L’éclairage public nocturne : le défi des communes de Moselle
Depuis déjà plusieurs années, les villes mosellanes semblent hésiter entre allumer ou éteindre l’éclairage urbain pendant la nuit. En dernière date, c’est la ville de Metz qui a changé d’avis en annonçant un retour à l’éclairage de nuit dans la plupart de ses quartiers ainsi qu’une modernisation de son système. Entre économie, écologie et insécurité, pour les communes le sujet reste en débat.
Eclairage public de ville / Crédit photo : CanvaLe 4 juillet dernier, le maire de Metz François Grosdidier a annoncé le retour de l’éclairage public nocturne dans de nombreux quartiers messins. Mais il a également révélé un plan de modernisation, avec un passage de 15% de LEDs en 2021 à 82% d’ici fin 2025. Les LEDs comportent de nombreux avantages, comme une durée de vie plus longue et une meilleure efficacité énergétique. De plus, elles sont associées à un système de modulation du niveau de lumière, permettant ainsi de continuer à éclairer au minimum pendant les heures creuses. Selon François Grosdidier, ces mesures pourraient faire économiser près d’un million d’euros par an à la commune, en plus de mettre en avant un comportement plus éco-responsable.
Néanmoins, au sein même de la ville de Metz les quartiers sont divisés. C’est par exemple le cas des zones d’activité économique, comme le Technopôle, qui ne voient pas rallumer leurs lampadaires. Quant aux espaces naturels protégés, il est également prévu d'adapter leur éclairage afin de limiter l’impact nocif sur la faune. Une expérimentation est notamment menée à Granges-Aux-Bois, avec un éclairage rouge doté d’un système de détection de présence.
Rallumer pour limiter l’insécurité
Souvent, la problématique de l’éclairage nocturne est associée à celle de la sécurité publique. Selon, le maire de Metz, il était surtout question d’insécurité “physique” : plongés dans le noir, les habitants risquaient par exemple de ne pas voir un fossé ou une bordure et donc de se blesser. C’était notamment le cas à Sarreguemines, où des rues en travaux étaient plongées dans le noir. Face au danger de chute ou de blessure, la commune a été obligée de remettre l’éclairage la nuit et d'accélérer le passage aux LEDs dès 2023.
Mais le type d’insécurité qui revient souvent dans les débats est plutôt celui lié aux troubles à l’ordre public et à la délinquance. Devoir rentrer chez soi dans le noir complet était notamment une préoccupation pour les femmes. Un autre problème se posait à Woippy, où éteindre les lumières dans les rues poussaient les jeunes à se rassembler dans les communs d’immeuble, troublant ainsi la tranquillité publique.
Eteindre n’augmente pas l’insécurité
Toutefois, plusieurs études prouvent que éclairage et insécurité ne sont pas nécessairement liés. Si le sentiment d’insécurité existe véritablement, il semblerait que la réalité soit un peu plus nuancée. Certaines communes qui pratiquent l’extinction des lampadaires n’ont pas connu d’augmentation de la délinquance. Prenons l’exemple de la ville de Scy-Chazelles, qui éteint depuis 2011 ses lumières la nuit, et cela suite à une concertation avec ses habitants. Raymond Franzke, l’adjoint au maire, avait alors déclaré “qu’aucune augmentation des vols et des agressions [n’avait] été constatée”.
Quant à la sécurité routière, il semblerait même que l’extinction de l’éclairage permette de limiter la gravité des accidents. Selon le Directeur départemental de la sécurité publique, les usagers roulent moins vite dans les zones non éclairées. Pour finir, d’après les chiffres des compagnies d’assurance et de la gendarmerie, 99% des délits et méfaits nocturnes auraient lieu dans des rues parfaitement éclairées.
Ainsi, éteindre les lampadaires pendant la nuit ne serait pas un facteur aggravant l’insécurité. Néanmoins, face au sentiment d’insécurité éprouvé dans certaines communes, il semble nécessaire de se concerter avec les habitants pour trouver la meilleure solution. Le futur compromis pourrait être un système de modulation à LEDs, comme à Metz. La ville est en avance par rapport à ses communes voisines et prévoit déjà le déploiement d’un éclairage intelligent au quartier Sablon d’ici 2026.


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