Le groupe isérois Vicat a lancé son projet VAIA (Vicat Advanced Industrial Alliance) afin que son usine de Montalieu-Vercieu, située en Isère, devienne la première cimenterie zéro émissions de France. Objectif : capturer 1,2 million de tonnes de CO2 par an, soit la totalité des émissions de la cimenterie. Avec l’aide de plusieurs industriels et de fonds publics, Vicat entreprend de mettre en service une installation pharaonique d’ici 2030.
L’usine de Montalieu-Vercieu est un des 50 sites industriels les plus polluants en France. Appartenant au cimentier isérois Vicat, celle-ci produit 1,5 millions de tonnes de ciment par an et presque autant de CO2. Afin de décarboner son activité, l’entreprise prévoit la création d’une chaîne de captage, transport, liquéfaction et chargement de navires de CO2 le long de la vallée du Rhône. Vicat s’est entourée de la Société du Pipeline Sud Européen (SPSE), du Réseau de Transport d'Électricité (RTE) et d’Elengy, filiale du groupe Engie, afin de mettre en place tous les maillons nécessaires.
Le groupe Vicat injecte entre 600 et 900 millions de fonds propres, la SPSE et Elengy participent également. Mais parvenir à mettre en place une telle installation nécessitent des fonds publics, selon Christian Daumarie, responsable du projet. L’Union européenne et la France prêtent main forte dans un contexte de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de décarbonation de l’industrie. Coût total de l’opération : entre 1 milliard et 1,5 milliard d’euros.
L’enjeu est aussi celui de la souveraineté industrielle, notamment dans la vallée du Rhône. “On crée une chaîne qui permettra à des industriels plus petits de venir se raccorder. On a besoin des aides publiques pour nous aider à construire cette chaîne et d'être précurseur” confirme Christian Daumarie.
La chaîne permettra de relier Montalieu-Vercieu jusqu’à Fos-sur-Mer. Pour y parvenir, l’objectif est de remettre en route PL2, un ancien pipeline d’hydrocarbures, opérée par la SPSE. PL2 sera reconverti et utilisé sur près de 300 km pour acheminer le CO2 sous sa forme gazeuse. Des travaux devront être effectués afin de raccorder l’installation sur quelques kilomètres en amont pour qu’elle atteigne l’usine, et en aval jusqu’au terminal de liquéfaction et d'export de CO2 de Fos Tonkin, exploité par la société Elengy, autre partenaire de cet ambitieux projet. Le CO2 terminera son voyage dans des réservoirs géologiques offshore situés en Méditerranée ou en Mer du Nord, où il sera stocké.
Pour l’instant, l’heure est à la consultation publique, qui se déroule jusqu’au 20 juin. “Il y a un grand besoin d'explications parce que ça reste un sujet compliqué avec beaucoup d'interfaces et beaucoup d'acteurs, et qui est peu connu du grand public.” témoigne Christian Daumarie. Cette consultation est obligatoire et garantie par la Commission nationale du débat public.
Si tout se passe comme prévu, les travaux devraient débuter d’ici la fin de l’année 2027 pour une mise en route dès 2030. Première étape pour Vicat : construire l’unité de captage du CO2 opérée grâce à un procédé cryogénique. A terme, le cimentier prévoit l’ouverture de 30 postes pérennes destinés à la gestion du site. En attendant, l’ensemble des travaux devrait mobiliser jusqu’à 1600 personnes.
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