyonnaise qui ne peuvent pas se déplacer, qui ne bougent pas beaucoup. Si la personne a une ordonnance, on vérifie l'ordonnance avec une prise d'acuité » et, comme en magasin, le client choisit sa monture parmi une sélection de 120 modèles qui changent à chaque saison. Mais si le patient n’a pas pu consulter d’ophtalmologue, « on est capable de faire un bilan que l'on transmet aux médecins référents afin qu'ils puissent nous délivrer une ordonnance ». Dans tous les cas, le montage des lunettes s’effectue à Lyon et l’ensemble est ensuite livré par l’opticien mobile à domicile.

« C'est pas parce que c'est mobile qu'on n'a pas les mêmes services »

Depuis 2015, les six opticiens mobiles du secteur interviennent à domicile, en EHPAD, en résidence senior et même en entreprise auprès de mères de famille, de salariés en télétravail, de patients en convalescence ou encore de retraités. Une grande capacité d’adaptation qui devient rapidement naturelle pour Aude : « c'est vrai que quand on démarre, on a un peu peur de savoir comment ça va se passer quand on va rentrer chez les gens, mais finalement, ça se fait tout naturellement et ils sont tellement heureux de nous voir, donc ça se passe très bien ». 

Mais cela demande un peu de logistique : « je pars en rando tous les matins » rit Aude Pichard, qui raconte ses difficultés à accéder à des bâtiments sans ascenseur avec sa grosse valise à roulettes, son « gros sac à dos » et son étui à ordinateur. Une fois sur place, le travail est encore plus personnalisé qu’en magasin « parce qu’on est dans l'environnement de la personne qui va porter les lunettes. Donc on peut calculer la distance à laquelle est la télé, la position dans laquelle est installée la personne dans son fauteuil, voir si c'est quelqu'un qui est allité tout le temps ».

Opticien mobile, opticien social ?

Entre les prospections, l’administratif, les rendez-vous et les permanences dans les établissements de soins, impossible d’établir une journée type pour la jeune femme qui intervient sous statut de franchisée, souvent auprès des personnes âgées en EHPAD. « On propose des après-midis ou des journées sur lesquelles on intervient pour plusieurs personnes. Soit on fait du chambre à chambre, soit on a une salle dédiée ».  

Tous les opticiens mobiles appliquent la réforme 100% santé, obligatoire depuis le 1er janvier 2020, qui permet d’obtenir une monture et des verres intégralement remboursés. Si « le tarif de l'équipement est identique à un tarif magasin », les opticiens mobiles facturent des tarifs additionnels, « notamment le déplacement qui va être facturé selon un barème en fonction du kilométrage disponible sur le site des opticiens mobiles. Et il y a le service additionnel par rapport à une vente classique puisqu’à domicile, on apporte du matériel technique, on réalise des bilans visuels non médicaux, on gère tout le relationnel avec les mandataires, les tuteurs, les familles… Ça prend beaucoup de temps et il y a beaucoup de coordination donc cela peut être facturé en fonction du temps passé sur les dossiers ».