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Le travail ne paie plus : Le diagnostic choc d'Antoine Foucher et ses propositions « pour des salaires nets en hausse de 25 % »

Le travail ne paie plus : Le diagnostic choc d'Antoine Foucher et ses propositions « pour des salaires nets en hausse de 25 % »

Un article rédigé par Cédric ROUILLON - RCF Jerico Moselle, le 25 septembre 2025 - Modifié le 25 septembre 2025
Grand Est ÉcoAvec Moselle Economie : "Sortir du travail qui ne paie plus" Antoine Foucher

Antoine Foucher, ancien directeur de cabinet de la ministre du Travail, consultant, essayiste et auteur du livre Sortir du travail qui ne paie plus (éditions de l’Aube) a posé un diagnostic sévère lors de son passage à Metz en ce mois de septembre 2025, à l’invitation du club Moselle Économie. Il a partagé son analyse pour l'émission Grand Est éco, sur RCF. Son constat : pour la première fois depuis 1945, travailler ne permet plus d'améliorer son niveau de vie. Il dévoile les trois « choix français » qui ont conduit à cette situation et propose une stratégie radicale pour relancer la valeur travail : rendre 100 milliards d’euros aux actifs et augmenter les salaires nets de 25 % en cinq ans. Un échange qui éclaire  l'urgence sociale.

Antoine Foucher à Metz avec Moselle EconomieAntoine Foucher à Metz avec Moselle Economie

L’impossible amélioration du niveau de vie


Spécialiste des questions sociales et auteur de l'ouvrage qui fait l'actualité, Sortir du travail qui ne paie plus, Antoine Foucher a exposé à Metz la gravité de la situation sociale française. Selon lui, la France vit une crise inédite, qui met fin à un cycle long de prospérité liée à l'emploi.


Le constat est brutal : « Pour la première fois depuis 1945, les gens qui travaillent aujourd'hui n'améliorent plus leur niveau de vie. Le travail ne permet plus d'améliorer son niveau de vie ». Une amélioration continue qui ne date pas des Trente Glorieuses uniquement, mais a duré « non pas seulement 30 ans... mais 60 ans », des années 50 à la fin des années 2000. Aujourd’hui, si le niveau de vie moyen des Français n'a « jamais été aussi élevé », il est en réalité à peu près « le même qu'il y a 15 ans ».
Cette stagnation est d'autant plus troublante qu'elle ne résulte pas d'une fatalité économique mondiale, mais bien d'un « choix français », comme le souligne l’essayiste. Ces orientations, prises de manière « transpartisan[e] » depuis une quarantaine d’années, sont au nombre de trois : la désindustrialisation, le sous-investissement dans l’éducation et l’augmentation des dépenses sociales financées par les travailleurs exclusivement.

 

Le poids écrasant des dépenses sociales


Antoine Foucher insiste particulièrement sur le troisième choix, celui qui impacte directement le pouvoir d'achat des actifs. Non seulement les salaires augmentent moins vite en raison de la désindustrialisation et du manque d'investissement éducatif, mais en plus, les dépenses collectives sont financées « quasiment uniquement par les gens qui bossent ».


Les chiffres sont éloquents. Il y a 50 ans, sur 100 euros gagnés par le travail, un Français en gardait 69 ; il y a 30 ans, 60 euros. Aujourd'hui, il n’en garde que 54. Cette différence s’explique par « l’accroissement des dépenses sociales ». Les dépenses sociales ont augmenté de 11 points de PIB depuis 1980, dont 7 points pour la retraite et 2,5 points pour l’assurance maladie.


Cette situation a des conséquences directes sur la motivation. Si « plus de 80 % des Français continuent à considérer que le travail c'est quelque chose de vraiment important », leur disposition à s’investir change radicalement. Seulement « un salarié sur trois » est aujourd'hui « prêt à faire des sacrifices pour son travail », alors que c’était « plus de la moitié encore il y a 30 ans ».


Ce recul est perçu comme rationnel par Antoine Foucher : « À partir du moment où même en travaillant plus vous gagnez pas plus... c'est rationnel de préférer garder du temps pour soi ». Il prend l'exemple frappant du SMIC : une journée de travail supplémentaire rémunérée au SMIC rapporte seulement « 41 euros » net dans la poche du salarié après impôts et aides. Face à ce faible gain, la question de l’effort devient légitime pour tout un chacun.

 

Rendre 100 milliards d’euros aux travailleurs


L'essayiste ne se contente pas du diagnostic rude, il propose des solutions visant à rétablir le lien entre effort et récompense. Sa préconisation principale est de « réduire l'écart entre ce que les gens gagnent et ce qu'ils gardent pour eux ». Il propose de rendre « 100 milliards d'euros » aux travailleurs (salariés, fonctionnaires, indépendants). « En 5 ans les salaires augmenteraient en moyenne de 25 % net ». Une hausse visible qui permettrait de se dire à nouveau que « le travail permet d'améliorer » le niveau de vie.


Pour financer cette mesure sans changer fondamentalement le modèle social protecteur français, il faut « aller le prendre ailleurs » que chez les travailleurs. Ces sources de financement alternatives sont identifiées comme « les rentiers, les héritiers les plus chanceux et les retraités les plus aisés ».
Antoine Foucher précise toutefois que le ciblage doit être fin. Concernant les retraités, il ne s'agit pas de toucher à tous, mais à ceux qui sont « au-dessus de 2000 € net ou 2100 € net par mois par personne de pension » (soit au-dessus du salaire médian). La mesure consisterait alors à arrêter de revaloriser ces pensions pendant « quelques années ».


Quant aux héritiers, l'idée est de cibler les 10 % les plus fortunés (héritages supérieurs à 900 000 euros), tout en « laissant tranquilles 90 % des Français », pour qui les droits de succession pourraient même baisser. Il propose un taux d'imposition plancher de 10 à 15 % sur les plus gros patrimoines pour pallier les nombreuses exonérations. Enfin, il est « favorable » à exonérer « l'outil de travail » (comme la terre agricole) totalement, tant qu'il n'est pas vendu.


Pour plonger dans le détail de ce diagnostic et de ces propositions audacieuses, retrouvez l'intégralité de cet échange avec Antoine Foucher pour RCF. 
 

Grand Est ÉcoAvec Moselle Economie : "Sortir du travail qui ne paie plus" Antoine Foucher
à la rencontre des entrepreneurs du Grand Est
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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