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Liban : une diaspora gardienne d'une culture en exil

Liban : une diaspora gardienne d'une culture en exil

Un article rédigé par Maximé Cossé et Melchior Gormand - RCF, le 5 mai 2025 - Modifié le 6 mai 2025
Je pense donc j'agisLa diaspora libanaise, gardienne d'une culture en exil

Si la diaspora libanaise est présente sur tous les continents, l’ensemble qu’elle forme en France est lié à son histoire. Profondément attachée à ses racines, la communauté arrivée du Liban fait preuve d’une capacité d’assimilation remarquable. Une émission Je pense donc j’agis présentée par Melchior Gormand.

© Diaspora Libanaise Overseas© Diaspora Libanaise Overseas

Depuis la guerre civile qui a frappé le Liban pendant 15 ans en 1975, la diaspora libanaise s’est beaucoup développée dans le monde et notamment en Europe. Entre 200.000 et 300.000 libanais vivent en France, selon des chiffres des autorités libanaises.

Loin d’être la plus importante dans le monde, cette communauté est empreinte d’une histoire importante. La langue française étant parlée par de nombreux libanais, ce lien culturel favorise l’intégration des premiers arrivants, dont les descendants s’assimilent désormais plus à la culture française que libanaise.  

Une diaspora déstructurée mais profondément unie

"J’ai traversé une partie du Liban vers Beyrouth à travers une ligne de démarcation". Sami Bou-Antoun est arrivé en 1986 en France, après avoir fui la guerre civile libanaise. Membre de l’association Les Amis du Liban à Lyon, il explique que "les libanais ne sont pas un peuple de diaspora". Bien qu’il concède que son peuple soit en exil, la communauté libanaise ne se réunit pas comme les autres communautés. Elle est déstructurée parce que décentralisée. "Les associations et leurs actions sont multiples", rappelle celui dont le grand-père a servi dans les troupes de la France Libre pendant la Seconde guerre mondiale. Par exemple, il estime qu’il y a près d’une dizaine d’associations s’adressant à la diaspora dans la ville de Lyon.

Au bout de 14 ans de conflit, Sami Saïkali décide de quitter le Liban avec sa famille. "Quand j’ai vu qu’au niveau des enfants ça n’allait pas du tout, quand les bombardements les traumatisaient, j’ai décidé avec mon épouse de tout lâcher pour leur assurer un avenir décent". Pourquoi le choix de la France ? "C’est un pays de liberté, c’est un pays de culture, c’est un pays d'éducation, et c’est aussi un pays d’accueil", énumère cet ingénieur de profession.

Les libanais ne sont pas un peuple de diaspora.

Aujourd’hui, il est le secrétaire général de l’association Diaspora Libanaise Overseas. Plus de 35 après son arrivée en France, il constate que les jeunes générations se sont bien intégrées. Mais il regrette que la culture libanaise et ses traditions perdent du terrain chez la jeunesse. "Même mes enfants qui parlaient la langue, qui y étaient très attachés, en vivant dans la société française, ont perdu ce lien", observe-t-il.

Comme son compatriote, Sami Bou-Antoun relève que sa génération partage encore un lien fort avec son pays. "Mes filles sont franco-libanaises, elles ont encore un attachement vis-à-vis du Liban", mais le père de famille craint que ce lien se distende à mesure qu’elles grandissent en France.

Un lien culturel pour connecter le Liban à la France  

S’arracher de sa vie au Liban pour repartir de zéro en France. C’est ce qu’a dû vivre Sami Bou-Antoun. Mais il parle d’un deuxième départ qui a marqué sa vie. "J’ai préparé un doctorat aux États-Unis et à un moment donné, il était question pour moi de choisir entre les États-Unis et la France". Arraché d’une première vie sans avoir le choix, il choisit cette fois-ci la France, pour cet indéfectible lien franco-libanais.

"Il y a ce lien de langue, il y a ce lien émotionnel", explique-t-il. "Dans les écoles publiques de la montagne libanaise, les gens parlent français", se rappelle le libanais. Comme son compatriote, il estime que la langue française crée le pont entre la culture de son pays d’origine et celle de son pays d’accueil. Ce chercheur en génétique rappelle que pour les libanais, "l’ascenseur social, c’est l’éducation". Profiter de ce lien par la langue, c’est aussi profiter de l’éducation que peut offrir la France aux descendants.

Dans les écoles publiques de la montagne libanaise, les gens parlent français.

L’évolution de la culture et des traditions des Libanais en France s’en tient aux générations futures. Si elles peinent à les conserver, la langue française permet de relier les deux cultures. "La francophonie, c’est un aspect que la France ne devrait pas négliger parce que c’est un atout remarquable", souligne Sami Saïkali. Il rappelle que la langue française est une richesse qui fait partie de l’histoire de son pays. "C’est un lien qui permet de connecter le pays de départ avec le pays d’accueil", explique-t-il. Plus encore, il estime que la francophonie doit être abordée comme un retour sur investissement de la France au Liban. Il s’agit d’une porte d’entrée vers la culture française. 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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