Envoyez-vous encore des cartes postales ? À l’heure des messages instantanés et des réseaux sociaux, la pratique se perd et les points de vente se raréfient. Pourtant, des irréductibles défendent le plaisir d'en écrire et la joie d'en recevoir. Une émission Je pense donc j'agis présentée par Melchior Gormand.
Autrefois omniprésente dans les gares, les aéroports ou les boîtes aux lettres, la carte postale a connu un véritable âge d’or entre 1900 et 1975. Depuis, son usage s’est réduit face à l’essor du numérique. Pourtant, des collectionneurs passionnés continuent de la faire vivre à travers des musées ou des associations.
Être cartophile, c’est bien plus qu’aimer les cartes postales, c’est les chercher, les observer, les classer et même les comprendre. “Il y a tout un univers associatif autour de la carte postale. Mais aujourd’hui, ces associations connaissent une perte d'intérêt, c’est un peu triste”, déplore Jean Larour, président du Cercle français des collectionneurs de cartes postales. Lui-même raconte qu’à ses débuts, il était le plus jeune du club, et que plusieurs décennies plus tard, il l’est toujours.
Moi, j’ai toujours eu envie de transmettre
Face à ce constat, certains résistent et veulent transmettre leur passion, c’est le cas de Christian Deflandre, fondateur du Musée de la Carte postale. “Dans tous les domaines, il y a deux types de collectionneurs, ceux qui veulent partager leur passion et ceux qui gardent tout pour eux. Moi, j’ai toujours eu envie de transmettre.” Il ouvre alors son musée en 2000 à Antibes et depuis 25 ans, il accueille des visiteurs curieux de découvrir l’histoire des cartes postales. “Je vis le rêve de montrer ma collection, de la commenter, d’en discuter”, avoue-t-il. Aujourd’hui plus en âge de faire les visites guidées de son musée, il propose des audioguides en cinq langues pour partager sa passion.
Mais cette passion pour les cartes postales fait face à un défi de taille, celui de la transmission. Les associations régionales de collectionneurs traversent depuis quelques années une période de creux, malgré l’engagement des passionnés. “Il y avait beaucoup de passionnés, mais aussi de véritables experts. Aujourd’hui, on trouve encore quelques personnes qui ont connu la période héroïque des clubs, mais ce sont souvent les mêmes qui tiennent tout à bout de bras”, explique Jean Larour.
La triste question de la succession des collections se pose alors : “il faut sensibiliser son entourage, leur faire sentir qu’il y a une valeur affective, pas seulement marchande. Certaines cartes ne valent que deux ou trois euros, d’autres, avec un autographe rare ou une photo exceptionnelle, peuvent monter à cinquante euros”, souligne-t-il, Pour lui, il est essentiel d’anticiper ces moments pour empêcher aux collections de se perdre.
Face à la modernité, la carte postale tente difficilement de résister. “On a tué le marché avec le téléphone et le prix des envois”, déplore Christian Deflandre. La carte postale, autrefois envoyée à un tarif réduit, coûte désormais aussi cher, voire plus, qu’une lettre. "Ce qui faisait son succès, c’était justement son tarif", regrette-t-il. Par conséquent les points de vente se raréfient, les gares et aéroports proposent désormais plus de cartes humoristiques ou d’anniversaire que de véritables cartes postales.
On a tué le marché avec le téléphone et le prix des envois
Cette évolution affecte particulièrement les jeunes générations, de moins en moins tournées vers l’écrit, et de plus en plus vers les technologies. “Si on perd le goût de la lecture, on perd celui de l’écriture et donc de la carte postale”, observe Christian Deflandre. “J’en achetais dans chaque ville où je passais. Je m’en servais comme d’un indice du prix local, un peu comme on le fait avec un hamburger d'une chaine de fast-food”, se souvient Jean Larour. Pour garder le souvenir de ses voyages, il les reconstituait aux travers de cartes postales, des habitudes aujourd’hui perdues.
Si on perd le goût de la lecture, on perd celui de l’écriture et donc de la carte postale
Certains ne veulent pas arrêter les cartes postales. “La carte postale dit : Je pense à toi, alors qu’un post numérique dit : Pense à moi", souligne Damien, un auditeur. Pour les cartophiles, envoyer une carte postale est un geste précieux, trouver la bonne carte pour la bonne personne, chercher une boîte aux lettres, prendre le temps d’écrire. “Une belle carte, c’est celle qui nous ramène à notre jeunesse, à nos souvenirs, à notre ville telle qu’elle était”, explique Christian Deflandre. La carte postale reste pour ceux qui la défendent un objet de mémoire autant qu’un objet d’émotion.
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
Intervenez en direct au 04 72 38 20 23, dans le groupe Facebook Je pense donc j'agis ou écrivez à direct@rcf.fr
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