Lempdes sur Allagnon : l'usine Thebault, un signal fort pour la réindustrialisation en Haute-Loire

Un pari industriel et écologique

L'usine Thebault s'étend sur 25000m², au coeur d'un terrain de 15 hectares, dont 5 sont d'ores et déjà réservés pour de futures extensions. Son directeur, Mathieu Robert, explique un processus industriel innovant "nous produisons du LVL à partir de sapins pectinés d'Auvergne, une essence locale jusqu'alors peu valorisée". Ces grumes de 16 mètres de long sont écorcées, découpées, ramollies à 50°C, puis déroulées comme un ruban dans une machine rappelant un taille-crayon. Les feuilles de 3mm ainsi obtenues sont placées dans un séchoir à 200 degrés qui fait 6 étages sur 50 mètres de long. Elles sont ensuite assemblées par collage et pressage à chaud pour former des panneaux pouvant atteindre 18 mètres de long.

Au delà de la performance technique, l'enjeu est multiple : contribuer à la transition écologique en démocratisant un produit bio-sourcé, tout en offrant un débouché durable à une ressource régionale fragilisée par le dépérissement "c'est un double pari : réindustrialiser la France et apporter une réponse concrète à la gestion forestière locale" souligne Yvan Cordier, préfet de Haute-Loire.

Des soutiens publics déterminants

Le projet s'appuie sur un solide partenariat Public-Privé. L'Etat, dans le cadre du plan France 2030, apporte 26 millions d'euros d'aides, auxquels s'ajoute un soutien du 13 millions pour l'entreprise Cenzato, basée à Craponne-sur-Arzon et associée à la valorisation du sapin pectiné d'Auvergne. La Région Auvergne-Rhône-Alpes accorde 2.75 millions d'euros et finance également, en partenariat avec France Travail, la formation des salariés. Le reste du financement provient de capitaux propres à l'entreprise et d'emprunts.

C'est un véritable conte de Noël

Pour Laurent Wauquiez, conseiller spécial de la Région et député de Haute-Loire "c'est un projet emblématique : l'aboutissement d'une vision que nous avons depuis plusieurs années pour notre forêt locale. Avec l'implantation d'un groupe familial qui nous ressemble et qui porte le plus gros investissement industriel français en Auvergne-Rhône-Alpes cette année" et de comparer cette implantation à des histoires qui ont marqué l'économie locale par le passé "pour moi c'est l'équivalent d'un Lejaby sur Yssingeaux. Et ça démontre qu'on peut avoir de grandes ambitions collectives pour notre territoire" et de conclure "c'est un véritable conte de Noël".

Une aventure familiale et collective

A la tête du groupe Thebault, Antoire Thebault ne cachait pas son émotion "je pense à mon grand-père, à mon père et à mes oncles. Cette inauguration, c'est l'histoire d'une famille, mais aussi d'un territoire qui a cru en nous". Fondée il y a trois générations dans les Deux-Sèvres, l'entreprise a bâti sa réputation autour du contreplaqué. Cette nouvelle usine marque une diversification stratégique vers les bois d'ingénierie et le LVL, qui devrait se démocratiser dans la construction durable.

Ce projet et ces deux ans et demi de travaux devraient être montrés en exemple partout en France !

Et si pour le PDG du groupe, l'innovation et l'investissement "font partie de l'ADN de la famille", il n'oublie pas de souligner la coopération locale "sans la confiance des élus, des services de l'Etat et des partenaires économiques, un investissement de 100 millions ne serait pas viable". Il reconnait aussi la prise de risque "rien n'est fait pour encourager l'investissement aujourd'hui. Mais quand tout le monde s'aligne, les choses deviennent possibles" et Antoine Thebault de poursuive "ce projet et ces deux ans et demi de travaux devraient être montrés en exemple partout en France"

Une filière bois en pleine renaissance

L'ouverture de cette nouvelle unité de production s'inscrit pleinement dans une stratégie régionale plus large de restructuration de la filière bois. L'alliance avec Cenzato, spécialiste du sciage à Craponne-sur-Arzon, permet de valoriser l'ensemble de la ressource : du tronc à la poutre. Pour l'Etat, c'est un point essentiel et structurant "l'Europe consomme 6 millions de mètres cubes de LVL par an et n'en produit que 2.5 millions. Il y a donc un marché à conquérir, et l'Auvergne sera au rendez-vous" assure le préfet Yvan Cordier.

Un levier de développement pour le Brivadois

Le site doit produire dans un premier temps 65000 mètres cubes de LVL par an, avant d'atteindre 100 000 mètres cubes à pleine capacité d'ici 2030. A terme, il emploiera 85 personnes et devrait générer quelques 250 emplois indirects sur la filière locale. Et si le Brivadois devrait profiter pleinement de cet investissement, les perspectives sont internationales : 85% de la production sera exportée en Europe mais aussi aux Etats-Unis, en Australie ou encore en Afrique du Sud.

C'est beau de voir ces groupes familiaux faire le pari de la ré industrialisation

Pour Marie-Agnès Petit, présidente du Conseil Départemental de la Haute-Loire, cette implantation illustre les valeurs du territoire "c'est beau de voir ces groupes familiaux faire le pari de la persévérance et de la ré industrialisation industrielle". Elle y voit aussi un levier d'équilibre pour l'Ouest du département, renforcé par l'ouverture du contournement d'Arvant et la modernisation de la RN102.