La Fête des voisins fête ses 25 ans : retour sur un évènement qui rassemble
Ce vendredi 23 mai marque un anniversaire symbolique pour les relations de voisinage : celui des 25 ans de la Fête des voisins. Créée en 1999 par Atanase Périfan, cette initiative lancée à l'origine dans le 17e arrondissement de Paris avec l’association Paris d’Amis, a depuis conquis plus de 50 pays.
© Sonia Le Guilloux/La Fête des voisinsEn 25 ans, son principe est resté inchangé. Installer une table, sortir quelques chaises et partager un moment simple entre voisins, cette tradition qui, malgré les années et les crises, résiste.
Une recette simple qui fédère
Au fil des années, la Fête des voisins s’est imposée comme une coutume printanière en France, dépassant même les frontières de l’Hexagone. Pour son fondateur, la surprise de l’ampleur prise par l’événement reste intacte. “Quand j’ai créé la Fête des voisins, jamais je n’aurais pensé qu’elle prendrait une telle ampleur, confie Atanase Périfan. En 25 ans, on a reçu des dizaines de milliers de témoignages, de belles histoires... mariages, entraide, solidarité.”
Des souvenirs marquants s’accumulent, des anecdotes reviennent : l’une se rappelle des gâteaux partagés dans la cour de son enfance, une autre évoque une naissance célébrée le jour-J. “Tous les ans, on le fait. C’est mieux que la réunion de copropriété”, glisse une habituée avec humour.
Une fête révélatrice d’un manque ?
Alors que cette édition est célébrée, cet événement est-il aussi révélateur d’un mal plus profond ? Selon l’anthropologue Jonathan Collin, la Fête des voisins est aussi un symptôme d’un certain isolement dans nos sociétés modernes. “Ça nous dit que les relations sociales sont assez pauvres, puisqu’il faut organiser une fête pour rencontrer ses voisins.”
Il y voit une solidarité de substitution, née du retrait progressif de l’État dans certains quartiers. Cette convivialité épisodique comblerait temporairement les failles du lien social. “Participer, c’est aussi donner de son temps, apporter des choses... Mais tout le monde n’a pas les moyens de le faire sans perdre la face”, souligne encore l’anthropologue.
Une réception différente chez les jeunes générations
Chez les jeunes, la perception de la Fête des voisins varie. Certains évoquent le manque d’initiatives dans leur immeuble, le respect de leur intimité ou la fatigue des grandes villes. “Dans une grande ville, les gens sont contents de rentrer chez eux. Dans les villages, il y a un aspect plus convivial”, remarque une participante. Une autre assume préférer ne pas connaître ses voisins, pour se sentir véritablement "chez elle".
Soutenue par l’Union européenne, la Fête des voisins est considérée comme un levier de cohésion sociale. Pour Atanase Périfan, l’objectif va au-delà d’un apéritif annuel : ”Dès qu’on sollicite les gens pour se rencontrer, ils répondent présent. C’est un paradoxe. On croit que les gens sont individualistes, mais il suffit de proposer un cadre”.
C’est dans cet esprit qu’il a lancé l’Heure civique, une autre initiative qui invite chacun à offrir une heure de son temps chaque mois pour aider son quartier ou un voisin. Aujourd’hui, près de 19 000 volontaires ont répondu à l’appel.
Ce vendredi soir 23 mai, dans les halls d’immeuble, les jardins et les rues de France, des milliers de voisins sortiront leur table et partageront un moment. Une célébration modeste, mais puissante. Une preuve qu’en dépit des écrans et de l’individualisme ambiant, la convivialité locale peut encore faire recette.


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