"J'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialisés des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi." déclare le général Charles de Gaulle au micro de la BBC, le 18 juin 1940. C'était il y a 84 ans et cette allocution sera l'acte fondateur de la France Libre. Quatre jours plus tard, la France du maréchal Pétain signée l'armistice avec le IIIème Reich.
Nous sommes le 14 juin 1940, les Allemands défilent dans les rues de la capitale française. Le gouvernement part s'installer à Bordeaux, Paul Reynaud est alors président du Conseil, le maréchal Pétain vice-président du Conseil, et le général de Gaulle sous-secrétaire d’Etat à la Guerre. Le 16 juin, le président du Conseil démissionne et nomme le maréchal Pétain à la tête du gouvernement. Charles de Gaulle décide de rallier l'Angleterre pour continuer la guerre. "Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !". Ce soir du 18 juin 1940, le général de Gaulle lance aux Français l'appel vers la résistance face aux Allemands. Chef d'une France qui n'existe plus, sans soldats, sans armes et munitions, ce chef militaire va préparer pendant quatre ans la libération de la France grâce aux soutiens sans failles des 150 000 résistants. L'appel du 18 juin 1940 n'a pas été enregistré par la BBC, seul le manuscrit de l'homme du 18 juin reste, le voici:
« Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat. Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi. Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui. Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire. Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des Etats-Unis. Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là. Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi. Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas. Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la radio de Londres."
L'appel du 18 juin 1940 est presque passé inaperçues. C'est la mémoire collective qui apporte cette popularité légendaire. Si l'onde ne se propage pas de suite, c'est au travers des médias que l'écho va se trouver. En juillet 1940, "l'Appel à tous les Français" a été placardée sur les murs de Londres et des villes anglaises pour appeler les Français exilés à le rejoindre "pour luttons pour la sauver, dans l'action, le sacrifice et l'espérance". Ils sont près de 3000, des hommes, des femmes se joignent à cet appel. Nous pouvons parler du commandant Thierry d'Argenlieu, qui rejoint Londres le 30 juin 1940 où il devient capitaine de frégate et chef d'Etat-major des Forces navales françaises libres (FNFL).
Le général de Gaulle ne se contente pas d'une simple allocution radiophonique, d'autres vont se succéder comme celle du 22 juin 1940 qui est la réponse à l'armistice de la France signé le même jour entre Pétain et Hitler.
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