Fabriqué en France : l'entreprise Fontanille à l'Elysée
Entreprise emblématique du bassin du Puy-en-Velay, la Scop Fontanille représentera la Haute-Loire à l'occasion de la Grande Exposition du fabriqué en France. Une présence à l'Elysée qui permettra de dévoiler l'innovation Lace X développé par l'entreprise altiligérienne. Un procédé qui intéresse le monde du sport et le secteur médical et que présente Philippe Ribeyre sur RCF. Le PDG de Fontanille répond aux questions de Stéphane Longin pour RCF Haute-Loire.
Philippe Ribeyre, PDG de Fontanille Scop dans les studios de RCF Haute-LoireFontanille est connue pour son savoir-faire et son histoire autour du textile avec des épisodes parfois compliqués. Racontez-nous, en quelques mots, l’évolution de votre entreprise.
Fontanille est connue pour son savoir-faire et son histoire autour du textile avec des épisodes parfois compliqués. Racontez-nous en quelques mots l’évolution de votre entreprise.
On vient de la dentelle mais au fil du temps il a fallu se réinventer. Si on était resté exclusivement sur la dentelle on ne serait plus là. Mais ce savoir-faire fait partie de l'histoire de Fontanille comme le démontre le label EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant) et ça continue aujourd’hui à nous ouvrir quelques portes. Par exemple, ça nous permet de travailler avec les entreprises du luxe. Mais parallèlement à cela, on s’est spécialisé dans la dépose de silicone liquide et notamment sur les jarretières des bas de contention.
L’outil industriel et le savoir-faire ont été sauvegardés grâce à une reprise de l’entreprise par une partie des salariés sous la forme d’une SCOP. Aujourd’hui cette réussite démontre qu’ils avaient raison ?
Ce qu’il faut savoir c'est qu’avant de devenir une scop, en 2008 Fontanille fait le choix d'abandonner toute son activité lingerie qui n'était plus concurrentielle par rapport à l'Asie. On se lance alors sur le bas mode et plus particulièrement sur la jarretière du bas mode pour ensuite aller sur le secteur du médical. Là il y avait beaucoup de croissance et donc beaucoup d’espoir. Mais ce n’était pas suffisant et après plusieurs plans sociaux l’entreprise est placée en liquidation en 2012. Et là, on était un groupe de cadres à l'époque à avoir détecté les points faibles de l’entreprise et notamment des dépenses inutiles. On s'est dit qu’il y avait un vrai savoir-faire à sauvegarder et qu’il était possible de continuer l'aventure sous forme d’une Scop comme ça tout le monde était beaucoup plus impliqué.
Cette histoire a fait le tour de France avec des Ministres qui se sont déplacés car Fontanille était devenue une sorte de symbole de la place de l’industrie (textile) sur le territoire. Et finalement vous serez à l’Elysée ce week-end. Vous n’imaginiez pas cela à l’époque ?
Non c'est vrai, c'est une grande surprise même si quand on remplit un dossier en juin on le fait pour être sélectionné. Mais comme la réponse à été longue à venir et que nous avons été prévenu que mi-octobre, entre temps je pensais que c’était pas bon et j’avais perdu un petit peu espoir. Et puis finalement la nouvelle est tombée et c’est merveilleux pour l’entreprise et je suis fier de représenter Fontanille et tous les salariés qui sont engagés dans ce projet. Et tout le monde est fier d’être à l’Elysée !
"tout le monde est fier d'être à l'Elysée !"
Fontanille représente la Haute-Loire au côté de 122 autres entreprises françaises. Qu’est ce qui a fait la différence selon vous ?
On fabrique 6 millions de mètres de jarretière par an. Pour le médical où nous déposons une bande de silicone dessus. Mais nous avons aussi développé un nouveau procédé qui nous permet de déposer du silicone où nous le souhaitons. C’est le principe de l’induction placée qui nous permet de déposer du silicone sur des genouillères, sur des chaussettes sur des gants avec un intérêt pour le domaine du sport où ils recherchent pas mal de contention avec des points de contention très précis. On travaille aussi dans le médical et notamment avec les services des grands brûlés comme le centre Romans Ferrari qui utilise des points de compression ciblés utiles pour la cicatrisation des patients. Et jusqu’à aujourd’hui, malgré notre expérience et notre expertise nous n’étions pas encore capable de déposer un point de silicone à un endroit très précis. Avec ce nouveau procédé d’impression 3D on peut aller déposer le produit à des endroits clés.
C’est ce procédé que vous appelez Lace X ?
Oui c’est une technique qui est très complexe avec des machines qui sont nouvelles que nous devons apprendre à maîtriser pour devenir plus précis. Et demain nous envisageons de coupler le silicone avec des produits actifs qui permettront de favoriser la récupération des sportifs ou d'accélérer la cicatrisation de patients brulés. C’est un défi puisque nous devons apprendre encore et encore. Nous avons déjà montré des ébauches de ce qu’on est déjà capable de faire et ça commence à porter ses fruits.
Votre entreprise est donc à la fois actrice de la préservation d’un patrimoine ancien et engagée dans l’innovation. Comment conciliez vous ces deux piliers chez Fontanille ?
On a formé une équipe de 4 personnes avec des salariés de chez Fontanille parce que si on a 165 ans d’existence c’est qu’il y a de vraies forces vives en interne. Mais pour des projets comme celui-ci il faut aussi savoir s'entourer. J’ai donc engagé une personne qui habite en région parisienne qui a une expertise et un réseau et qui vient compléter nos forces. Et grâce à cela, en l’espace d’un an, on est arrivé à faire de très belles choses et on va continuer !
Comment va se passer cette exposition à l’Elysée ?
Dans un premier temps, la machine quitte aujourd'hui (mercredi) le Puy-en-Velay pour Paris. J'avoue que c’est un peu stressant. Elle doit arriver demain (jeudi) avec un rendez-vous devant le Palais de l'Élysée et on est tous accrédités avec nos noms et tout un aspect très protocolaire. Ensuite on installe la machine et vendredi il y a le vernissage en présence du président de la République. On sera 123 entreprises lauréates et le public pourra samedi et dimanche circuler dans l’Elysée et découvrir tous les savoir-faire des régions. Pendant ces deux jours, on va faire tourner la machine Lace X sur certains créneaux car on ne peut pas la laisser en route 24h/24h. Elle fait un peu de bruit avec un compresseur et ce ne sont pas les conditions idéales. On est quand même à l’Elysée !
"c'est aussi montrer qu'au Puy-en-Velay on est pas plus bête qu'ailleurs. On sait faire de belles choses"
Faire partie des entreprises sélectionnées pour la grande exposition du Fabriqué en France c’est une forme de reconnaissance mais aussi un encouragement pour l’avenir ?
Oui c’est aussi montrer qu’au Puy-en-Velay on est pas plus bête qu’ailleurs. On sait faire de belles choses et il y a ici de belles entreprises. Et Fontanille c’est l’innovation avec tout au long de la vie de l’entreprise une capacité à se réinventer. Je suis rentré chez Fontanille il y a 35 ans. Et si on a repris en 2012 c'est parce qu'on avait vu le potentiel de cette entreprise et qu’on avait déjà beaucoup de projets en route et qu’on a réussi à concrétiser par la suite. Ce projet (Lace X), c'était aussi quelque chose que j'avais en tête à l’époque. C’était un peu futuriste mais aujourd’hui on y est dedans et puis comme je dis aux salariés, si on y va pas d’autres vont y aller et après ce sera trop tard après donc il faut toujours être les premiers.
