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Intelligence artificielle : quand on ne croira plus à rien

Intelligence artificielle : quand on ne croira plus à rien

Un article rédigé par Julien Bal - le 18 juin 2025 - Modifié le 4 juillet 2025
L'actualité en débatIntelligence artificielle : quand on ne croira plus à rien

Que se passera-t-il quand nous ne croirons plus à la véracité des images que nous voyons, à cause de celles, ultra crédibles, que l’intelligence artificielle peut créer ? La suspicion permanente qui nous guette, c’est le thème de cet épisode du 16/17. Notre invité, Vincent Flibustier, est un expert en éducation aux médias. Il est également fournisseur de fake news à ses heures, via son site parodique Nord-Presse.

Vincent FlibustierVincent Flibustier

UNE LONGUEUR D’AVANCE

Un nouveau programme de cinéma instantané a été présenté début juin par le patron de Google, visiblement très fier. Ce programme d’intelligence artificielle (IA) s’appelle Veo 3, il permet de générer des vidéos d’un réalisme inédit sur base d’une simple phrase ou d’une image. Cette technologie fait dire n’importe quoi à n’importe qui, dans n’importe quelle circonstance et dans de nombreuses langues. Le rendu est crédible et le sera de plus en plus. 

Par quoi est-on gagné quand on découvre l’ampleur de cette avancée technologique ? Par un mélange de peur et de fascination, bien sûr. Par une impression d’accélération fulgurante dans ce domaine. Par un sentiment de fin de cycle pour l’art et la création. Mais surtout, par un sentiment de défiance vis-à-vis de toutes les images, animées ou non, que nous verrons à l’avenir. 

LA VÉRITÉ VIDÉE DE SON SENS

Cette défiance par défaut, le formateur Vincent Flibustier y réfléchit quotidiennement. D’une part parce que, dans le cadre des formations qu’il donne, il intervient en milieu carcéral pour préparer les détenus au monde numérique qui les attend : un monde complexe où ce qui brille n’est pas de l’or, où les arnaques sont de plus en plus sophistiquées et où le faux a ses droits. Il leur apprend à se méfier de ce qu’ils voient sur internet, en particulier sur les réseaux sociaux. 

Parallèlement, notre invité s’interroge : le pire danger n’est-il pas justement de tout remettre systématiquement en question sous prétexte que toute image, toute preuve historique, juridique ou journalistique pourrait éventuellement être générée par un programme d’IA ? N’est-on pas entré brusquement dans une ère de remise en question de tout où la notion de vérité serait devenue douteuse et abstraite. L’enthousiasme du patron de Google en présentant son dernier programme d’IA en dit long sur les profits qu’il pourra faire dans un monde où la notion de véracité sera définitivement battue en brèche. 

POKER MENTEUR

L’autre sujet abordé avec Vincent Flibustier, ce sont les fake news, ou fausse informations, ou informations trompeuses. Ce sujet est évidemment lié à l’essor de l’IA qui rend les arnaques et les truquages de plus en plus crédibles et raffinés. Dans une interview accordée à France 2 récemment, une petite phrase de notre invité aurait été coupée au montage : « le pouvoir peut lui aussi diffuser ses propres fake news ». Est-ce grave de le dire ? Est-ce faux de l’affirmer ? Pourquoi la chaîne de service public a-t-elle fait le choix de retirer ce passage ? 

Un cas au moins permet de démontrer que l’IA peut servir au pouvoir non pas de moyen, mais au moins de prétexte pour propager de fausses informations. Souvenez-vous, c’était  le dimanche 25 mai, à l'aéroport d'Hanoï, au Vietnam. Au sortir d’un avion qui venait d’atterrir, le président français Emmanuel Macron était poussé au visage, presque giflé, par sa femme Brigitte. 

LA FAUTE À L’IA

Dans un premier temps, interrogés sur cet événement, les services de communication de l’Élysée ont prétendu qu’il s’agissait de fausses images, crées via une IA et diffusées par un pays hostile. D’autres images fournies par une agence de presse ont permis de démontrer que la scène avait bien eu lieu. La présidence française a dû changer de version : il s’agissait en fait d’une chamaillerie de couple sans importance. 

N’est-il pas extrêmement grave d’utiliser de telles parades communicationnelles avec l’IA comme alibi ? C’est ajouter de la suspicion à la suspicion et du flou au flou. Elle a bon dos, l’IA, pour accuser les autres de mensonge tout en fabulant soi-même. L’IA est souvent un moyen pour duper, c’est évident, mais elle est aussi parfois un prétexte pour le faire. 

 

Julien Bal (X/@Chrom_MOSS)

 

L'édito de la rédaction de 1RCF BelgiqueLa vérité vous rendra libres. D'accord, mais qu'en penser à l'heure de l'IA ?
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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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